35 mille ans de musique

Aurélien Loste

Et ce n'est que le début.

Jos est sumérien, aujourd'hui on l'appellerait irakien sauf qu'il y a 3187 ans, à Sumer, ils étaient les seuls sur Terre à écrire, compter ou rouler. Presque tout ce que nous avons aujourd'hui en dehors de l'argent vient de Sumer, qui a tout eu avant tous les autres peuples.

Comme toutes ses connaissances, il vénère Ishtar, la déesse éternelle. Gilgamesh le grand guerrier et son ami Enkidu sont ses modèles, pas son culte. Les musiques s'adressent à dieu, Ishtar en est la récipiendaire. 

Peu à peu sa famille, ses amis,  ses épouses, leurs enfants même, moururent sans qu'il ne puisse rien y faire. 

Secrètement mais comme beaucoup de ses voisins, il était depuis enfant amoureux d'une des vierges d'Ishtar, inaccessibles. 

Après avoir tenté avec un ami de les approcher, il apprit ce jour-là à courir vite, son ami en mourut, exécuté en plein devant la ziggourat, le temple sacré d'Ishtar, devant la population réunie.

Il avait retenu la leçon.

C'était avant, dans sa jeunesse. Car en quelques décennies, tous moururent, mais pas lui. Pour ses enfants, il se disait qu'ils n'étaient hélas pas aussi résistants que lui, car que faire face à la mort des plus chers ? Certainement pas remettre en question leur éducation. Tous les Sumériens faisaient pareil, les filles le plus sages devenaient des vestales, les autres vivaient chez elles, les garçons des guerriers, ou prêtres pour les plus faibles.

Sumer déclina mais leurs tablettes gravées, en pisé, le matériau de construction le plus résistant de tous, restent conservées depuis plusieurs millénaires dans le sable irakien ayant enfoui la grande ziggourat, toujours présente elle aussi. 

On ne vit pas de l'écriture donc un matin, seul au monde et sans autre idée, il partit dos au soleil et marcha, marcha, le long d'un des fleuves, meilleurs moyens de survie dans les vastes étendues babyloniennes, plus vertes à l'époque que depuis l'épuisement des sols lié au réchauffement climatique, comme au Sahara, vert au Moyen-Âge. Lui qui côtoyait quotidiennement les jardins suspendus, son voyage était frugal. 

Mais que faire d'autre ? 

Le Tigre l'amène sur la péninsule lydienne, puis le long de la mer Noire, jusqu'au détroit qu'on appellera du Bosphore et la première ville qu'il rencontre depuis Sumer, au bout de plusieurs mois et milliers de kilomètres forcés. 

Plus tard elle sera nommée Ephesus, lors de son premier passage elle n'a que des temples de roche calcaire aussi blanche que les feux les plus sacrés du soleil. Elle aura le temple le plus célèbre de la planète, merveille du monde antique, celui d'Artémis, incendié comme la fameuse et immense bibliothèque en colonnes, par un original qui voulait rester à la postérité et y réussit visiblement, puisque les guides en parlent toujours alors qu'il n'en reste que des pierres que le temps a encore blanchies.

La mer le surprend, que sont donc ces animaux qui tombent sur le sable ?! et l'empêche de continuer, il n'a jamais pensé à apprendre à nager, il n'y en avait pas besoin chez lui, où le mot même n'existait pas. Ses contacts avec l'eau se limitent à se tremper immobile dans les fleuves pour s'hydrater, sans plus, comme les autres animaux terrestres.

Plutôt que de poursuivre son voyage, il se rappelle la vue depuis le détroit qui abritera la plus grande ville d'Europe, musulmane, comme la Bulgarie voisine, et remonte dos au soleil au plus haut, dans la direction la plus reposante, que de hautes montagnes infranchissables lui barraient en Mésopotamie 

Grâce aux personnes qu'il rencontre, en parlant des mains, il parvient à continuer vers le soleil levant et sa première direction, devant souvent marcher dans l'eau, jamais nager, dans ces régions habitées depuis des millions d'années, au passage facilité par l'entraide des hommes, qui lui ont vite fait connaître le goût inoubliable du poisson en échange de sa technique de pêche à la lance, avec un peu d'expérience aussi efficace que leurs filets, les ours en sont la preuve vivante.

