XX

Philippe Larue

Un véritable sauna cette chambre! L'administration des "Vapeurs brûlantes de Pierre" était impitoyable avec XX. Son front ruisselait d'étangs et d'éponges de Bob, chaque nuit depuis une année. Il avait bien délégué sa conscience pour une requête particulière auprès du percepteur, mais aucune réponses n'en étaient parvenues dans sa boîte aux lettres crânienne. Le réveil Darty, chaudement recommandé par sa femme disparue dans un accident, affichait 3h47. Une nouvelle fois, XX était la proie idéale avec ses vieux démons imaginaires qui collaboraient à entretenir ses cauchemars. Dans trois heures, après que ses pieds n'aient pris la nationalité charentaise, il lui faudra raser le millimètre de poils sur les joues; des poilues qui ne cessaient de se réincarner quotidiennement avant le défilé des patients dans son cabinet des curiosités psychologiques.

Sa secrétaire, la veille, l'avait admonestré quand à la venue de nouveaux patients. XX avait alors manipulé sa tablette posée sur la proche table de chevet afin que l'îcone photo lui serve de miroir provisoire. Il avait une sale tronche patibulaire encore et briguait que ses yeux élus par casse-noisettes puissent lire sur ses lunettes Google, un semblant de connaissances en psychologies pour y impressionner ses patients.



En embrassant sa secrétaire à son arrivée au cabinet, comme chaque matin à vrai dire, XX avait reniflé tel un doberman, les effluves de parfum émanantes du cou afin de les devinées. Parfois ours mal léché du matin, il grommelait alors du nez en entrant dans son bureau "c'est moi le boss, pas Hugo" ou "Issey rien du tout". S'il était de bonne humeur, la tendance devenait "Cacharel, Avery" ou "Gaultier moi ça". Une rebelle du parfum qu'était sa secrétaire, Églantine. Elle était très sexy mais XX ne l'avait peu observée sauf depuis la mort de sa femme.

Bien que la nuit avait ressemblée à des griffures cauchemardesques, XX n'était pas en retard. Et comme à son habitude, il préparait deux expresso sur le meuble à dossiers de ses patients. En vérité, il leurs proposaient aussi parfois, un café, histoire de décontracter l'atmosphère. Ainsi, une confiance s'établissait entre le psychologue et les perturbées de l'esprit. En apportant la tasse toute fumante à sa secrétaire, XX avait laissé ses yeux glisser le long de la jupe fendue jusqu'aux belles jambes longues et fuselées. Un bruit de diesel s'était échappé de sa gorge ensuite et cela, Églantine l'avait ressentie.


- Hum tenez...combien de patients ce matin, Églantine?


- Cinq dont un nouveau, Mr Bourdevere


- De quel problème souhaite t'il s'entretenir?


- Il n'a rien dit, Monsieur


- Bien, soit
.

XX avait alors fermé la porte de son bureau et comme chaque jour, deux minutes plus tard, les notes de Nirvana résonnaient avant l'entrée en scène de ses patients. Fan de rock, la chanson était sa zoglossophobie quotidienne, son parfum musical de décontraction mental.


À suivre...

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