VICTOR ET LA VICTOIRE, VICTOR ET LA DEFAITE

René Kalfon

J'entre à la maison l'autre soir, j'avais bu un peu de vin, ça, c'est une vieille chanson. J'entre à la maison hier soir, ça, c'est une jeune réalité. Je dis au jeune Victor, presque dix ans : « On a perdu ». Et Victor me répond : « Mais qu'est-ce que ça peut faire qu'on ait perdu ? » Et il s'explique, Victor. Il dit : « Avoir perdu, ça nous fait quoi en moins ? » Il dit encore : « Si on avait gagné, qu'est-ce qu'on aurait en plus ? »

Je lui réponds alors : « La joie de la victoire, Victor. La joie d'avoir gagné. » N'étant guère convaincu d'avoir gagné l'enfant à mon point de vue, j'ajoute : « Et la tristesse d'avoir perdu. » Mais j'ai déjà perdu l'espoir de lui avoir donné le goût de la victoire, et le dégoût de la défaite, en fait.

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