Les Chinois inventeront la boussole dans huit siècles mais ils sont à l'est, en Extrême-Orient, et surtout seuls eux le savent, car le magnétisme ne leur sert qu'au feng-shui, donc pas en dehors de leur vaste empire du milieu. Leurs voisins nippons sont même depuis qu'ils existent le peuple le plus raciste et fermé de la planète, il a fallu attendre les Portugais et leur amabilité légendaire pour qu'un autre peuple puisse s'installer au Japon, et avant l'intervention américaine ils se croyaient maîtres du monde, après tout un humain sur deux est asiatique, d'ailleurs ils nous ont bien confinés.

En atteignant la péninsule grecque, de doux sons parviennent à ses oreilles, les premiers depuis Sumer, lui rappelant les chants des vierges d'Ishtar. 

Sauf qu'ici, la musique est partagée par presque tous ceux qu'il croise, et qu'en plus ils accompagnent leurs chants de sons produits en grattant des cordes reliées par un U, qu'ils désignent sous le nom de lyra quand il les leur montre de la main. 

C'est aussi la première fois depuis des mois qu'il entend à nouveau son cher son u, comme pour l'ichtus, le poisson en grec, en territoire lydien il écoutait peu les gens, qui lui parlaient d'autant moins, ou par gestes, reconnaissant un étranger en voyage, leur faisant un peu peur, et comme rien ne le retenait, il continuait à progresser inlassablement, marchant vite depuis sa récente habitude de traquer puis courser les animaux pour se nourrir. Sans parler de la vivacité requise pour la pêche à la lance. À Sumer, les quadrupèdes étaient domestiqués, mais morts depuis, comme ses habitants, car Sumer n'existait plus.  Ou repartis vivre dehors, comme lui lors de sa traversée. Mais jamais il n'y aurait vécu, pour rien au monde. Sumer vivait protégée de l'extérieur, dans une cité sacrée vénérant l'eau et fortifiée contre l'ennemi.

En Grèce, pourtant voisine, la situation n'a rien de comparable : la mer déjà, thalassa, et l'eau tout court y est abondante, court en rivières, potamon, et fontaines, les bords de mer aménagés en ports abritent de grands bateaux,  toutes choses qu'il voit pour la première fois, les pécheurs du détroit, ancêtres de ces fameux amartoloi qui savaient déjà que la Terre est ronde, vivant au contact de l'eau mais sans bateau, appelés varkes, et a donc en les voyant pour la première fois du mal à les comprendre. 

Mais surtout, la musique ! Les seuls qui n'en font pas, ici, vivent à l'écart des autres, ne portent pas de robes blanches, et sont brutalisés, comme les prisonniers de Sumer. 

Toujours sans comprendre ce que les gens disent il finit par saisir que ces prisonniers vivant au contact des habitants ont un statut différent, nouveau, mais l'idée d'esclavage n'existe pas dans son esprit. À Sumer, on emprisonnait les gens à vie, et ceux qui se perdaient au combat étaient considérés comme disparus. Pas d'esclave* ni même d'échange de prisonniers.

*ceux qu'ils appelaient esclaves étaient seulement des sauvages, ayant un statut différent des Sumériens natifs, libres, mais différent seulement au sujet du mariage et de la défloration des femmes vierges, n'étant sinon pas marginalisés au point extrême que le codifièrent les Grecs, en créant le mot même d'esclave, sklavos, σκλάβος.

D'ailleurs, libres ou pas, personne ne les a jamais battus, ils ont juste décliné, disparu, sont morts, envahis malgré la protection d'Ishtar. Comme les anciens peuples d'Amérique ou d'Australie. Les invasions sont un éternel problème.

Ici en tout cas tout est calme, l'eau et la nourriture sont abondantes, et surtout la musique ! 

