Variations sur la lune

Marine Février

Il chantait son amie la lune sur le sentier boisé. Bientôt une clairière, qu'il traversa jusqu'au vieux chêne où il se mit à grimper, grimper jusqu'à la cime au feuillage épais. Il s'assit près de son amie pour sentir sa rondeur douce et paisible l'emplir de tout son être. Le plafond noir brodé d'étoiles l'aspirait, le fascinait, le terrifiait comme une tempête marine immobile et silencieuse. Seule la lune le rassurait, lui tendait les bras. Il recula vivement – elle le trompait avec sa figure familière et sa proximité inaccessible – il bascula dans son élan et fit le cochon pendu. Tandis que son cœur palpitait, il redescendit pour continuer sa route. Il alluma une cigarette dont la fraise orange vif et fumante se noyait étrangement dans l'atmosphère humide et bleutée du règne de la nuit, avant de s'éteindre quelques minutes plus tard. Il passa par une prairie peuplée d'herbes dansantes où siégeaient deux hautes pierres couvertes de mousse. En bas un ruisseau serpentait entre les collines. Il atteignit un petit pont de bois qu'il franchit, il fronça les sourcils, recula et s'appuya sur la rambarde pour observer l'eau qui coulait vers lui. Il songea aux truites sauvages un instant, puis à la lune voilée par un nuage, mais dont la clarté traçait le contour net. Il reprit sa promenade en longeant le cours d'eau vers sa source. Plus loin, point de source mais un lac bordé d'orties et de roseaux, de chênes et de saules pleureurs. Son amie faisait miroiter ses mille visages sur la surface, ornant l'étendue comme pour révéler la finesse de ses traits.

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