Je suis vulnérable

A l'aube, 7 heures, cerveau analytique débranché, l'inconscient règne encore en monarque, je me sens vulnérable. Sans doute car j'utilise mes capacités d'analyse pour me protéger du danger, et lorsqu'elles ne fonctionnent pas à plein régime, je suis désarmée, livrée à mes émotions et sensations les plus déstabilisantes. Au sortir du sommeil, j'ai plus de difficultés à mettre en œuvre mes capacités d'analyse, alors sortir dans cet état semi-éveillé, non-vigilant –alors que j'ai plutôt l'habitude d'être hypervigilante, revient à me mettre en danger de mort. Si je n'analyse pas constamment, quelqu'un peut me prendre par surprise, et m'attaquer, me contraindre, me baiser. Alors, je ne serais pas préparée, pas en mesure de me défendre. Et ce sera de ma faute, encore, je ne me serais pas assez méfiée, je serais sortie à 7 heures du matin, heure creuse où les rues sont quasi-désertes, pour faire des courses pour le petit-dej, non mais quel affront.

Je ne fais plus confiance aux autres, mais, encore pire, je ne fais plus confiance à mes propres ressentis. Je suis ainsi devenue aisément manipulable, à la merci de tous les prédateurs sexuels et moraux. Je sais que j'éprouve parfois des sensations de panique dans des situations qui ne le nécessiteraient pas. Alors, j'en ai fini par conclure que je ne peux me fier à mes émotions pour prendre des décisions, -notamment celle de fuir, de me battre ou de rester. Leur fonction de guide a  été foutue en l'air par des troubles de stress post –traumatiques. Alors, je suis forcée d'être un tant soi peu paranoïaque, dans la sur-analyse, car je ne peux plus me fier à mes émotions. Le raisonnement est mon ultime moyen de protection.

Ma condamnation à perpétuité consiste à surveiller, me méfier, qu'on ne me fasse pas un coup de couteau ou de bite par derrière. La terreur. Ces salauds ont bien réussi leur boulot. Ils ont ruiné ma vie et surtout ma capacité d'enchantement, ainsi que ma créativité –car comment s'évader dans l'imaginaire lorsqu'on doit rester sur ses gardes en permanence ? Cela fait dix ans que je ne suis plus libre et que je vis dans la peur. Et pour cela, j'ai envie de les buter, leur couper la bite et la leur faire bouffer avec du tabasco.