Dire les maux et maudire les mots dits
math
Etre est plus indispensable qu’avoir. Le rêve c’est d’avoir de quoi être. – Frédéric Dard
Je l’ai compris lorsque je ne faisais plus qu’y penser. Au début, on considère cette idée comme une ébauche utopique de ce qui pourrait être un futur envisageable. A la fin, la spirale outrageuse de l’ambition donne tellement le tournis, que l’estomac dans mes Louboutins, je m’en remets au bon vouloir des yeux qui me liront.
J’écrivais pour moi, comme à la recherche d’une rédemption non assumée de mon esprit. La feuille et sa virginité taquine m’ont toujours attirée, et sans arrêt un stylo venait caracoler entre mes doigts. J’en perds mon poignet, me fracture presque l’avant-bras, j’écris. Tout ce qui n’arrive pas à trouver de place dans ma tête est immédiatement sacrifié sur l’autel de ma calligraphie, désormais devenu mon purgatoire.
N’étant que partiellement dérangée, ou du moins je l’espère, je suis vite venue à bout de mes interrogations personnelles, bien que certaines subsistent. Comme une envie de chocolat alors que ton nouveau pote Dukan veut te faire ingérer des steaks hachés à chaque repas, l’envie d’écrire est incontrôlable. Avant de convoquer Freud, je laisse le MOI égocentrique et narcissique être fustigé par mon imagination inébranlable. Entre fiction et réalité, viennent se mélanger empirisme et fantasmes inavoués.
Soudain, la faille. Je suis ma propre victime, je succombe au délire psychotique. J’ai envie de partager, mais je ne m’assume pas ; le jugement des autres, même de mes proches, me meurtrit. L’envie se transforme en un tourbillon incontrôlable, laissant place à la passion ; il faut que je montre sans me montrer : je deviens la George Sand 2.0, et réquisitionne la blogosphère pour m’épancher, un stupide pseudonyme en guise d’anonymat.
Je suis un wannabe wannabe, je veux devenir CETTE personne qui veut être CET écrivain. Rien n’est sûr désormais, toute ambition se fait et se défait au rythme des billets postés. Avoir tout sans rien avoir. L’illustration parfaite de l’expression « avoir le cul entre deux chaises ». En plus, les miennes sont à roulettes.
Mais le blog ne suffit plus. Insatiable je suis. Il me faut plus, plus grand, plus vite. Je suis prête à officialiser. Mes envies trop longtemps refoulées, bien que galvaudées de doutes, me dominent ; je m’embarque à corps perdu dans l’écriture, la vraie.
La faille bis. Syndrome de la feuille blanche : doigts frêles sur le clavier, augmentation de la pression artérielle, teint blanchâtre, hyperventilation, les syndromes d’un wannabe qui veut saisir sa chance. Je semble être condamnée, le mal paraît incurable, les éditeurs ne me donnent plus longtemps, mon ultimatum sera le 30 octobre. Après cela, le diagnostic se portera très certainement sur un autre patient 0.
De longs mois de chimères spirituelles, un ulcère et un calendrier qui me rappelait chaque matin l’échéance, m’ont permis d’accoucher de ce géant de papier. Loin de moi l’idée de vous offrir une allégorie de l’apprenti écrivain tourmenté, mais taire ma quasi-noyade dans cette piscine de paralysie littéraire reviendrait à aller barboter dans le pédiluve du fallacieux.
Ce que j’appelais brouillon, devint un assemblage de nouvelles et se transforme bientôt en manuscrit. Mon imprimante vomit 30 pages à la minute, assise sur mon lit je contemple la scène. Je crois entendre les cris de souffrance de la ramette de papier victime de l’hérésie d’un prétendant-écrivain. Il faut que ça marche, sinon tous ces arbres seront morts pour rien.
322. Autant de pages que sera obligé de lire un éditeur innocent qui pensait que sa semaine se déroulerait mieux. Selon l’égoïsme profond du wannabe, je suis dans mon droit. Je m’en remets donc à la compétence des fonctionnaires aux vélos jaunes. J’emballe ledit manuscrit comme le ferait un dealer avec cinq kilos de cocaïne. Commence alors la longue marche vers le bureau de poste. Chaque pas fait que je me rapproche de ce vers pourquoi j’ai toujours vécu. Il y a 5 minutes encore, j’étais une guerrière qui déchirait ce ruban adhésif marron avec ses dents, maintenant je suis recroquevillée sur moi-même, longeant un caniveau.