Au bout de quelques jours, où il dort à l'écart des communautés, ne les comprenant pas et étant repoussé par elles, il ramasse du bois mort et avec les moutons/provata, provende abondante dont il se nourrit, en fouillant dans leurs cadavres il parvient difficilement à lier ses bouts de bois avec des tendons, mais en les séchant pour les gratter, leur son n'est pas aussi harmonieux que celui des lyrès Λύρες Unies et son instrument est sauvage, comme il l'est lui-même avec sa tunique sumérienne en lambeaux après son périple, et sa lance de bois armée d'une lame de cuivre, grande invention mésopotamienne aujourd'hui remplacée par le verre trente fois moins cher, dans la fibre optique, supprimant les anciennes prises gigogne en T inversé par des box, paniquant toutes les personnes âgées : la technologie est le plus grand tueur de masse de tous, des millions de gens meurent faute de survivre au progrès; ce n'est même pas le temps, mais bien de ne plus comprendre le monde autour d'eux qui tue tant de gens, les faisant préféré "le bon vieux temps", alors que nos conditions de vie s'améliorent en permanence, tout devient de plus en plus facile et automatique..et de plus en plus difficile à comprendre : "la simplicité est la sophistication ultime", notre monde du XXIème siècle est tellement simple, de plus en plus simplifié, que les personnes âgées ne le comprennent plus et en meurent de désespoir, complètement perdues au milieu de tant de simplicité qui le dépassent complètement : machines à écrire, ordinateurs, téléphones portables, smartphones, prothèses, puces de données RFID, réalité augmentée, androïdes, en 2045 l'immortalité physique sera à vendre, elle l'est même déjà depuis 2005, sur https://2045.com

En attendant que l'homme acquière un corps immortel, après son âme, Jos sait comment protéger le sien à l'ancienne, ou pour être plus prosaïque et parler aussi crû que la viande qu'il absorbe sans même la cuire, en animal qu'il est, il est habitué à tuer. Hélas. Les dix commandements ont été écrits après Sumer qui les a dictés à Moïse*, de toute façon les Babyloniens ont toujours* dominé leurs alentours, comme le rappelle la Bible** avec la jeune Judith qui séduisit le général Holopherne responsable de la mort de son mari, puis étant parvenue dans sa tente, lui trancha la gorge. 

*jusqu'à ce que Ben Laden et le pétrole fassent intervenir les États-Unis en Irak, malgré les protestations françaises à l'ONU, l'été 2003, le premier en France de la canicule.

**le principal personnage de la Bible et du Coran, Abraham, est né à Ur-Kasdim, capitale de Sumer, avec sa grande ziggourat, le plus grand temple du monde, à l'époque. Les Sumériens sont aussi appelés la civilisation d'Ur. 


Le désert qu'est devenu la Mésopotamie est l'incarnation même de l'enfer solaire qu'on appelle depuis les Romains canicule (Sirius, l'étoile de l'été, étant comme le sait tout connaisseur d'Harry Potter dans la constellation du chien, la race canine qui a donné son nom aux grandes chaleurs) ce sont les vents sahariens qui réchauffent l'Europe. 


Si Moïse était allé à Sumer il y serait sans doute mort. Déjà que les Égyptiens, beaucoup moins guerriers, qui gardaient leurs prisonniers hébreux en esclavage de travaux publics, ont failli le rattraper alors qu'il a grandi avec leur chef, à Sumer, un enfant sauvé des eaux, du peu d'eau présente hors des deux fleuves, aurait surtout été instruit plus encore que les autres à l'art brutal et primitif du combat.


Comme les Spartiates qui voisinent l'emplacement actuel de Jos, sauf qu'il n'en sait encore rien, ni même où il se trouve, sauf qu'il y a à boire, à manger jusqu'à plus soif, et de la musique. Son statut social s'améliore vite, au pays de la civilisation ! 

