What do you expect ?

Hervé Lénervé

Ah, ces djeuns !

-         Qu'est-ce que tu me racontes, toi, là ? Y'a trois jours, tu connaissais même pas la différence entre d'la beuh et du Schweppes et tu t'la pè…

-         Du quoi ?

-         Il veut dire du Sprite, car il n'arrive pas à le prononcer à cause d'un bec de lièvre, quand il était lapin.

-         Mais vous êtes deux gros tarés au carré, vous deux, ou vous le faites pour de vrai ?

-         Parce que, toi tu vas nous faire croire que tu sais le prononcer, le « mot » ? Allez, vas-y, montre ! Espèce de gros mytho d'ta race!

-         Evidemment… qu'j'sais !

Enfin… je sais… mais le problème, c'est que je me suis fait extraire une dent, dernièrement et…

-         Quoi, la dernière ???

-         Mais non, du con d'bouffon, pas la dernière… récemment… ça veut dire « demain », espèce de demeuré d'enculé… et j'peux plus articuler assez bien pour prononcer le MOT.

-         Un peu court, mon jeune ami,  si vous aviez eu ne serait-ce qu'une seule once d'esprit, vous auriez pu dire. Agressif : « moi monsieur, si j'avais un tel nez, il eut phallus sur-le-champ que je me l'enrhumasse… Etc. etc. après c'est toujours un peu la même chose et puis  j'm'en souviens plus.

-         Y nous fait quoi, l'autre bestiole ? T'as été à l'école toi, ou t'as bouffé un drone, c'matin ?

-         Ouah, l'autre, y sait même pas parler le wesh-wesh. On dit un clou, bouffon : « T'as bouffé un clou, c'matin ? » Bouffon d'Auguste ! C'est ça la vraie bonne expression.

-         Putain, j'suis tombé sur deux académichiens du « Parlé neuf-trois pour les nuls » ! Des maîtres Capelovoici de la bouffonnerie à cheval.

-         Excusez-moi, jeune gens, d'être mort, mais les dernières expressions retenues par le Littré sont « marcher dans les clowns » pour respecter l'ordre et la loi ou « bouffer grave ta life. » pour une petite faim.

-         D'où y sort le Capelomomie ?

-         Ben ouais, mon gars ! Moi aussi, r'viens de ma cambrousse, et j'vas vous apprendre, à c'heure, le bien parlé, pour défendre notre belle Langue française, le « mildiou d'choux », bien d'chez nous !

-         Toi, le pecnot de cul terreux de plouc de pedzouille, tu sais l'prononcer le « MOT »? Oui ou merde !

-         De quelle morue, tu m'parles gamin ?

-         Moi, j'ne suis pas encore mort… attendez, je vérifie sur le net, je ne voudrais pas faire une fake news à cause de mes proches. Ouf ! Y'a pas de date de décès. Toujours vert, le martien, même s'il ne bande plus, mais d'après « Le petit Perret illustré » nous pourrions dire. « Dis cave, j'te chourave un bédo, au fines herbes ou à la came de Jeanne ?

-         Non ! C'est toujours pas le bon « MOT » Bon personne sait, alors ?

***

Il est vrai que l'on était, quand même, plus tranquille avec les langues mortes. Bientôt les djeuns n'auront même plus assez de mot pour acheter leur merde.

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