« Votre colis est-il de valeur ? ». Elle est gentille cette femme. Cet amas de papier représente 8 putains mois de travail, d’abandons successifs temporisés par des regains d’espoirs et des excès de motivation. C’est peut-être la seule chose que j’ai entreprise dans ma vie qui puisse témoigner du meilleur comme du pire de ma personne. La plus grande introspection de la génération Pikachu. La consécration de la remise en question. « Non, aucune valeur ». Je prends quand même tous les suivis possibles, je me demande si je peux payer un mec pour qu’il coure derrière mon colis jusqu’à ce qu’il arrive à bon port. Cette histoire me coûte un bras, rude épreuve pour lui que cette aventure.
Vautrée dans mon canapé, prisonnière de ma léthargie, je réalise calmement ce que je viens de faire, comme un tueur fou qui envisage les conséquences de ses actes. Les miens ne me mèneront qu’à deux choses. S’en suit le harcèlement pur et simple de ma boite aux lettres. Rien ne vient. Trois semaines plus tard, j’en viens à espérer de recevoir ne serait ce qu’un « va chier ».
Je boude l’écriture, je n’écris même plus ma liste de courses, je suis obligée de me rendre au supermarché quatre fois par semaine, car j’oublie constamment quelque chose. Ma vie se transforme en un enfer où le suspens dure trop, et l’action se déroule entre le rayon du chocolat et celui des plats préparés.
4 kilos et un mois et demi plus tard, mon téléphone sonne. Une voix rauque m’explique que mes mots sont hilarants, et mes maux encore plus. Je n’arrive pas à saisir si cette conversation est positive. Je bloque, je n’entends plus que des bribes : « …entretien… éditer… nouvelle collection… photo… conférence… couscous ». QUOI ? « Je disais qu’on pourrait faire une conférence, cela vous donnerait un coup de pouce et on prendrait quelques photos ».
Bordel, j’ai quatre kilos à perdre !
Bon après avoir harcelé de mails toute personne ayant un lien avec WLW j'ai pu envoyer directement ma nouvelle par mail à un admin du site. Ils sont donc au courant du bug et vont essayer de réparer tout ça. En tout cas il ne faut pas hésiter à envoyer des mails !
· Il y a plus de 12 ans ·math
je ferai de même ! Bravo !
· Il y a plus de 12 ans ·janteloven-stephane-joye
tres sympa! des qu'il apparait je vais voter
· Il y a plus de 12 ans ·Sweety
Merci pour vos avis très positifs ! Mais je n'arrive toujours pas à publier mon texte pour le concours... Je suis un peu frustrée !
· Il y a plus de 12 ans ·math
je me reconnais bien dans tous ces symptomes.....bravo "docteur es lettres"...vous m'avez refolé votre virus......l'Hauboit
· Il y a plus de 12 ans ·lhauboit
J'ai envoyé un mail aussi ce matin, toujours pas de réponse...
· Il y a plus de 12 ans ·Le concours se termine demain et j'ai vraiment envie de participer, en attendant je continue de poster mon texte. Si j'ai une réponse je te tiens au courant.
J'ai lu ton texte et j'ai voté. Vraiment génial, j'ai adoré !!!
math
J'espère que je suis dans les 4 textes ;) ah ah ! Super texte Mathilde ! Pour ton soucis de "postage" pour le concours, j'ai le même problème avec Transfuge depuis hier soir, je leur ai écris, j'attends leur réponse...
· Il y a plus de 12 ans ·la-mangeuse-de-mots
Oui j'ai lu ta version, intéressant comme point de vue avec un arrière goût caustique, sympa comme contribution ;)
· Il y a plus de 12 ans ·Et sinon depuis hier je fais exactement ce que tu me dis, à chaque fois la page se charge avec la phrase "votre participation a été créée avec succès" mais on ne me voit toujours pas dans les participants du concours.
math
Merci beaucoup :) J'essaye désespérément de poster mon texte mais il n’apparaît pas sur la page du concours...
· Il y a plus de 12 ans ·En attendant je vais lire cette fameuse contribution !
math