24120000 - 04022014

Alinoë

Forum Jetez L'encre; Défi 29 : Thème : Erreur de Numéro Contrainte : Écrire à la manière d'un puzzle.

Hôpital Saint-Luc

Un homme mi-jeune, mi-vieux entre en trombe dans la salle de repos de la maternité. Vêtu d'un costard sombre, chemise au col amidonné, cravate parfaitement nouée. Tiré à quatre épingles de la pointe de ses cheveux gris gominés à celles de ses chaussures vernies. Il arbore une moue contrariée sur son visage anguleux, lèvres pincées, le bleu de ses prunelles aussi menaçant qu'une mer agitée.


Dans son sillage, une jeune femme aussi stricte que lui. Cheveux blonds tirés en chignon parfait, visage (trop) symétrique, mine constipée. Elle porte un tailleur gris perle dont la jupe couvre pudiquement ses jambes jusque sous les genoux, des bas gris presque grossiers terminant de masquer sa féminité et une paire de ballerines vernies aussi banales que démodées. Entre ses mains, une tablette dernier cri qu'elle tapote nerveusement comme si elle prenait des notes de la plus haute importance.


Pas une réaction à leur entrée. Tous les infirmiers présents semblent figés dans leurs mouvements donnant à la pièce des airs de musée de cire. Dans le canapé, l'exception à la règle, un blondinet dans une blouse verte, mort de rire devant les répliques trop cultes de son feuilleton favoris ; j'ai nommé « Plus belle la vie ! ». Il a beau être libre de bouger, ce n'est pas pour autant qu'il accorde la moindre attention aux nouveaux arrivants.


A quelques pas de la porte, l'homme observe un bref instant la consternante scène. Quelle perte de temps ! Il soupire et claque des doigts. La télé s'éteint brutalement.


« Rhaa ! Tu fais chier, Domi !! », s'exclame le blondinet en coulant vers lui un regard mauvais masqué par ses lunettes de soleil (qu'il portait à l'intérieur ; oui, oui..) « J'allais enfin savo... »


Nouveau claquement de doigts ; Gabriel en perd la voix. Contrarié, il croise les bras sur sa poitrine et se tasse un peu plus dans les coussins en signe de contestation.


« Comment as-tu pu faire une erreur pareille ? », lacha Dominique d'un ton froid, cassant et pour le moins condescendant.


Silence. D'un geste de main très éloquent, le blondinet indique à son aîné qu'il est toujours incapable d'émettre un son. Après un soupire consterné, ce dernier lève la main, prêt à claquer des doigts puis se ravise au dernier moment.


« A la moindre jérémiade, chouchou ou pas, je t'expédie au sous-sol, compris ? »


Face à la menace de son aîné, Gabriel se contente d'acquiescer. Certes, le respect de l'autorité n'est pas vraiment son fort mais lorsqu'elle est incarnée en la personne de Dominique, mieux vaut obtempérer.


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"Chez Régis"


Un café à l'atmosphère étrange. Un unique barman derrière son comptoir essuie quelques verres du revers de son tablier, un oeil distrait dirigé vers le poste de télé diffusant un perpétuel flash info. Les clients entrent et sortent, se croisent et se toisent ; plus bizarres les uns que les autres. A l'une des petite tables rondes et poisseuses, Gabriel est en pleine conversation avec une demoiselle au physique plus qu'avenant. Grande, mince et belle, presque trop parfaite. De longs cheveux auburn aux reflets rouges totalement surréalistes ; des prunelles sombres soulignés par son maquillage outrancier ; un décolleté généreusement dévoilé par sa petite robe d'été. Elle sourit de toutes ses dents acérées, dévisageant son interlocuteur sans vergogne.


« T'es pas cap, c'est tout ! », affirme-t-elle en se calant dans le fond de sa chaise qui émet un grincement.

« On parie ?! », rétorque Gabriel, torse bombé, vexé qu'elle puisse penser une chose pareille.

« Ok. Si tu le fais ET que tu survis, JE te cirerai les pompes pour l'éternité. En revanche, si tu te dégonfles, TU seras à mon entière disposition pendant...mh... Disons 2000 ans. », consent la demoiselle avec une lueur lubrique au fond des yeux.

« 2000 ans ?! », répète le blondinet en la dévisageant, un peu perplexe malgré l'euphorie de la soirée.

