Vacances en famille -37-

aile68

Charlotte, Germain et moi avons aidé à débarrasser une table bien chargée. Les desserts étaient délicieux, le gâteau au chocolat confectionné par Rose, de même que les chocolats et les bugnes de Maman. Moi qui n'aimait pas le Champagne, j'en ai bu une coupe entière, je suis un peu grise maintenant mais nous allons sortir pour nous dégourdir les jambes et digérer le repas. Pierre s'est mis devant la télé sans rien dire, il regarde "Les mystères de l'ouest", mon père va se reposer un peu, je ne sais pas exactement qui vient, c'est un peu joyeux désordre comme je voudrais qu'il y en ait chez moi. Germain rejoint sa mère dans la cuisine avec une bassine remplie de verres, et y reste un bon moment. Il ne va pas faire la vaisselle tout de même?! Quand je le vois revenir avec un grand sourire aux lèvres, j'ai l'impression qu'il veut m'annoncer quelque chose, bingo! ça ne loupe pas. Nous irons seuls au centre ville, reste à demander à mon père. Là mon ventre se noue bien sûr, et mon père qui est fatigué, accepte. Hourra! Nous prenons  un bus qui nous rapproche vite d'un centre ville magnifique, avec des maisons à colombages colorées et des édifices religieux extraordinaires, cathédrale, églises, basilique. Rien à voir avec Valence! Mon enthousiasme me fait presque oublier le froid. Je suis bien avec Germain rien que pour moi. Comme j'ai envie d'un café, il m'emmène dans un bar sympa fréquenté par des jeunes où l'on rencontre deux de ses amis. Je deviens rouge comme une pivoine bien sûr, Germain à l'aise comme d'habitude fait les présentations. Ils ont l'air sympa, je me déride vite, et nous restons ensemble un bon moment. Je devrais m'inquiéter de l'heure, mais je n'ai pas envie, je voudrais que le temps s'arrête pour l'éternité. Evidemment ça ne se passe pas comme ça. 16h déjà, va falloir rentrer vite. On dit salut en vitesse, attendons le bus un bon quart d'heure. Germain voit que je suis inquiète, il faut absolument que l'on arrive avant moins le quart car mon père aimerait bien partir vers 17h. Mon guide me rassure en me disant qu'en dix minutes nous serons arrivés à bon port. Finalement nous franchissons le seuil de la maison à 16h35, mon père et les parents de Germain discutent dans le salon en nous attendant. Les au revoir sont durs et pleins de chaleur, nous repartons avec un thermo de café bien fort, des sandwichs et des chocolats. Nous avons de quoi rouler une nuit entière! Non j'exagère.

17h15: mon père et moi sommes dans la voiture.

17h30: nous nous lançons à l'assaut de l'autoroute et je retiens mes larmes.

"C'était bien votre balade?"

Silence radio. Je m'aperçois que j'ai oublié mes gants. ça me fait pleurer direct!

"Oh qu'est-ce qu'il y a? T'es triste parce qu'on les a laissés?

- Non... J'ai oublié mes gants. Voilà un beau mensonge!

- Mais ça fait rien. Tu t'en achèteras d'autres.

- Oui...

- Allez sèche tes larmes. J'aime pas quand tu pleures. Et puis t'es grande non? C'est comme si t'avais seize ans aujourd'hui.

ça me fait sourire:

- T'es bête..."

Pour ceux qui ont oublié, ce voyage à Troyes, c'est pour mes seize ans que j'aurai en avril. Je me mouche et sèche mes larmes puis me mets à regarder l'autoroute.

" Tu veux que je mette la radio?

- Non pas maintenant. T'es gentille."

Le café que j'ai bu tout à l'heure me maintient bien éveillée. J'ai envie de parler mais mon père a peut-être envie de conduire tranquillement. Je ne peux pas m'empêcher de lui demander:

"Tu t'es bien reposé?

- Oui j'ai dormi dans la chambre de Germain!

- Ah ouais? Non! Tu me fais marcher.

- Je t'assure! Même qu'il a un poster de Police au-dessus de son lit.

- Ah bon, il aime Police? Je savais pas.

- Non, c'est pas vrai, j'ai dormi dans la chambre d'amis.

- Ah ah! Très drôle."

Puis je lui parle de ma balade dans le centre ville médiéval. J'ajoute qu'il a raté quelque chose. Là j'aimerais qu'il me dise que je pourrai revenir, mais je rêve. Il a de nouveau son air sérieux, il veut me dire quelque chose, je le sens.

"Tu sais les parents de Germain m'ont dit que tu pourrais revenir si ta mère et moi nous le souhaitions.

Je suis scotchée:

- Ah bon? Mais comment?

- ça s'organise, ça. On en reparlera."

Je crois rêver! Je n'ose demander si Germain pourrait venir chez nous pour les vacances de février. C'est déjà trop beau que je puisse retourner chez lui. Je ferme les yeux un moment pour rassembler mes esprits, et je dis:

"Merci Papa.

- De rien ma fille."

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