XII Le plume du persan

À Maxime et Ana, qui m'offrent sans compter des moments inestimables.

La plume du persan, planant dans le désert, soulève une myriade de grains de sable. Silice brûlante fouette et chauffe mon visage, souillé de la lumière qui émane de l'astre confus trainant par delà les dunes.

Eau et vapeur ondulent au dessus de cette forêt sèche qui me rappelle la fraîcheur des parcs germaniques, auxquels se substituent broussailles et scorpions aux lilas et chardons.

Je n'ai plus d'eau.

Par cet après-midi d'automne aux reflets d'été, je me tiens debout, là, ici bas, attendant le prochain oasis qui saurait mettre fin à ma soif sanglante.

Une touareg en voyage passe à mon côté. Me salue d'un « Salam a'likoum ». Je lui retourne son apostrophe par un signe de tête aimable. La jeune fille poursuit son chemin sans accroc, fixant l'horizon partagé.

Elle disparaît.

Mon compagnon de route, ma gourde vide, me sidère. Comment sortir de ce vide intersidéral qui constitue la terre de mes ancêtres ?

Je désespère.

Le soleil amorce sa descente funeste vers d'autres latitudes. Le ciel tourne.

Un dernier regard à ma boussole. Je marche depuis l'Iran.

Mes pensées s'entremêlent. Il n'y a plus de temps.

Aucun moyen de rejoindre une quelconque trace de civilisation.

Le sol mou et brûlant me nargue. J'aurais dû suivre l'algérienne si vive, sa démarche aérienne laissant le sable immaculé. Son visage était pourtant si doux.

Le vent souffle, encore du sable dans mes yeux.

Tout est flou.

Le turban détaché, je me penche sur une pierre lisse. Un serpent siffle à mon passage.

Le vent souffle.

Le sable sur ma joue.

L'horizon vertical.

Dernier soupir.