16. Mon dieu du sexe

bleue

Ce à quoi je n'avais pas songé, c'était que l'endroit où il vivait maintenant, ce n'était pas à dix minutes de chez moi mais à plus d'une heure… Les fichiers, ils avaient été traités dans son appart, pas dans le studio qu'il s'était aménagé chez ses parents… Quand je m'en aperçus, le SMS était déjà parti…Tant pis, il me faudrait attendre une réponse qui sans doute, tarderait un peu. Le temps qu'il s'organise ou plutôt qu'il laisse tout en plan pour me rejoindre. S'il était aussi chaud que moi, dans une bonne soixantaine de minutes, il serait là, devant la porte. J'allais patienter, nul n'aurait pu dire combien de temps cela durerait ni si je serais vraiment capable de le faire et…

« Je serai chez toi d'ici une heure : tiens-toi prête… »

Son SMS n'avait pas tardé. Je jetai un coup d'œil à ma montre : quinze heure cinquante… Je devais être prête pour seize heures quarante cinq.

Imaginez ma fébrilité. J'étais comme perdue dans tout ce que j'avais à faire avant sa venue. Tout d'abord, changer housse de couette et drap de la chambre d'amis. Ensuite prendre une douche et me choisir des habits pimpants, même si je n'avais qu'une envie, celle qu'il les retire très vite. Et puis, m'installer au piano et chanter en pensant à ce qui allait, j'espère se passer…Et ne pas oublier d'écouter sa version SAX, pour pouvoir lui donner mes impressions au sujet de cette première collaboration… Je ferais peut-être bien de commencer par là, d'ailleurs. Cela me permettrait de réfléchir sous la douche à ce que je lui dirais…

Voilà, cela semblait parfait et bien réfléchi comme programme…

La housse de couette, je la choisis blanche avec des petites fleurs dans les tons rouge, rose et vert. Le drap de dessous, je voulais qu'il soit…vert pâle, évidemment. Je préparai à côté du lit, sur la petite armoire avec des tiroirs, des lingettes fleurant bon la framboise. Il y avait ce miroir, ce fameux miroir juste au-dessus du meuble…

Puis, je filai dans ma chambre, choisis des dessous noirs et une robe noire aussi, moulante, juste ce qu'il fallait, au buste, et évasée à partir de la taille. Elle était un peu plus longue que ce que j'avais l'habitude de porter mais comme elle était plus fluide au niveau des jambes, j'imaginais qu'il aurait plus de facilité à passer les mains dessous…

Je me rendis à la salle de bain, ensuite. Je m'étais accordé une pause de quelques minutes pour écouter son ficher SAX et étais très contente du résultat… Les sanglots de son instrument m'épataient toujours. Et puis, ses petits hoquets délicats, aussi. Le son de son sax qu'il laissait mourir : impossible de repérer l'instant précis où il arrêtait de souffler. Aucune aspérité dans son jeu, ces volutes de notes. De plus, il n'avait pas traité ma voix mis à part cet infime delay qu'il se plaisait à appliquer sur les voix qu'il trouvait intéressantes…Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ce genre de chose. J'étais flattée. Je ne pensais pas qu'il apprécierait autant ce que moi, je faisais. Il ne fallait pas que j'oublie de lui parler de tout ça, histoire qu'il sache que j'étais satisfaite du résultat.

Le jet d'eau chaude. Le bain douche parfum neutre pour que mon « Pleasures » soit plus prononcé… Un masque pour mes cheveux. Je vérifiai si j'étais épilée soigneusement et fis quelques retouches au niveau de mon sexe… Il ne restait plus qu'à rincer tout ça, m'envelopper dans mon peignoir de bain et… j'étais déjà toute frétillante.

Le temps avait…couru. Il me restait à peine vingt minutes pour me sécher les cheveux, m'habiller, me maquiller légèrement. Il allait arriver et je n'avais pas encore pu me mettre au piano.

J'étais excitée et très curieuse de la suite des événements. Seize heures quarante cinq. J'étais prête, assise devant mon Ibach, la bouche sèche, la respiration rapide. Je rejouai « Si tendrement », les yeux clos, pour bien me remettre dans le contexte de la chanson. Et puis, j'enchaînai avec « C'est comme ça », vous voyez, la chanson dont je parlais dans un récit précédent, celle qui était un peu moins sage que les autres mais qui me semblait bien moins délurée à présent.