Il sait tuer, donc, et requinqué par le sang frais des moutons, l'idée lui vient rapidement, face à ses échecs avec sa lyra sauvage, de pister des prisonniers (esclaves sans qu'il le sache encore) hors des communautés, quand ils partent chasser près de lui, pour prendre leur peu de vêtements frusques, sales mais déjà plus couverts et moins élimés que son reste de tunique, et leur peu de possessions. Il ne sait évidemment pas ce qu'est l'argent mais trouve jolis les quelques cercles rugueux recueillis dans de maigres  petits sacs fermés d'un cordon, en forme de ce qu'il a entre les cuisses et qu'on appellera donc bourses. 

Toujours sans parler, il tente d'intégrer les communautés musicales, curieux de savoir si eux aussi chantent pour leurs vierges, en tant que prisonnier car c'est son seul moyen, sauvage, barbare, ne sachant que les mots de ce qu'il entend désigner sous ses yeux, mais certains habitants le reconnaissent et devinent vite sa manœuvre. 

Inventeurs de la science, de l'art, de la démocratie ou encore des pièces de monnaie, les Grecs, peuple conquérant et créateur de la civilisation ou de la politique, n'ont jamais manqué d'intellect : envahissant les Égéens, dominés par les Crétoises qui se choisissaient plusieurs maris et transmettaient leur nom à leurs enfants, issus donc de pères différents, comme le font les chattes dans une même portée, ils ne furent finalement vaincus que par l'empire éternel de Roma et ses crucificateurs. 

Une fois de plus Jos doit donc fuir, pas pour survivre, cette fois, mais parce que la solitude, qu'il n'a jamais connue avant son départ forcé, commence à lui peser, même s'il n'a aucune idée du temps passé*, ça fait bien un tour de la Terre autour du Soleil qu'il a quitté Sumer et que sa dernière fille est morte, sans enfant, ils seraient de toute façon morts eux aussi, ou prisonniers.

*Sumer a pourtant aussi inventé le calendrier bissextile, un mois lunaire (régulier, tous ayant 30 jours, comme dans le calendrier musulman actuel) de plus tous les quatre ans.

Lui a la grâce de toujours avoir remporté ses combats contre des humains ou animaux, donc de n'avoir jamais manqué de nourriture. Même dans sa traversée, il a toujours su trouver les rochers abritant même de maigres sources, les points d'eau hors des fleuves, attirant les animaux, survivre. D'ailleurs des millions de gens survivent dans les milieux hostiles, comme dans les déserts, où il faut juste se protéger du chaud le jour puis de la fraîcheur la nuit. 

Son nouvel habitat est sec mais pas désertique, l'eau n'y manque pas, beaucoup d'arbres noueux la puisent à travers la roche schisteuse -encore un mot grec, où skhistos signifie fendu- gris clair, de leurs profondes racines, les habitants les désignent comme elya, ou parfois un mot-lexi bien plus long, qu'il ne retient pas encore, elaio quelque chose. 

En se nourrissant principalement de moutons, provata, vêtu comme un esclave, sklàvos, basané comme eux, son air sauvage et sa lance l'amènent, en suivant le soleil au plus haut sans bien sûr le regarder, à une immense construction fortifiée et protégée, aussi grande que les temples sumériens, difficile à ne pas voir même en marchant sans savoir ce qu'il cherche exactement. 

Il parvient à voir derrière les murailles gardées des arènes αρένες où tous les mâles, même très jeunes, apprennent à se battre sur un sable qui lui rappelle vivement Sumer. Ont-ils aussi des vierges de l'eau, qu'ici on appelle parthenes ? 

Sparti, comme il en apprendra plus tard le nom, l'onoma, est gardée même de nuit, il doit donc les laisser prendre sa lance et sa bourse, mais les vigiles αγρυπνίες lui laissent ses maigres hardes. Les Spartiates, bien qu'ils s'enduisent le corps d'huile, n'ont pas les mœurs de leurs voisins athéniens qu'a d'abord rencontrés Jos, ni leurs blanches robes, ni leur musique. 

