13 minutes

mamzellemelly

La sonnerie de la réception d'un sms se fait entendre.

Elle ouvre son sac.

Prend son portable.

Lui :

11:26 : « Où es-tu ? »

11:27 : « A la boulangerie. »

11:28 : « Laquelle ? »

11:28 : « Sur le port ! »

11:29 : « 13 minutes ! Sinon… »


   Et voilà ! Son « sinon… » qui recommence sa danse en elle ! Les palpitations, le trouble.


   13 minutes ! Quasiment impossible. Il le sait, bien sûr.


   Étant donné qu'il y a trois personnes à passer avant elle et qu'elle perdrait des minutes précieuses à attendre son tour, elle décide de partir.


12 mn 30

   D'ordinaire et en marchant d'un bon pas, il lui faut 20 bonnes minutes pour rentrer. Il va lui falloir courir.

Elle s'adosse au mur de la boulangerie pour enlever ses chaussures à talons. Pas d'autres choix pour réussir le challenge. En enlevant la première chaussure, elle se remémore l'insistance qu'il avait eu à vouloir la voir en talons quand elle lui avait demandé son avis sur quelles chaussures choisir pour aller avec sa jupe blanche et son haut rouge. Il avait alors porté son choix sur ces escarpins rouges vernis. Avait-il déjà cette idée en tête ? Ou était-ce ce qui avait déclenché l'idée ? Elle ne le saurait sûrement jamais et après tout qu'importe !


10 mn 30

   Les chaussures à la main, elle commence à courir. Pas trop vite car les trottoirs sont bondés d'estivants qui trainassent de vitrines en vitrines. Quelques uns tournent la tête à son passage, se demandant probablement pourquoi cette femme court ainsi, pieds nus ! Elle s'en moque et n'a pas le temps d'y prêter une quelconque attention. Son seul souci est de ne pas se cogner dans l'un d'eux. Le « sinon… » résonne. Il est là, en son ventre. Il y a trop de monde qui gêne sa course, il faut qu'elle traverse, sur le quai, l'avancée sera plus rapide. Elle regarde à gauche, une voiture, mais elle juge qu'elle a le temps de traverser avant son arrivée. Ouf ! De justesse. Le chauffeur la klaxonne en jurant. Pas grave. Elle regarde son portable.


8 mn

   Elle décide de prendre le chemin de la plage, tout en espérant que la marée soit basse, sinon, elle serait fichue.

Ça y est, elle sait qu'il n'y aura plus de voitures, plus de routes à traverser et pas trop de piétons alors elle range son portable dans son sac, plus besoin de regarder le nombre de minutes qui lui reste, et elle fonce aussi vite que sa jupe et ses pieds nus lui permettent. Elle sent bien quelques petits cailloux lui faire mal par moment mais elle n'a pas le temps de s'y attarder. Elle veut réussir ! Après le léger tournant du chemin, elle a vue sur la plage et la mer… qui est haute. Pas au point de lécher les murs qui bordent la plage mais au point de n'avoir qu'un passage dans cette bordée d'algues ramenées par la mer. Et ça, elle ne supporte pas ! Elle a toujours eu peur de marcher sur les algues. Elle s'arrête un instant au bout de la cale et regarde ce tapis marron et vert. De toute façon, elle n'a pas le choix ! Si ! Elle pourrait renoncer mais il n'en est pas question. Elle prend une grande respiration et se remet à courir, sans être rassurée. Il suffirait bien qu'elle glisse et qu'elle tombe. Elle sent ces trucs visqueux sous ses pieds. « Non, il ne faut pas y penser ! ». Elle est sûre qu'il savait l'heure de la marée, qu'elle passerait par la plage et qu'elle devrait affronter ça.


   Il ne choisit rien au hasard.


   Ça y est, elle est sur le sable et fonce maintenant. Elle court. Plus rien d'autre ne compte. Elle ne voit pas les promeneurs, elle ne s'arrête pas quand ce chien vient vers elle, presque s'emmêler dans ses foulées. Elle ne voit plus rien d'autre que le chemin qui s'approche au fur et à mesure que la sueur coule sur son front, son corps. Il fait chaud, très chaud.


   Combien de minutes ?


   Enfin, le chemin ! Ça monte légèrement pour l'atteindre, elle sent que ça lui tire dans les mollets. A nouveau les graviers sous ses pieds. Maintenant la dernière route à traverser avant d'arriver au portail. Pas de voitures, elle file. Le portail, la pelouse sous ses pieds. Quelle sensation agréable.


La porte d'entrée.


   Il est là, face à elle, une main dans la poche de son short blanc, un chrono dans l'autre main. Il la regarde avec un sourire amusé. Elle se tient à la poignée de la porte d'entrée et reprend son souffle.


« 52 secondes, ma Chérie. ».


   Et il part en direction de la cuisine.

« 52 secondes, quoi ? » demande-t-elle en fermant la porte et en laissant tomber sac et chaussures dans le vestibule.

Il revient avec un verre d'eau, lui tend. Elle boit quelques gorgées sans que leurs regards ne se quittent.


« Alors ? »

« Tu es pressée de savoir si nous allons aller dans la chambre ? » Répond-il en souriant encore.


   S'il n'y avait pas l'enjeu de la chambre, elle se jetterait sur lui pour l'embrasser tant il la fait craquer quand il joue comme ça. Quand il laisse planer le doute. Ça laisse le temps à la pensée d'une épreuve dans la chambre, s'insinuer en elle et de réveiller la sensation au creux du ventre. Et quand il a ce regard profond et joueur en même temps, elle doit vraiment se faire violence pour ne pas plaquer ses lèvres contre les siennes alors qu'il vient de s'approcher d'elle.


    Il reprend le verre, repart vers la cuisine mais se retourne avant d'y entrer :


« 52 secondes d'avance, ma Douce ! Tu as gagné le droit que je te rejoigne sous ta douche. »


   Et il entre dans la cuisine, à son tour, boit un verre d'eau.

Quand il en ressort, elle n'est déjà plus là.


   Il se dirige vers la salle de bain et ramasse au passage les vêtements qu'elle portait. En premier, le haut rouge puis le soutien-gorge blanc, un peu plus loin la jupe et pour finir, accroché à la poignée de la porte de la salle de bain, le string blanc. Il entend l'eau couler, ouvre la porte, pose les vêtements sur la chaise, enlève son short et va se glisser sous l'eau tiède avec elle.


Quelques minutes plus tard, les gémissements se mêlent au bruit de l'eau qui coule sur leurs corps enlacés.


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MamzelleMelly

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>>>Bien sûr, la reproduction de ce texte est interdite. Merci <<<
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