Victor VS Bernie

Que ce passe-t-il lorsque deux assassins, avec un fort désir de tuer, se retrouvent ensemble? Dans la même pièce? Cela semble illogique mais en voici l'histoire.

Victor a déjà été vendeur. Un simple vendeur de chaussures au centre d'un grand magasin à rayons tellement insignifiant qu'il en a oublié le nom! Ce qu'il n'a pas oublié par contre c'est comment aborder les clients et les pousser à l'achat. Tout simple: premièrement, se présenter et être courtois. Deuxièmement, sembler remuer ciel et terre pour eux de sorte qu'ils culpabilisent de ne rien acheter et, dernière règle, ne pas les lâcher d'une semelle. C'est cette dernière la plus primordiale! Certains deviennent rouge, d'autres suent à grosses gouttes n'osant pas dire de commentaires négatifs sur les produits devant le vendeur mais ils s'empressent tous, ou du moins la plupart, à sortir leur porte-feuille. 

Méthode toujours pratique lorsqu'on est tueur en série. Un tueur déguisé en “vendeur du dimanche”! Ils n'y voient que du feu! Une présentation dynamique, un regard sympathique et la tirade parfaite: “J'ai décoté des offres du tonnerre pour vous! Des aubaines! Ce serait triste d'avoir effectué tout ce travail pour rien n'est-ce pas? Cela ne prendra que quelques minutes de votre temps. J'y ai mis tout mon coeur, vous savez?” Et hop! Salon, tasses de thé, biscuits, menaces, porte-feuille, sang et compagnie. On déguise le tout en fausse chute dans l'escalier ou un malheureux accident dans la baignoire. La routine quoi! 

Aujourd'hui ne fait pas exception à Victor. En moyenne 3 clients par semaine lui suffisent. Il ne lui en manque qu'un pour cette semaine. Il recolle sa fausse moustache (car oui, les déguisements sont nombreux et à ne pas négliger dans sa profession) et cogne à la porte d'une petite maison au toit vert.

Ce que Victor ignore c'est que celle-ci est l'antre de nul autre que Bernie, connu sous le nom de “Charmant Bernie”. Voyez-vous, dû à une trop forte consommation de stupéfiants, Bernie est resté coincé à l'âge de 14 ans. Du moins, son cerveau car son corps est celui d'un armoire à glace. Bernie habite seul malgré tout, aucune fille ne lui tourne autour dû à sa déficience. Il occupe un poste de réceptionniste téléphonique pour une Cybercompagnie. Ce que tout le monde ignore c'est que “Charmant Bernie” est également tueur en série. Il tue seulement les vendeurs aux portes à portes qui s'offrent à lui. Par paresse seulement car Bernie a horreur de sortir et ces petits emmerdeurs sont des proies faciles. Bernie détestent les vendeurs, son travail l'obligeant à communiquer avec eux la majorité du temps. Il grince des dents, tique de l'oeil droit et s'imagine les étrangler des bonnes centaines de fois. Hier a été pour lui une journée des plus éprouvante: un vendeur l'a tenu en grippe plus de 45 minutes, donc plus que les 20 minutes obligatoires tolérées par Bernie.

C'est donc un Bernie bouillonnant qui ouvre la porte à un Victor bombant le torse. Tout deux flairant une victime potentielle chez l'autre, ils se serrent rapidement la main et passent tout de suite au salon. Victor n'a même pas eu besoin de terminer sa tirade habituellement obligatoire. Trop facile, songe-t-il. Bernie, quant à lui, ne comprends toujours pas comment font ces imbéciles pour entrer chez des inconnus et se croire en sécurité. Quel cons vraiment!

Victor ouvre sa valise et commence lentement à sortir son matériel de vente. Bernie, pour sa part, se trouve une excuse pour se rendre à la cuisine (chercher une boisson) et s'empare rapidement d'un couteau de cuisine qu'il cache entre son pantalon et une de ses chaussettes. Il prends bien évidemment une verre d'eau. Lorsqu'il revient au salon, il a à peine le temps de s'assoir et de le déposer sur sa table basse que Victor en demande un verre pour lui-même. “Ça a été une longue journée pour moi, vous savez”. Mécontent de se relever, Bernie s'exécute malgré tout. S'encourageant de ce qui ce produira par la suite, et repart à la cuisine. 

Victor le regarde s'éloigner un moment et passe à l'action. Il sort de la poche intérieure de sa veste un flacon à médicaments. Celui-ci contient un dangereux mélange de pilules écrasées qu'il dissout en quelques brassées légères dans l'eau de Bernie. Au moment où Bernie revient, Victor est en train de fermer d'un coup sec sa valise. Ce dernier s'approche à grandes enjambées vers Bernie et lui prends d'un geste rapide le verre d'eau des mains, ne laissant d'autre choix à Bernie que le mélange maudit. Victor lève son verre. “Je crois qu'aujourd'hui sera un grand jour pour nous deux cher ami! Buvons et commençons voulez-vous bien? À la vôtre!” Victor boit son verre d'un trait, imiter par Bernie.

Victor a raison de dire que ce sera un grand jour pour eux deux car on retrouvera leurs corps au même endroit que deux jours plus tard dans la plus grande incompréhension de tous…. car après tout, il ne se connaissent même pas non?