« Terrestres. », précise la jeune femme sur le ton de l'évidence. « J'me fou pas de ta gueule, sur ce coup-là ! C'est quoi 2000 ans en comparaison avec l'éternité ? Hein ? »

« Oui enfin, je risque un peu plus gros que ça, quand-même! Si je me fais chopper par un aîné, j'suis bon pour me faire rôtir la couenne ! »

« Ah ouais ! C'est certain ! Un allez simple pour l'Enfer ! Voit le côté positif de la chose ; on pourra se parler plus souvent ! Et ailleurs que dans ce taudis ! »


Si Azraël adore cette idée, Gabriel, quant à lui, semble beaucoup moins convaincu.


« Oh ! Fait pas cette tête-là !! », s'exclame la jeune femme devant sa mine déconfite. « Avec tes bouclettes blondes, je suis sûr que tu feras fureur en bas ! J'en connais qui seraient prêts à n'importe quoi pour posséder une gueule d'ange dans ton genre ! »

« Pourquoi tout semble toujours...pervers, dans ta bouche ? », demande le blondinet en grimaçant.

« Peut-être parce que tout ce qui passe par ma bouche à un rapport de près ou de loin avec le sexe où l'un de ses lointain cousin... », répond innocemment Azraël.


Silence. Un type aux vagues airs de Bob Marley s'incruste à la table, sans même s'inquiéter de savoir s'il dérange ou pas.


« Heeeeeeey ! Gabi !! », s'exclame le nouvel arrivant en laissant échapper une bonne dose de fumée verte entre ses lèvres, totalement indifférent au fusillage de regard du blondinet.

« M'appelle pas comme ça... »

« Nooovaaaaa ! », lache joyeusement Azraël après une longues lampée de bière.


Novalis lui accorda un large sourire en lui tendant son joint perpétuel. L'avantage de l'incarnation, c'est que l'alcool fait son petit effet... l'herbe aussi.


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Hôpital Saint-Luc, salle de repos

« Aurais-tu perdu la raison ? », s'exclame Dominique, le visage rubicon. « Azraël ! Et pourquoi pas Baal, tant que tu y es ! »


Malgré l'énervement palpable dans sa voix, l'homme reste droit comme un I, à quelques pas de la porte d'entrée. Il se contente de détruire Gabriel du regard. La demoiselle, quant à elle, tapote toujours l'écran de sa tablette, les lèvres de plus en plus pincées. S'ils ne règlent pas rapidement le problème, ils ne pourront bientôt plus que ramasser les morceaux.


« Oh, ça va ! Faudrait qu't'arrêtes avec tes préjugés à la con ! C'est Azraël, pas Lucifer, non plus ! », se défend le cadet avec mollesse, le cul toujours vissé à son canapé.

« Ne compare pas notre frère à cette vermine ! », réplique sèchement Dominique, ne laissant aucune place à une quelconque réaction. « Azraël n'est rien de plus qu'un larbin de l'enfer. »

« N'empêche que, sans lui, on en serait pas là... »


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Hôpital Saint-Luc

Un homme sort d'une salle d'accouchement, la mine contrariée, visiblement très perturbé. Cheveux clairs, de beaux yeux verts, le teint pâle. Jeans, convers, sweat noir à capuchon ; reflet de ses vingt-deux printemps. Il se dirige d'un pas rapide vers l'ascenseur, ses doigts nerveux s'activant à rallumer son Iphone.


Moins d'une seconde après, Gabriel déboule à son tour dans le couloir de la maternité, suivant des yeux la silhouette voûté du jeune homme. Quelque chose ne va pas... Il y a une couille quelque part mais il ne parvient pas à savoir quoi, son esprit encore trop embrumé.


Il passe une main dans ses bouclettes blondes, renifle vaguement. Dur de réfléchir avec ces élancements dans son crâne. Même à travers ses verres fumés, la lumières des néons lui vrille les yeux jusqu'au cerveau.


Il baisse la tête vers l'écran de son smartphone en grognant (la lueur de l'écran, ça pique!) et, plissant les yeux, tente de déchiffrer l'intitulé de son ordre de mission... Dur. Tout est flou. Il grogne une nouvelle fois, relève vaguement ses lunettes et, par quelques variations de distance, parvient enfin à voir (plus ou moins net) les séries de chiffres qui y sont affichées.


« 24120000 ; 04022014 »


Son visage pâlit, un bref instant. Merde ! C'est qu'il l'a exécutée, sa foutue idée ! Soit. Ce qui est fait, est fait. Avec un peu de chance, personne ne remarquera la boulette. Il grimace, retrouve la douce protection de ses lunettes de soleil et se dirige d'un pas tranquille vers la salle de repos de la maternité.


Et merci Azraël pour cette belle gueule de bois !