Le bruit d'une voiture qui s'arrête, d'une portière qu'on referme et puis, quelques secondes plus tard, les trois coups de heurtoir. Il était là. Et moi, je me sentais…. Comment dire ?

Pivoine, écarlate, écrevisse. Rouge. Exagérément rouge. Ce n'était pas de la gêne, non. Plutôt l'anticipation de ce qui allait arriver.

À nouveau, il m'apparut comme la plus belle chose qui pouvait m'arriver. Ses yeux écume pétillaient. Un grand sourire élargissait sa jolie bouche.

-          J'ai fait assez vite ?

-          Hmmm hmmm, dis-je en hochant la tête de manière affirmative.

-          Toujours autant envie que je te rejoigne ?

-          Effectivement… Et qu'on se mélange, en plus…

-          Oh, je vois que madame a pensé à tout, me lança-t-il en regardant ma robe.

Je lui pris la main et nous montâmes au premier. J'avais le cœur battant. Nous nous assîmes sur le lit qui fleurait bon l'assouplissant et le linge propre.

-          Tu as même pensé à ça… me souffla-t-il, en se laissant tomber sur le lit. T'aimes quand ça sent bon, on dirait…

-          Pas toi ?

-          Si… D'ailleurs, je me demandais si je pouvais aller… sentir ailleurs.

Il avait glissé sa main entre mes jambes et la faisait remonter.

-          Tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je te retire ça, dit-il, en effleurant l'élastique de mon string déjà humide.

J'avais envie de lui crier : « fais ce que tu veux, à présent : j'ai tellement envie de tes doigts partout. Sur moi, en moi… et pas que de tes doigts, d'ailleurs ».

Avec délicatesse, il fit descendre le sous-vêtement le long de mes jambes puis reprit ses frôlements jusqu'à mon pubis.

-          Tu es déjà mouillée… je peux te goûter ?

Je lui souris, l'invitant de manière tacite à recueillir un peu de cyprine sur ses doigts. Au lieu de cela, il plongea la tête entre mes cuisses.

-          C'est comme ça que j'avais envie de te goûter. Ça ne te dérange pas, hein ?

Il aurait fallu que je sois folle pour lui dire que oui, que je n'aimais pas ça, que ce n'était pas le moment ou que j'aurais préféré que ce soit ses doigts qui s'occupent de moi par là.

-          J'aime ton goût de « Pleasures ».

-          J'aimerais te goûter aussi, je peux ?

Il me laissa lui baisser le jeans et le boxer. Il était couché sur le dos à présent et je n'avais qu'une envie, l'emboucher.

-          Si t'es d'accord, on se désape tous les deux et…

Je n'avais plus de craintes. Oui, j'avais envie qu'il me regarde. Pas entièrement, d'un coup. Petite partie par petit partie. Mes jambes, mon sexe, mes seins, mon cou. Qu'il parte du bas et qu'il remonte lentement. Et moi, j'allais faire pareil, même si j'estimais à juste titre que le spectacle qu'il m'offrait était bien plus intéressant que ce que moi je lui montrais. Ses yeux ne prirent pas plus de quinze ou vingt secondes pour faire l'inventaire. Il se remit sur le dos, nu, à présent et me fis signe de m'allonger contre lui, tête-bêche.

Nous n'avions encore jamais pratiqué cette position. Des temps auparavant, c'était un sujet de moquerie de sa part. Il savait que je ne rêvais que de cela mais comme nous n'étions pas intimes… j'aurais pu me « brosser le ventre », expression qui l'avait bien fait rire la première fois que je l'avais utilisée…

Avec autant de précautions de sa part que de la mienne, les manipulations commencèrent. D'abord, du bout des lèvres sur nos sexes respectifs, ensuite plus goulument. Il me lapait avec plaisir. J'étais de plus en plus mouillée. De temps en temps, il s'arrêtait « mais c'est le déluge, par ici… ». Sa bouche était tendre, elle se baffrait de mon désir de lui. Je coulais et coulais encore. Quant à moi, je le suçais voracement, avec des bruits bien distincts et un plaisir manifeste. Il était parfois secoué de petits frissons. Il durcissait alors que sa raideur était déjà importante. Son sexe prenait de l'épaisseur. J'avais l'impression qu'il occupait ma bouche toute entière.

