Ville cimetière, samedi matin

poulpita

Un samedi matin à Saint Pierre (Mars).

Allées serpents. Un chat traverse. Les anges de pierre se tiennent le front. Un pot est tombé à la renverse, aidé par le vent et poussé par le désespoir des lieux. Les couronnes. Les plaques. Les familles qui aimaient tant. Les amis qui pensent si fort. La ville des tombes. Sa flore. Les roses et les violettes de porcelaine, aux rainures crasses, insensibles aux saisons.

Le lieu des cérémonies. Funerarium, crematorium, on a perdu son résidu de latin. Convois sombres, traine noire, foule flottante. Troupeaux de famille et d'amis proches. Façon mariage, en négatif. Les Lambardis ? appelle-t-on. Non, c'est pas nous. Puis vient notre tour. Coupant court aux flottements. Les larmes, la retenue, tout échappe. L'hommage aux disparus. Le frisson qui ravage au passage des familles. On est là, à portée de main. A des kilomètres de leur peine. Inconsolables, ensemble. Démunis, sans prise sur le chagrin, le soulagement.

Le temps des cerises. Plusieurs fois. Gai et triste. Puis triste et triste. La séparation, répétè-t-on en boucle. La séparation... Le range serré et chaud devant le cercueil. Cimenté. Uni. La main d'un fils sur la joue d'un père. Le regard absent, pour les derniers instants. On se serre sur le cœur.

On est là. Ensemble. Maintenant.

On sera là. Après. Aussi.


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