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Hôpital Saint-Luc, salle de repos

« C'était TA responsabilité, pas celle d'Azraël. » Il grimace en évoquant ce prénom. « Personne ne t'as demander d'aller te rincer le gosier avec cet abruti de première ! » Il tourne légèrement la tête en direction de la blondinette. « Moïra ? »

« Rapport envoyé, monsieur ; en cinq exemplaires. Le secrétariat d'Andromalius vient tout juste d'en confirmer la réception. », répond poliment la demoiselle, d'une voix calme, avec précision et professionnalisme. Elle ne semble pas perturbée pour un sous par le comportement de Gabriel, beaucoup trop occupée à tenter de réparer sa boulette.

« Bien. » Ses prunelles claires glissèrent à nouveau jusqu'au profil froissé du blondinet. « Et après ? »

« Après quoi ? »

« Tout ça. IL t'avais confié une mission, relativement simple de surcroît. Alors comment et pourquoi ? »


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Nazareth


La nuit est calme, le ciel dégagée ; une magnifique soirée, idéale pour une annonce officielle. Encore faut-il mettre la main sur la bonne demoiselle... Et pour le coup, Gabriel n'est pas vraiment convaincu par le tuyau d'Azraël.


« Sur qu'c'est la bonne ? Nan pasque faudrait pas s'planter, là... », s'enquit le blondinet, adossé à la façade d'une petite maisonnette du quartier. A ses côtés, Novalis et Azraël se partagent tranquillement le joint perpétuel, assis à même la terre.

« Mh. Sûr ? J'irais pas jusque là. », répond évasivement le démon en relevant vaguement les yeux vers lui. « Pis, c'est TA mission, nan ? T'as pas r'çu un plan avec, un truc du genre ? »


Cette dernière remarque fit pouffer Novalis. Un plan, et puis quoi encore ? Un ange n'a pas besoin de plan, juste de ses pouvoirs. Bon, dans l'état de saoulitude intense du blondinet, sa mission est loin d'être gagnée d'avance ; sans parler de son pari stupide avec ce petit démon de pacotille... Quel idée de parier avec un des disciple de ce pervers d'Andréalphus ? Certes, il aurait pu faire pire avec un Malphas passionné de discorde...


« Un plan ? Et pourquoi pas des gadget, tant que t'y es ?! », s'exclame Gabi. « J'suis archange pas 007 ! »`

« Bah, alors ?! Qu'est-ce que t'attend pour utiliser tes super-pouvoirs ? », le taquine la demoiselle avec un petit sourire provoquant.

« Aha ! », lache le blondinet dans une grimace. « Tu m'aides, j'te jure... pfff ! »


Il ne lui reste qu'à jeter un coup-d'oeil à l'intérieur... Geste qu'il regrette sur le champ. Rouge pivoine, il rejoint le plancher des vache, entre le démon et l'ange défoncé.


« ... »


Ses deux comparses le dévisagent, curieux de comprendre ce qui peut le gêner à ce point.


« Et ben quoi ? », s'enquit la demoiselle.

« Mh...Je...enfin...Si c'est elle, la Marie, elle est vachement dégourdie, pour une pucelle... », souffle Gabriel en se frottant frénétiquement les yeux comme s'il cherchait à les laver d'une quelconque impureté ; détail qui ne manqua pas de faire rire Azraël.

« Tiens... », dit gentiment Novalis en tendant son joint au pauvre archange perturbé qui le saisit sans se faire prier.

« Ca peut pas être si traumatisant que ça ! », s'exclame Azraël, se levant à son tour pour se rincer l'oeil. « Hinhin... » Elle laisse échapper un petit ricanement très éloquent qui termine d'intriguer le père spirituel de Bob Marley.


Tac. Ni une ni deux, Novalis se lève d'un bond histoire de se mettre au jus. Il n'y a pas de raison !! Contrarié, Gabriel les attrape tous les deux par le bras pour les attirer jusqu'au sol :

« Sérieux !?! Vous m'aidez pas les gars !! », grogne-t-il, visiblement contrarié. « Au cas où vous l'auriez oublié, j'ai une mère de Dieu à trouver, Moi !! »


Et comme pour ponctuer ses mots, une voix s'élève dans la nuit :

« Marie ! Marie ! Attends ! »


De l'autre côté de la rue, une demoiselle voilée de bleu pivote sur elle-même pour adresser un large sourire bienveillant à sa tante, debout sur le pas de sa porte.


