We love words 2

kacew

Voici peut être, je ne sais pas trop, le moment de te parler camarades. Des réponses, des réponses,

et cette immense envie de parler, qui me démange là quelque part. Qu'est-ce qu'on en sait camarade de tout ça? des réponses, j'en veux, des réponses et toujours cette envie

de parler. A la fin je n'arrive plus à t'entendre et pourtant je crève de t'entendre. Je n'ai pas de fièvre mais l'esprit embrouillé par des conneries. Mes conneries, oui je sais mes conneries.

Et ces cris, ces cris, on les entend partout. On les voit, leur puissance se perd dans le désert de leur multitude. Me voilà seul, au milieu des autres, seul comme un chien avec des autres qui me collent, me tannent comme tu peux pas tanner un camarade. Et j'en recherche des camarades mais on comprend pas cette solitude, on ne comprend pas ce qui te tombe dessus. Je ne peux pas dire, alors que mes mots sont simples camarade. Tout le monde peut les comprendre ces mots, tout le monde. Personne, pourtant personne.

J'aimerais avoir des visions de feu camarade, mais moi j'ai rien, juste les autres. Les visions de feu, les trucs de poète, c'est du faux. Les poètes m'ont menti camarade, ça fait longtemps que je les soupçonne. Maintenant je vois clair dans tout ce foutu dehors: ils ont menti, à moi mais aussi à toi.

Cherche pas ailleurs, perds toi si tu veux, tu reviendras toujours là: nous sommes seuls. C'est bizarre d'être seul à plusieurs. Et pourtant c'est nous, cette solitude à plusieurs. Au moins, on se ment pas nous.

Les poètes, eux, ils sont seuls tout seuls, avec leurs mensonges. Leurs mensonges leur mentent aussi.

Cherche pas à faire aujourd'hui. Demain, je sais pas. Mais aujourd'hui, ce soir camarade, faut que ça sorte. On est seul, dans l'empire des autres.

Pas de réconfort à attendre ni à entendre. Juste accepter ça et les autres qui comprennent pas, eux là, tous ces cons d'en bas et d'en haut, tu peux les quitter. Ils ne sont pas seuls, ils sont gênants. Car ils mentent. Cherche pas ailleurs, j'ai déjà cherché et on ne trouve que ce qu'il y a à trouver: rien.

Et ne donne rien à manger aux vautours, aucun pleur, aucune faiblesse, aucune force: reste planté là, tranquille, à les regarder dans leurs mensonges. Tu ne riras pas, tu éviteras le faux cynique qui cherche à s'accrocher à toi. Tu prends cette pesante solitude et tu la portes, de rues en rues. Au moins, tu verras des villes.

J'arrive à la fin, camarade, et je t'ai pas écouté. Rien, je n'ai rien fait. Crois moi, je suis net. Mais voilà, seul à en crever au milieu des autres, avec les mensonges des poètes, ça te rend fou. Tu sais, les fous ne sont pas seuls à être fous, il y en a d'autres, et nous aussi, un peu.

Camarade, camarade, camarade,

je te dis, j'ai envie de t'entendre, un peu pour une fois.

  • "mais je ne me décidais toujours pas à regarder celui dont j'avais enfin le bras serré dans ma main: je demande cinq minutes, que l'ivresse s'en aille, alors on s'assoira, je paierai un café, je l'assoirai, face à moi, face au miroir dans mon dos, oubliant tout le reste, la saloperie de pluie, la saloperie de lumière, les flaneurs cons et les couleurs tristes qu'ils m'ont mises dans la tête, et je le regarderai, j'oserai, malgré les cheveux toujours mouillés, malgré les fringues qui ne sèchent pas, j'attendrai, malgré cela d'avoir repris les moyens que je peux: je cherche une chambre pour une partie de la nuit car je ne trouve plus la mienne"

    · Il y a environ 13 ans ·
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    retrogarde

  • Très curieuse de voir où conduisent les mots d'un tel nihilisme...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Camelia top orig

    Edwige Devillebichot

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