Vous comprenez?
moujik
Comment peut-on imaginer?
Comment peut-on croire un jour?
Comment ne pas laisser tomber tout travail, toute tâche devant cette évidence?
Comment peut-on poinçonner, pointer, alors qu'il y a des sourires?
Comment sourire alors qu'on pointe? Que l'on contrôle?
Comment certifier sans froncer les sourcils?
Comment rire en ordonnant?
Où se cache encore la vie libre, la vie d'âme, les souffles?
Quelle place pour les frissons?
La vie serait-elle une abeille, une espèce en voie d'extinction?
Qu'avons-nous donc fait, contruit, bati, si bien ordonné pour être aussi tristes, grincheux, si peu jouisseurs?
Si peureux? Peu heureux?
Nous ne nous parlons plus. Non, ce n'est plus possible. Cela nous agresse. Nous terrifie. Nous bloque. Nous fige. Nous nous croisons. Nous nous heurtons dans des couloirs surpeuplés pour rentrer hâtivement chez nous à la recherche de l'autre sur la toile, de cet autre que nous avons essayé à tout prix d'éviter, et que nous cherchons ensuite des heures et des heures, jusqu'à en avoir les yeux rougis.
C'est si absurde! C'est drôle à pleurer... Alors voilà mes amis, j'ai envie de vous parler, de vous embrasser, de vous dire à quel point je vous aime, de vous dire à quel point je hais d'essayer de paraître devant vous. C'est d'une naiveté... Je sais. Je m'en fous. Je suis à vous, je suis vous, sauvez-moi, sauvez-vous, vous êtes ma vie, parlons-nous, arrêtons de courir là où il n'y a rien. Là-bas, il n'y a rien. Rien. Tout est ici. Là. Maintenant. Demain il n'y a rien. Rapprochons-nous. Faites un pas. Asseyons-nous et racontez moi une histoire d'or ou de malheur, parlez-moi de vos pères, de vos soeurs, de vos joies, de vos malheurs, parlons tout bas cette nuit, chuchotons, rions, buvons, et demain, demain nous leur dirons, nous leur expliquerons que la vie est là, tout proche, à portée de main. Il ne faut pas laisser passer cette chance, non, ne pas laisser passer cette personne dans la rue, ce bonheur, ce malheur, cette indifférence. Arrêtons-nous. Arrêtez-vous. Parlons-nous. Je vous en prie. Je vous en supplie. Vous comprenez? Vous comprenez?
Un beau texte à lire à beaucoup de gens...Obrigado Moujik!
· Il y a plus de 14 ans ·Jaime De Sousa
la toile ne porte que des traces,
· Il y a plus de 14 ans ·nos trop-pleins non déliés,
nous sommes aphones
la toile comme un oeil sans regard
merci moujik
ristretto