« AH ! Quand on parle du loup ! », s'exclame Azraël avec une lueur joyeuse dans le regard. « A tous les coups, c'est elle... Après tout, des Marie à Nazareth, doit pas y en avoir des tas... »


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Hôpital Saint-Luc, salle de repos


« Pourquoi ? Parce que je le pouvais, voilà tout. », réplique Gabriel, bravache et provoquant. « Et puis, parce que j'étais explosé aussi... »


Dominique le dévisage, mi-consterné, mi-énervé. Que va-t-il bien pouvoir faire de lui ?


« As-tu seulement conscience de la portée de ton acte ? »

« Oh, ça va !! J'ai juste intervertis deux numéros. Ca peut pas être si grave que ça ?! »


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Hôpital Saint-Luc


Dans la salle d'accouchement, le nouveau-né pousse son premier cri. Le père n'a pas besoin de le regarder longtemps pour voir la trahison de sa compagne dans les traits du poupon : cheveux sombres beaucoup trop frisés, yeux noisettes beaucoup trop foncés, teint beaucoup trop basané... Il ne ressemble à aucun de ses géniteurs.


Sans attendre d'explication, le pseudo-père quitte la pièce d'un pas rapide et énervé. La mère, aussi perturbée que lui en plus d'être épuisée, ne trouve même pas les mots pour le retenir. Cet enfant n'a aucune ressemblance avec celui des échographies...


Perplexe, Gabriel colle le gamin dans les bras de sa « mère » avant d'emboiter le pas au « père ». Quelque chose a foiré, il ne lui reste qu'à trouver quoi même si, au fond, ça n'était pas si grave que ça !


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Hôpital Saint-Luc, salle de repos


« PAS SI GRAVE QUE CA ? », s'écrie Dominique, perdant presque le contrôle de lui-même, pour une fois. Sa voix raisonne si fort que tous le verre autour de lui se fendille.


Moïra relève vaguement les yeux vers lui. Gabriel fronce les sourcils. Déjà qu'il a mal de tête...


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Nazareth, devant la maison de Marie.


La demoiselle vit encore avec ses parents qui, en cette belle soirée de mars, ont décidé de lui présenter l'homme qui deviendrait bientôt son mari. Joseph, encore un nom bien typique de la région. Il est charpentier, ses mains et son corps tout entier en porte les stigmates mais la jeune femme ne voit que la bonté de son regard.


Azraël grimace en se laissant choir sur le sol. Tout ça, c'est beaucoup trop gnangnan pour elle ! Une latte sur le joint de Nova' et tout va bien. Gabriel continue d'observer par la fenêtre, tout en réfléchissant intensément à la manière dont il allait agir... Après tout, la forme compte autant que le contenu !


« T'attend quoi ? », demande le démon entre deux taffe.

« Une révélation. », répond Novalis, sur le ton de l'évidence, avec un large sourire sur son visage perpétuellement défoncé.

« Aha ! », rit faussement le blondinet en venant s'installer par terre, entre ses deux compère. « Je prend le temps de faire les choses bien... j'vais pas débarquer en pleine réunion de fiançailles !! »

« Pourquoi pas ? », s'étonne le démon. « Ca pourrait être marrant ! Soit. Grouille ! J'ai hâte de t'avoir comme esclave... » Regard mauvais de Gabriel. « Oh, ben quoi ? T'as vraiment l'intention de le faire ?? », s'étonne-t-elle encore.

«J'ai jamais accepter le pari... »

« Tu l'as pas refusé, non plus. »

« Il marque un point. », remarque Novalis, se laissant aller contre la façade dans un soupir de bienêtre. Les deux autres le dévisagent. « Qui ne dit mot consent, nan ? », précise avec flegme le hippie.

« Tsss ! Vas-y, gros ! Enfonce-moi ! J'te dirai rien ! », s'exclame Gabriel avec une forte contrariété.

« Oh oui ! Enfonce-toi ! », ne peut s'empêcher de lacher la demoiselle d'une voix suavement perverse, arrachant un petit rire à Novalis ainsi qu'un grognement du blondinet.


La conversation se prolonge un long moment, Gabriel cherchant désespérément un moyen d'échapper à ce pari stupide ; en vain. A deux contre un ; deux grands malades, en prime... Le blondinet ne fait pas vraiment le poids.


Une fois la maison endormie, il se glisse par la fenêtre avec autant de précaution que possible. Alcool et THC aidant, il s'éclate la gueule sur le plancher, pour le plus grand plaisir de ses deux prétendus amis qui explosent littéralement de rire. Merci le soutiens, quoi !