Et puis ses doigts, ses doigts divins se posèrent sur mes fesses tremblantes pour les écarter.

-          Si t'es aussi excitée que moi, on ne va plus pouvoir attendre longtemps, murmura-t-il.

C'était presque inaudible tant c'était murmuré. Ses lapages reprirent. Mon embouchage aussi.

-          Ta langue, elle est vraiment PAR-FAITE.

Je lui fis remarquer que la sienne était sûrement plus parfaite encore. Je ne pratiquais pas un instrument à vent, moi. La mienne était certainement moins agile et moins rapide même si je ne me débrouillais pas mal question titillements.

Nos jeux reprirent. Nous nous sentions bien. Nous étions conscients que l'autre se donnait et se donnait encore, qu'il avait à cœur notre plaisir et notre jouissance.

Et puis, sans m'en avoir avertie et après avoir sucé mes lèvres délicatement, il m'attrapa la taille et me fit tourner au-dessus de lui pour que nous nous retrouvions dans le même sens. J'étais à califourchon sur lui, à présent, empalée sur son sexe, et je bougeais de plus en plus vite. Il avait les yeux fermés. Parfois, un sourire éclairait son joli visage. Ses mains écartaient à nouveau mes fesses et j'avais l'impression de le sentir dans mon cul alors que non, il était toujours dans ma chatte… Son souffle devint plus profond et ses joues rouges. Il me fit à nouveau basculer. C'était moi qui étais sur le dos maintenant. Il était toujours en moi mais c'était lui qui me régalait. De grands coups… qui allaient crescendo. Plus profonds, plus rapides. Pour me faire décoller, sa main gauche rejoignit la base de son sexe et mes lèvres. Elle farfouillait juste à l'entrée de moi pour m'écarter davantage. Ses doigts étaient presque dans mon anus. Je m'accrochais à lui. J'avais les jambes qui lui enserraient la taille et je me laissais aller telle une poupée de chiffon. C'était lui qui était aux commandes. C'était presque brutal mais qu'est-ce que c'était bon d'avoir un homme pareil à l'intérieur de soi. Un homme qui n'a qu'un désir, celui de vous faire jouir.

Il s'acharnait, encore. Ses doigts gauches étaient en moi, à présent, dans mon intimité, autour de son membre (ce que je devais être large pour qu'il puisse me pénétrer de cette manière). Quant à son index droit, il était resté à l'entrée de ma rosette un moment qui m'avait paru infini mais à présent, il était entré là, derrière et il l'agitait.

C'est cela qui nous fit jouir, je pense. Je m'étais resserrée autant du sexe que de l'anus. Il se lâcha d'un coup, sans m'avoir prévenue de quoi que ce soit. Je pense que l'excitation était telle qu'il n'eut pas le temps de le faire. Il y eut un râle qui sortit de sa gorge, un grand « Putain, qu't'es bonne » et puis des coulissements plus rapides encore. Moi, je pleurais à chaudes larmes en me demandant si je rêvais ou pas. Était-ce possible que cet homme que j'adulais, il soit là, en moi, à jouir et à me donner autant de plaisir ? « Ne t'arrête pas… ouiiiiiii… ».

Cette explosion dura presque une minute... à dire, c'est rapide. À vivre, c'est tout différent. C'est surtout magique.

Nous étions repus, réellement repus.

-          Alors, tes obsessions de moi ? lui demandai-je timidement.

-          J'ai bien géré, tu trouves pas ? D'abord, te faire patienter et puis, te… baiser comme un dieu du sexe…

Nous nous regardions en riant. C'était vrai : c'était parfait. L'attente, les étreintes soft, la machine qui s'emballe et l'orgasme parfait. Mon dieu du sexe, comme j'attendrais encore que tu me rejoignes pour une autre partie de jambes en l'air. De jambes, de sexes, de langues. Mais aussi de cœurs. Il m'avait fait tant de bien qu'il était hors de question que les choses s'arrêtent aussi vite.

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