Vous, moi, nous

Certains s'indignent du mouvement #JeSuisCharlie qui s'est diffusé en masse depuis l'attentat qui a eu lieu à Charlie Hebdo. Je ne le comprends pas. Parce que je suis Charlie. Je suis Charlie parce qu'en tuant ces douze personnes, on a tué une partie de moi, une partie de chacun de nous. Nous sommes peut-être encore vivants, mais cela ne nous dispense pas d'être Charlie, tous autant que nous sommes, nous citoyens français. Parce que si nous sommes physiquement en vie, une partie de notre esprit vient d'être assassinée : celle de la sécurité, celle de la légitimité de notre liberté d'expression.

Je suis Charlie car j'écris et c'est mon droit. Pourtant aujourd'hui je le ressens comme un devoir. Je n'ai peut-être pas autant de courage que ces dessinateurs qui, malgré les menaces qui pesaient sur eux, ont continué à exercer leur métier, ni la même bravoure que les deux policiers qui se sont interposés et ont perdu la vie. Mais j'ai le courage de me relever de ce coup terrible porté à la République et de lever mon stylo contre la Liberté. Je suis Charlie car mes larmes sont celles de la France, ma peur est notre peur à tous.

Je suis Charlie car cette attaque a peut-être tué ces douze personnes, mais elle visait bien plus grand, elle visait directement les principes fondamentaux de notre Constitution. Notre Constitution qui nous confère des droits que nous prenons pour acquis. Et nous avons eu la preuve que ce n'est pas le cas. Ces personnes assassinées se battaient contre des pressions qui les poussaient à arrêter leur action. Mais ils n'ont pas renoncé. Tout comme je ne renoncerai pas. Je suis Charlie car je refuse de me laisser abattre par des fanatiques et de les laisser gagner.

Le mouvement #JeSuisCharlie a créé une immense solidarité patriotique dans la France, et même dans le monde entier. Je suis fière d'être Charlie pour cela. Parce que cela me redonne la foi en nous, en l'être humain et c'est exactement ce dont j'ai besoin, ce dont nous avons tous besoin aujourd'hui pour faire face à cet évènement. Je n'oublie pas non plus la policière municipale stagiaire qui est aussi décédée le lendemain, assassiné par un autre tueur.

Je suis Charlie pour toutes ces raisons. Alors pourquoi ne pourriez-vous pas vous aussi être Charlie ?