Si les gardes l'ont laissé rentrer c'est qu'ils ont reconnu sa tenue d'esclave et ont pensé plus ou moins à raison qu'ayant réussi à se libérer de son maître et muni d'une lance brillante qu'ils n'ont jamais vue, il savait peut-être se battre, leur seul intérêt pour le combat les y rendant experts.

Sans lui parler, ils le poussent désarmé vers une arène où les participants le toisent : sa récente maigreur  flasque d'affamé des voyages ne semble pas plus les convaincre que son air sauvage, ce n'est pas le premier barbare qu'ils tuent. 

Sous le regard des deux vigiles qui le poussent, un homme à l'air plus jeune que lui s'approche, et d'un hochement de tête vers le nouveau combattant, les gardes lui pointent leur épée dans le dos vers le centre de l'arène, pas le choix, il va de nouveau falloir se battre. 

Ses réflexes de combattant aguerri, acquis depuis des décennies, lui font prendre le bras gauche de son adversaire pour le projeter vers les deux gardes spectateurs, ce qui les surprend et permet à Jos de s'emparer vivement d'une de leurs deux épées, qu'il tourne vers l'autre homme casqué, le seul  présent encore armé. Surpris, tous ceux visibles s'arrêtent, puis le garde désarmé, probablement vexé, appelle à l'aide d'un ordre sec. 

Plusieurs soldats accourent en quelques secondes et entourent Jos, bien forcé de battre en retraite pour poser sa nouvelle arme pourtant légère et plus maniable que sa bonne vieille lance, compagne de ses centaines de combats, sans compter les animaux qu'elle transperçait sans même y penser tous les jours jusqu'à encore ce matin. 

Sans qu'il puisse les repousser, seul parmi tous, les nouvelles forces en présence lui attachent les poignets d'une solide corde et le poussent au-delà des arènes vers une salle à l'ombre et fermée, vide, qu'ils ouvrent pour lui. 

Son arrivée est l'événement-periptosi le plus violent depuis son dernier combat militaire, du temps béni de l'empire sumérien, et pourtant dès que les soldats le laissent seul, enfermé et les mains liées, il repense à la vierge dont il était amoureux, ses enfants, à Sumer, Ishtar, son long périple, puis le doux son des lyrès.

Se battre est un acte animal ne laissant aucune pensée, les soldats ou tueurs, en série ou d'autres, appliquent au mieux des techniques ou stratégies, mais le célébrissime art de la guerre de Shun-Zu stipule bien que tout combat est gagné avant même de commencer, comme l'ont si bien prouvé les batailles de Waterloo, Stalingrad, Pearl Harbor ou encore la guerre en Irak puis en Syrie, terrain d'entraînement en conditions réelles des armées de tueurs du monde entier. Le marché des armes est le plus lucratif de tous, jamais il ne s'arrêtera. Le deuxième plus gros marché mondial est d'ailleurs celui de la drogue, dont une majorité des bénéfices sert à acheter des armes, éternel cercle vicieux si bien chanté par Brel dans le "Ça va" écrit par Juliette Gréco.


Pour Jos qui depuis enfant triomphait aisément de tous ses affrontements, il n'y repensait jamais, agissant instinctivement, pour apprendre à se battre à ses enfants il les avait juste poussés les uns contre les autres en stimulant les vainqueurs. 


Son arrestation s'est produite en quelques minutes, trop rapidement pour réfléchir, et même les Spartiates n'en ont tiré comme seule conclusion d'avoir mis au frais un dangereux adversaire, malin, habitué aux combats mortels et vif comme l'éclair. Un gros avantage potentiel dans leur guerre contre Athènes. S'ils arrivent à le dresser, ou juste à l'obliger à combattre avec eux, car ils tuent tous leurs déserteurs sans autre forme de procès. 


Adversaire qui en profite pour se reposer, dans le noir, sans avoir depuis déjà si longtemps ni soif ni faim, un gros progrès pour lui. 


