Voyage au coeur de la plume

julia-caro

Voyage au cœur de la plume.

J’écris.  Les mots s’alignent. Fluides, ils coulent de source.  Mon esprit s’anime du souffle de  cette étincelle de vie créative qui envahit mon cerveau, inonde mon corps,  le réchauffe de cette flamme de désir ardent de voir un jour, ces lignes, mes lignes,  dépassées  mon univers et faire ainsi partie de l’autre, celui du mystère du plaisir partagé  entre l’auteur et le lecteur, celui du choix fait par un public complice.

Certes, je peux paraître  quelque peu egocentrique, car oui, je l’avoue, l’espoir monte en moi, l’envie d’y croire, plus encore. L’envie de gloire anime le plaisir d’écrire. Parfois, le dépasse même.

Mais, c’est sans compter sur le pouvoir de la force des mots qui devient magique sous l’emprise de l’exaltation d’écrire.  Une magie qui ébranle mon propre entendement. Je ne suis plus moi, je suis ce que j’écris. Je suis là où la pensée me mène. Je vis cette autre vie,  celle de la féerie des mots, celle d’un esprit libéré et libre qui donne cours à son récit qui s’emballe. Je jongle avec les lettres pour plonger dans l’immensité des mots. Je les contemple, je les touche, je les caresse, je les déguste. Certains me semblent amer, d’autres doux. Mes sens s’exaltent, je jubile.  Ces mots, mes mots  construisent des phrases qui me mènent jusqu’à l’infini ; là, où l’esprit se sent léger, prêt à tout enchaîner pour donner un sens, pour bâtir une histoire. Pour transmettre à cet être naissant, le premier souffle de vie, alimenté par le talent créatif et agrémenté par l’imagination du lecteur.

Maître tout puissant je me crois de mon récit, de mon public, de cette histoire qui germe en mon esprit, puis un beau jour, surgit comme une évidence. Et, c’est là que commence l’aventure d’écrire encore et encore, car à chaque fois c’est un renouveau, un nouveau récit, une nouvelle envie.

Tout semble si beau. Mais avant que de voir le jour, la gestation n’est pas de tout repos. A ces moments de plaisir d’écrire, s’ajoutent des moments obscurs où je deviens victime de solitude, et m’efface devant le maudit pouvoir de la feuille immaculée que ma plume ne peut impressionner. Je suis sans encre, sans substance.  Je suis en manque de d’idées, les mots se font rares ou pire encore ne viennent pas. Le doute, dans ma vie, fait son entrée. Il me tiraille, m’angoisse, me fait peur. L’infini n’existe plus.  Le présent me hante le jour, la nuit ne me laisse guère de répit. Impuissant, fatigué, je suis sur le point d’abdiquer. Puis, ça se passe. Viennent des moments, comme des flashes où tout se construit dans ma tête mais le corps ne suit pas. Plus son besoin de repos est fort, plus les pensées sont là toutes fraîches en attente immédiate d’être versées. C’est une lutte entre le corps et l’esprit. Le matin, le corps se réveille et c’est là que l’esprit s’est mis en veille. Je me sens dépassé, au bout du rouleau.

Et, bien oui, écrire, c’est aussi cette autre vie. Serait-ce l’ombre d’un nuage de plainte. Eh bien non !  Détrompez-vous, car pour moi, la liberté de l’esprit n’a pas de prix.

Le pouvoir de l’écriture nous révèle tel que nous sommes : un être avec ses joies, ses moments de doute, ses faiblesses et la force d’y croire toujours et encore.

Pour l’instant, tout du moins,  c’est ce que je crois. Je dirige mon propre orchestre, avec certes de belles dissonances. Nous sommes encore en pleine répétition, il faut encore affûter les mots de-ci, de-là.  Mais, la réalité peu à peu m’éloigne de la fiction et là je découvre tout un autre univers celui de l’éditeur. A présent, je ne suis plus le seul maître à bord comme l’exaltation créative m’y a fait croire. Je me noie maintenant dans l’angoisse du jugement de l’autre. Celui qui peut tout faire basculer, celui qui me ramène à la réalité, celui qui est là pour donner son verdict, qui peut, de par son pouvoir de sanction porter le coup de grâce et m’anéantir ou au contraire exalter tous mes sens, allumer la flamme de l’espoir étouffée depuis le jour où l’éditeur a pausé son regard sur mes mots.

Car, en effet, il ne faut pas oublier le but final, c’est de plaire. Séduire, donner envie de lire, faire surgir la flamme de l’imaginaire du lecteur et l’inviter au voyage, à une expérience unique, à un moment de partage.

L’écrivain, c’est, cet être qui souffle  du rêve, du mystère dans notre existence, qui fait  grandir l’imagination de ces grands enfants que nous sommes enchaînés le plus souvent à notre propre vie.

This is I want to be but is not easy.

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