Vous sentez rudement bon

scribleruss

Suite des extraits du " Journal d'une femme de chambre " d'Octave Mirbeau.

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Vous sentez rudement bon !

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   -   Sapristi ! Célestine ... Vous sentez rudement bon ...

   -   Moi, monsieur ? ....

       Monsieur n'est rien dans la maison, c'est Madame qui est tout. Ah ! il ne doit pas rire tous les jours, le pauvre homme ... Sûrement, il en voit, il en entend, il en subit de toutes les sortes...

  Au dessert, Madame, qui durant le repas n'avait cessé de renifler mes mains, mes bras, mon corsage, a dit d'une voix nette tranchante :

   -   Je n'aime pas qu'on se mette des parfums ...

   Comme je ne répondais pas, faisant semblant d'ignorer que cette phrase s'adressait à moi 

   -   Vous entendez Célestine ?

   -   Bien Madame.

      Alors, j'ai regardé, à la dérobée, le pauvre monsieur qui les aime, lui, les parfums, ou du moins, qui aime mon parfum.

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Extrait du " Journal d'une femme de chambre " d'Octave Mirbeau. - 1900 -

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