De toute façon après son sommeil-ýpno, réveillé par des coups frappés sur la solide porte, une chéri (main) anonyme lui fait passer une plaka, assiette de grès, et un broc de liquide qu'il ne connaît pas mais à l'odeur délicieuse rappelant les arbres qu'i côtoie depuis plusieurs jours : de l'elayolado, huile d'olive en français. 

L'odeur l'attire vers la karafa et la viscosité de ce qu'il boit pour la première fois l'arrête au bout de deux ou trois gorgées, surtout qu'il n'a pas vraiment soif. Les galettes dans l'assiette terminent son premier vrai repas civilisé, Sumer n'étant au fond que la tribu ayant inventé l'écriture, entre autres grandes choses. Une grande tribu géniale plus qu'une réelle cité, même si ses experts la qualifient de première civilisation. Et de tout ça il n'en sait rien, n'étant que sumérien. 


Le grain qu'il touche en la tenant, proche du pisé babylonien résistant à tout, ayant survécu à six mille ans de guerres et tremblements de terre, lui est familier, mais elle est moins solide  que celles qu'il utilisait avant et il a tôt fait de la briser en deux pour s'en servir d'arme de fortune. 

Pourquoi donc le nourrir après avoir voulu le faire se battre ? 


Si vous buvez de l'huile d'olive vous en aurez longtemps le goût en bouche, et Jos, ayant reposé son assiette vide, s'en pourléchait encore les doigts, quand la porta se rouvrit sur les premières lueurs du jour naissant. Quand on lui apporta son repas il dormait encore, tourné vers le mur, il ne savait donc pas encore qu'il faisait jour, juste qu'il avait suffisamment dormi, bien que tiré du sommeil, il se sentait en pleine forme, comme au milieu des moutons, tout ce qui lui arrivait depuis qu'il avait à nouveau entendu de la musique lui paraissait providentiel, sans nul doute un signe que la déesse Ishtar veillait sur lui ! 


C'est donc plein d'espoir qu'il se tourna naturellement vers le bruit de la porte puis la lumière. 

Un soldat qu'il ne reconnut pas depuis sa cellule obscure où il était assis lui fit signe de sortir, il se leva donc, ne pensant déjà plus à ses tessons d'assiette. 


L'homme le poussa vivement dehors, où il retrouva vite les arènes aperçues la veille, mais aucun de ceux qu'il y avait vus. 


Un géant lui cria quelque chose, le faisant se retourner d'un coup. Il ne portait que ses récentes frusques d'esclave, le géant lui avait une sorte de harnais de cuir (derma) autour des épaules et surtout, une massue qu'il brandissait. 


Jos se rappela soudain l'assiette brisée mais trop tard, car derrière lui, le soldat, ayant déjà refermé la porte, observait la scène, comme les dizaines d'autres personnes amassées autour d'eux. 


N'ayant pas d'arme, son expérience du combat (agonas) lui intima de prendre de la hauteur mais les murs ne s'y prêtant pas, il s'approcha des gradins, où personne ne le repoussa ni ne l'évita, ils attendaient juste de voir l'issue de ce duel. 


Plus haut que le géant, il le regarda de nouveau. 

Le mastodonte s'approchait sans crainte. 


Pour tuer un taureau il faut le planter à la nuque, mais celle du gigantas est plus haute que lui. 

Entouré de combattants au repos, il se saisit d'une lame près de lui en visant le géant, qui voit son geste et l'évite. 

Rien à faire d'autre donc il redescend dans l'arène et trottine vers la lame, une vingtaine de mètres plus loin, en remontant dans les gradins adjacents. 


Le géant, moins rapide, arrive quand il est déjà à l'abri, mais la situation réclame une issue, s'il reste au milieu des autres ils finiront bien par le pousser vers le combat. Pour l'instant, seul Jos et son adversaire sont en mouvement, le soldat qui l'a sorti de sa prison s'est assis avec les autres. 


