Vraies couleurs.
odeanox
J'ai un vrai problème d'appréhension des codes sociaux. C'est mon côté "aspie" - je ne me suis jamais fait diagnostiquer mais je me demande si, parce que ça prend de telles proportions, c'est fort possible. Je parle trop fort et trop vite, et toujours quand il ne faut pas. Je déboule quand il faudrait rester discrète, je hurle quand le calme est de mise, je cours dans tous les sens, je prends de la place, j'arrive au milieu des conversations pour parler d'un truc qui n'a rien à voir, en plein milieu de mon monologue personnel, ce qui fait que personne ne comprend grand chose de mes babillages, je ne comprends pas grand chose aux blagues avec du second degré, je pète des câbles pour des conneries. Bref, je suis insortable. J'ai fait des efforts depuis que je suis petite, parce que quand j'étais petite je pense que j'étais, purement et simplement, asociale. Quelque part c'est toujours le cas. Simplement, j'ai fini par acquérir quelques codes, mais au prix d'une énergie qui me laisse pantoise à la fin - je suis souvent épuisée. De façon générale, être en société m'épuise. Aller en soirée finit toujours en drame, je m'enfuis, personne ne comprend rien, les gens sont vexés, voire choqués, voire ne me parlent plus, voire s'imaginent que je cherche délibérément à faire n'importe quoi. Alors que je ne contrôle rien, je te jure c'est vrai, j'essaie mais c'est la catastrophe, je suis toujours à côté, de travers, à chaque fois.
Je ne sais gérer ni mes émotions, ni mes rapports à autrui. Je suis tantôt trop présente, trop énervée, trop colérique, trop émotive, trop accrochée, trop envahissante, mais aussi, parfois, trop renfermée, trop froide, trop sèche, bref, jamais dans la mesure. C'est épuisant, ça m'épuise moi car je vois bien que ça pose problème, ça épuise les autres, nous finissons tou-te-s par nous écrouler chacun-e de notre côté sur notre oreiller pas très happy happy de la situation.
Il paraît qu'il y a des êtres qui m'aiment comme ça. Je crois aussi qu'il y en a d'autres qui m'aiment, mais qui ne comprennent pas cet aspect, qui les irrite et les pousse à se poser des questions - mais pourquoi t'agis comme ça ? Il va falloir t'y faire. La société, c'est comme ça - ou alors, file t'enterrer dans un trou. T'as pas le choix.
En ce moment, je suis en petits morceaux, tout à l'intérieur. Parce que depuis quinze jours j'enchaine les bévues sociales. J'ai parlé tout fort alors qu'il fallait se taire. Je me suis enfuie alors qu'il fallait rester. J'ai dragué alors que le bon ton dictait de rester amicale. J'ai fermé la porte au lieu de dire au revoir. J'ai boudé quand il aurait fallu sourire. J'ai pleuré quand il aurait fallu rester forte. J'ai lâché prise alors qu'on avait besoin de moi. J'énerve alors que, ou plutôt parce que je n'ai de cesse d'être désolée pour toutes mes conneries. Je suis pleurnicharde, je suis faible, je suis lâche, je n'ai plus d'énergie, je suis vidée - je me mets la pression pour remonter la pente et ça marche d'autant moins. J'ai envie de mourir alors que somme toute je n'ai aucune raison sérieuse pour.
Mon psy me dit qu'il faut lâcher prise. Ma meilleure amie me dit que c'est bien les larmes. Mon autre meilleure amie essaie de me secouer en me vantant mes qualités - elle me fait du mal mais je sais qu'elle a raison, mais bordel t'imagines pas à quel point tu me fais mal, à quel point tu touches à la chair la plus sensible, je sais que tu veux bien faire mais ça me fout encore et encore des tartes dans la figure (ça tombe bien, le réel c'est quand on se cogne). Je suis entourée, malgré ça j'ai encore envie de me bourrer la gueule pour oublier.