Heureusement, aucun des habitants ne semble l'avoir remarqué... Vive les super-pouvoirs angéliques ! Gabriel se relève dans un grognement, jette un vague regard noir à ses deux comparses en défroissant ses vêtements ; jeans délavé, chemise blanche et baskets claires ; pratique et confortable, autre choses que leurs petites robes de tapettes à plumes ! (Tenue règlementaire du Paradis.)


Il traverse la pièce, grimpe à l'échelle pour rejoindre la petite mezzanine en bois où dors profondément toute la petite famille. Certes, il pourrait utiliser la téléportation mais dans son état de délabrement, il préfère ne pas prendre de risques... Déjà comme ça, il doit faire preuve d'une grande concentration pour ne pas louper un échelon.


Debout au pied de la couche de Marie, le messager hésite un instant. Exécuter le plan d'Azraël et se faire taper sur les doigts par ses aînés ou s'en tenir à l'ordre de mission et passer deux milles longues années en esclavage forcé.


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Hôpital Saint-Luc, salle de repos


« Et tu es fier de toi ? »

« Ah, un peu, quand-même ! J'me suis cassé la tête pour la mise en scène ! Avoue que ça claque !? »

« Non, ça ne « claque » pas ! Tu as mis toute la Création en danger avec tes idioties ! »

« Genre, j'l'ai fais exprès, tiens ! »

« On pourrait le croire, en effet... »


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La crèche


Installé entre l'âne et le boeuf, Joseph observe le fils de son dieu avec un air circonspect. Quelque chose ne collait pas, ou il n'était pas charpentier ! Il partagerait volontiers ses craintes avec son épouse mais, épuisée par l'accouchement, la jeune-fille dort paisiblement à même la paille, un bras passé autour de son enfant emmailloté. Elle semble paisible ; à mille lieux des inquiétudes de son mari. Pourtant, il y a quand-même de quoi se poser des questions. D'après ses dire, elle aurait du accoucher du fils de leur Père ; un enfant théoriquement à son image. Alors quoi ? Soit Marie est mytho et l'histoire de l'ange Gabriel n'est qu'une fable pour lui faire accepter l'enfant d'un autre, soit Dieu est une femme...blondes au yeux bleus. Si c'est bien le cas, elle risque d'en baver tout au long de sa vie ! Faire avaler au gens que vous êtes le fils de dieu, c'est déjà pas évident alors sa fille, dans un monde totalement machiste. En voilà une qui ne risque pas de faire de vieux os...


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Hôpital Saint-Luc, salle de repos


« Un gosse, c'est un gosse de toute façon ! Ca fait pas une grosse différence ! », se défend vivement Gabriel depuis son canapé.


Silence dans la pièce. Dominique et Moïra le dévisagent avec la même lueur d'incrédulité au fond de leurs regards. Croit-il vraiment en ses mots ?


« Et dire que tu es son préféré... », lache l'aîné dans un soupire. « C'est consternant ! Soit. Puisque tu sembles en paix avec tes choix, va donc jeter un oeil au monde que tu as créé. »


Sans plus d'explication, il claque des doigts, faisant disparaître Gabriel de son canapé, sous le regard perplexe de la demoiselle. Dominique n'est pas vraiment du genre à informer ses subalternes de ses intentions ; Moïra ne pose jamais de questions. Pourtant, elle meurt d'envie de comprendre ce qu'il vient de se passer... Elle desserre légèrement les lèvres, bien décidé à faire une exception lorsque Gabriel réapparaît au milieu de la salle de repos, aussi pâle qu'une merde de laitier, l'air hagard et pour le moins perturbé... Moïra se ravise, son regard oscillant entre les deux hommes qui se dévisagent pendant un bref instant.


« C'est bon. Ca va. T'as gagné ! », admet Gabi de mauvaise grâce. « J'vais l'remettre à sa place, ton p'tit Jésus... »



n.d.a.: Toute ressemblance avec l'univers de Jeux de Rôle "In Nomine Satanis/Magna Veritas" est totalement volontaire.


  • écrire façon puzzle
    ça m'a fait chercher les tenants et les aboutissants
    il me manquait la présentation des personnages
    à la pièce théâtrale :
    j'ai remédié :
    Gabi le frisé joué par Bernard Campan
    Azraël le fourbe, par Didier Bourdon
    et Domi par Légitimus
    ça va le faire carton ( ha bah non, pas pour la crèche )

    · Il y a presque 11 ans ·
    Mars 2012 063

    halpage

  • Oh j'aime! A quoi tient l'Humanité! Bravo!!! Au lecteur; à la lectrice, d'imaginer ce monde issu d'une bête erreur! Et ça doit être quelque chose, à en juger par le teint pâlichon de Gaby...

    · Il y a presque 11 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

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