Il a déjà vu des éléphants, d'ailleurs un mot grec, mais n'en a jamais combattu, Sumer s'en servait bien plutôt contre leurs ennemis, comme Hannibal trois mille ans plus tard en déferlant sur Rome depuis Carthage, en Tunisie actuelle. Il imagina devoir se battre contre un chameau, ce qui le fit sourire tellement ces animaux sont stupides et pratiques. 


Sans autre choix, sentant le regard de la foule réunie pour lui, il redescend lentement, le géant l'attendant. 


Son poignard face à une massue de deux mètres. 


Il s'éloigne du géant en trottinant de nouveau, dans l'idée de le fatiguer, ce qui a surtout pour effet s'agacer son adversaire, qui recommence à crier vers lui. 


Bon. 


Engager les hostilités lui semblait dangereux, dans l'état actuel des choses. Il lui fallait se débarrasser de cette foutue massue sans y perdre un os. 


Revoyant fugitivement les carcasses des moutons de ses derniers jours, lui qui avait vu si peu d'animaux (zoa) différents dans sa vie (zoi) pourtant déjà avancée, il continua de courir quelques minutes puis s'arrêta à quelques métra de son ennemi désigné, pas fâché de cette pause soudaine, cette spasei bienvenue, kalorosiste.  Ils se toisèrent. 


Le premier à bouger de nouveau fut le géant, décidément sans crainte. Si c'est lui qui est là pour le combattre, c'est peut-être parce qu'il est le meilleur d'entre eux. A-t'il déjà perdu, une seule fois ? Son attitude laisse penser que non. 


Un adversaire sans peur est le plus dangereux de tous, la seule solution est de le prendre par surprise, mais comment ?! 


Éviter la massue lui est assez facile, étant plus rapide que son porteur, il continue donc de le fatiguer, en économisant ses propres mouvements. 

La lame au bout de son bras inerte ne lui sert à rien, d'ailleurs le géant semble s'en ficher pas mal. Comment entamer son cuir bestial, son derme huilé ? 


Instinctivement, il sent que la lancer n'aurait pas plus d'effet que la première fois, c'est un geste trop facile à anticiper, d'où le succès, bien plus tard, des armes automatiques. 


Il lui faut donc la manier, lui qui connaît surtout la lance. 


Remontant dans les gradins au hasard, il pose le poignard et se saisit d'une épée comme celle dont il s'est emparé la veille, même si pendant de trop courtes secondes seulement. 


Bon intermédiaire entre le couteau et la lance, l'épée est l'arme la plus populaire pour une simple et bonne raison : on peut la ranger à son côté, avec ou sans fourreau, grâce à une simple lanière. 


Sauf que ce qu'il doit faire maintenant, c'est se battre contre un adversaire redoutable, et il ne voit pas de lance autour de lui. Il ne sait pas que les soldats les réservent aux combats extérieurs, pour ne pas diminuer leur propre population lors de leurs violents entraînements. Chez lui, ils entraînaient avec leurs armes de combat émoussées.


Autre handicap, le géant, comme tous autour de lui, a la peau brillante. Sans doute aurait-il dû s'enduire lui-même d'huile, mais sa douce odeur fruitée lui avait surtout donné soif, aussi sèches qu'étaient les galettes. 


De toute façon, huilée ou pas, la massue pouvait l'abattre s'il n'y prêtait pas attention. 


Vaille que vaille il s'en approcha, continuant d'éviter les gestes assez lents et imprécis du géant commençant à fatiguer. 


Quand ils furent à portée d'épée, il commença à tourner autour de sa victime du jour. 

 

Encore plus agacé, le géant commençait à s'impatienter et hurlait violemment. 


Il attendait quatre coups de massue puis avant que le cinquième ne termine sa course aérienne, il entailla le géant au haut de la cuisse gauche, et le sang jailli l'excita. 


Le géant cria, reculant d'un bond, la foule commençait à sortir de son attentive torpor. 


Le premier sang est souvent le plus important, surtout chez les animaux. Les Grecs l'appellent l'ayma.


Le géant, une fois soigné, porterait sa première cicatrice, à moins qu'il en ait d'autres cachées par son harnais. 


