« C 'EST BIEN SIMPLE : JE NOUS TUS … »

lollapalooza

Je suis quelque peu las ces derniers temps. Le retour à Paris m’est rude, oppressant. Devoir à nouveau s’organiser de manière à ne pas être seul durant les prochains jours … Rien de plus malsain. Surtout lorsque cela devient une routine, un quotidien. Voyager en clochard céleste à travers les États-Unis avait son charme, en revenir pour se retrouver ainsi ne l’est pas pour autant … J’ai l’impression que mes démons ne vont pas tarder à resurgir. Je ne veux blesser personne. Pourtant, une folle envie de faire souffrir autrui m’envahit continuellement. 

Les cours ont repris depuis plusieurs semaines maintenant, mais je me sens totalement incapable de sourire, encore moins d’entretenir la moindre conversation. A cela s’ajoute la nécessité de trouver un plan de secours. Exit les études hors de ce pays de merde … Va falloir revenir au plan initial : encore quelques années à tirer en ce bas monde.

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J’ai passé la nuit avec une fille rencontrée dans un bar du XIème. Elle s’appelle Hélène ou Helena, m’en souviens pas vraiment … J’étais quelque peu éméché … Complètement saoul pour tout dire. 

Stupidement, je m’étais posé dans un bar bien trop hype, passant mon temps à toiser du regard l’échantillon de bêtes nonchalantes du moment. J’étais accoudé au comptoir (5 ou 6ème tournée Tequila/Pinte) lorsqu’elle me bouscula l’épaule, tout en s’adressant à la barmaid. Après s’être excusée, elle démarra la conversation sans aucune gêne, se présentant et débitant quelques conneries auxquelles je ne pus que sourire vaguement.  Elle me demanda la pareil, je n’en fis rien. Enfin, elle s’interrogea sur ce que je pouvais bien faire ici, visiblement non-accompagné (et sûrement destiné à finir la nuit seul). Ne trouvant rien à lui dire, si ce n’est la vérité, je lui répondis : 

« Que fais-je donc ici ?! C’est bien simple : Je me tus … »

Répondre ainsi ne l’étonna pas, enfin pas dans le sens souhaité. 

« Pourquoi ne pas te jeter dans la seine ou sur une rame de train, ça ne serait pas plus efficace ? » me demanda-t-elle, ironiquement. 

- Se tuer ne signifie pas constamment devoir mettre littéralement fin à ses jours … On peut se tuer autrement. Par exemple, ma méthode se suffit à elle-même : m’imposer à voir ce que j’exècre depuis l’âge de raison … Le monde autour de moi.»

Je ne sais pas si c’est le ton ou la formulation qui l’a fit réagir ainsi. Pourtant, Helena (on va se poser sur ce nom …) éclata de rire, observée par une vingtaine de bobos se torturant l’esprit sur ce que je pus lui dire. Réussir à faire rire aux éclats une belle femme m’a toujours amené à subir le regard courroucé de chiens en rut … Brutalement, à ce rire succéda un regard triste, empli de compassion. Je ne pouvais en supporter davantage :

« Pourquoi me regardes-tu ainsi ? T’as jamais eu l’occasion de rencontrer un parisien cynique et dépressif ? C’est n’est pas ce qui manque pourtant …  Regardes ailleurs s’il te plaît, je ne supporte pas la manière avec laquelle tu me fixes des yeux» 

J’eus beau avoir l’occasion de répéter cette phrase un nombre incalculable de fois, je ne m’attendais pas à cette réponse : 

« Ce soir, tu ne vas détester personne … En tout cas, je ne t’en donnerai pas l’occasion. » 

15 minutes suffirent à me retrouver dans un taxi, elle calée sur moi, m’embrassant goulûment, ne me laissant pas la moindre occasion de reprendre mon souffle. J’étais sûr que le chauffeur ne se gênait pas pour nous mater, mais je n’y prêtais aucune attention. Je n’avais envie que d’une chose : arrêter ce foutu taxi et prendre mes jambes à mon cou. Je ne le fis pas …

Arrivés chez elle, Helena ne relâcha nullement son étreinte, m’amenant trop rapidement dans son nid. Tout en me plaquant contre le mur de sa chambre, elle déboutonna un peu trop violemment ma chemise, au point d’en déchirer quelques coutures. Je ne me sentais pas prêt à la caresser, encore moins à la baiser. Helena remarqua mon manque d’entrain, et me chuchota à l’oreille : 

« Tu ne mourras pas ce soir. Demain, après-demain, quand tu voudras … Mais pas ce soir. Prends moi, et oublies tout … Le temps d’une nuit, je t’en supplie.» 

A mon réveil, je ne vis personne sur le côté droit du lit. Helena m’avait laissé un mot sur la table basse du salon, me prévenant sûrement qu’elle était partie faire une course … Je ne fis pas même l’effort de le lire. Je sortis terrorisé de son immeuble, mortifié par ce que je devenais.

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