Pourtant j'essaie. J'ai arrêté de fumer, et le café et le coca. Tous les jours je fais du yoga et de la méditation, qui me dit qu'il faut accepter les côtés noirs en soi, qu'il suffit de les aimer (autant dire que ça bloque, mais vraiment, j'en suis incapable). Je réussis petit à petit à considérer la danse comme un vrai travail et non plus comme une source de chouinage sur mes progrès lilliputiens. Ça m'aide, mais ce n'est pas assez. Il faudrait être plus forte, aller plus vite, sortir du marasme de mes problèmes sociaux, de mes débordements émotionnels et de mes dépendances affectives. C'est tellement lent. Je suis fatiguée, Patron je suis tellement fatiguée je voudrais dormir maintenant.
Il faudrait que j'arrête de me mettre la pression.
Que je m'accepte comme je suis - mal fagotée, trop émotive, l'humeur en dents de scie, les codes sociaux en pagaille, cassée, hirsute, violente, zinzin. Je te jure, j'essaie de faire tous les efforts du monde là dessus, ça passe pas. La dame demande d'injecter de l'amour en soi, et crois-moi que j'ai beau pleurer, ça veut pas nettoyer toute la crasse et dézinguer la méchante voix qui m'empêche de m'aimer moi.
Je n'ai de cesse de me juger. La voix est si sévère elle en est destructrice. Tous les trois mois je pleure en boucle. Et puis après ça va - du moins en surface, à l'intérieur les morceaux veulent pas se recoller, je me demande si un jour d'ailleurs ils l'ont été.
Il faudrait parvenir à aimer ça, le fait que je suis une mosaïque, que finalement c'est pas du Van Gogh mais un truc à Pompéi, que finalement oui, ma façon d'être est aussi une œuvre d'art, un papillon avec plein de couleurs, un soleil qui se lève malgré la pluie, un sourire au milieu des colères. Que c'est comme ça, que Dieu m'a filé ce paquet au début du jeu et qu'il va falloir que je fasse avec. Parce que même si je me pose la question, avoir envie de mourir, c'est une illusion pour me dire qu'en fait, je voudrais être autre, mais en fait, eh bien, c'est impossible.
Donc il va falloir respirer. Accepter le miroir brisé. Et faire comme en danse, constater qu'un instant de danse concentre à la fois les aspects les plus sublimes - l'art - et les plus horribles - l'imperfection, l'extrême sévérité - de la vie. Parce que moi aussi, à l'intérieur, c'est sublime et c'est horrible. Je crois que c'est comme ça. Je crois que la vie, dans son ensemble, dans chaque chose, dans mon chat, dans les sourires, dans mes meilleures amies, dans les fleurs, dans le soleil, dans l'alcool, dans la fumée, et même dans ces foutus codes sociaux, la vie, c'est ça. Et finalement, la vie, elle est en moi.
Elle me parle totalement cette chronique et me rappelle tant de souvenirs! Le problème en société des H.P est qu'ils/elles captent les émotions des autres sans s'en apercevoir et réagissent en conséquences comme des catalyseurs, sans pouvoir maitriser grand chose du coup. Une des solutions que j'ai trouvée consiste à se demander - en faisant un effort conscient- si l'émotion qui fait réagir de façon inadaptée est vraiment à soi...ou à une personne de l'assistance. La plupart du temps les H.P parlent, agissent à la place d'autres dans l'environnement, qui eux tentent de cacher à tout prix leurs émotions, leurs angoisses, leurs mal être, de taire ce qu'ils pensent... L'H.P en société choppe tout, ce qui lui fait beaucoup trop de ressentis qui ne lui appartiennent pas à gérer simultanément. Alors forcément, vient un moment où pour se libérer de cette emprise énergétique souvent négative, il n'a pas d'autre choix que d'exploser, pleurer, rire nerveusement, se replier, fuir...Autre solution concrète: porter une labradorite blanche (en fait elle est bleue marine) en pendentif visible. Et il faut avoir un psy Haut Potentiel aussi et/ou essayer d'autres formes thérapeutiques comme l'hypnothérapie médicale par exemple.
· Il y a plus de 7 ans ·divina-bonitas