Quant à Jos, satisfait de son coup, il attendit simplement que le géant se remette, ce qui prit de bonnes minutes, car il essaya d'abord de déchirer ses lanières de cuir sans y parvenir, pour finir par arracher le vêtement d'un des spectateurs surpris pour se l'enrouler autour de la cuisse, ce qui ralentit un peu l'hémorragie et eut surtout un effet psychologique sur son porteur, qui regardait désormais le gringalet différemment. 


Le géant parla au groupe, qui lui répondirent, il semblait demander une trêve.


Jos n'avait rien à faire d'autre que regarder la scène, évidemment un mot grec, créateurs et grands amateurs de théâtre et autres tragi-comédies. Que serait-donc notre monde sans les inventions grecques ? Bien ennuyeux, sans doute. 


Sans réaction de son adversaire, il se dirigea vers sa cellule, s'arrêtant près de la porte. 


Le public, indécis, parlait, mais même leurs gestes lui étaient obscurs. 


Au bout de longues minutes, même si Jos ne connaissait pas l'impatience, le soldat de tout à l'heure revint lui ouvrir, lui prenant en même temps l'épée dont il s'était servi pour blesser son adversaire. 


Le soldat était agacé, personne d'ailleurs n'avait l'air satisfait, mais le géant ne voulait pas retourner au combat, même en poussant sa lourde masse glissante à plusieurs, rien à faire. 


Une fois la porte refermée, il mit les morceaux d'assiette dans un des coins-goniès opposés à la porte et se recoucha au milieu du vacarme extérieur-exo, qu'il pensait avec raison dirigé contre le géant. 


Il se dit être tombé sur un peuple de combattants désireux de le jauger, et espéra qu'il ne s'y prendraient pas à plusieurs, car ses seuls combats multiples remontaient au sein de l'armée sumérienne, et que seul, il ne pouvait les éliminer qu'un par un, ce qui est plus difficile dans un espace limité que sur le  terrain ouvert des batailles.


Les voix-foni finirent par s'éloigner, et lui par se rendormir, de nouveau plongé dans l'obscurité. 


Autre jour, autres problèmes, pour paraphraser un message d'un des contemporains du Christ, parlant encore plus adroitement et fortement que Jésus, le grand empereur Marc-Aurèle "Voici la morale parfaite : vivre chaque jour comme si c'était le dernier ; Ne pas s'agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant.".

Il ne savait pas d'autre langue que la sienne, mais cette morale lui aurait plu. Hier, il n'avait pas fait semblant de se battre. Il ne faisait jamais semblant, à l'inverse des dramaturges grecs qu'il avait voulu rejoindre pour mieux écouter leur lyres et tenter d'apercevoir leurs prêtresses sacrées.


Réveillé avant les coups sur sa porte, cette fois, il attendait dans l'obscurité, curieux de son avenir. Le Christ a tenté de refuser le sien, "Père, éloigne-cette coupe de mes lèvres", mais s'est bien vite résigné devant son inévitable destin "Mais que ta volonté soit faite, pour que les écritures s'accomplissent".


"Nul ne sait le jour ni l'heure", a-t'il dit aussi. Nul non plus ne peut refuser son destin, aurait-il pu ajouter.

Le plus célèbre contemporain de Moïse, ou Moussa pour son vrai nom, s'appelait en naissant Siddhartha Gautama, en s'éveillant il acquit le surnom de Bouddha, comme le raconte si bien si le Nobel Hermann Hesse. Bouddha dit que si l'on refuse une épreuve, elle se présentera jusqu'à ce que l'on en triomphe.

Jos n'a jamais refusé la difficulté, car il a été élevé avec, et quiconque sait le prix de la vie en aime le sel.

Bouddha, entre parenthèses, est né en Inde, et pas au Népal, l'UNESCO, du patrimoine mondial, le sait, mais ne peut pas déplacer la reconnaissance de son temple sans demande officielle de l'Inde, qui s'y refuse car le bouddhisme interdit les castes, groupes fondant la société hindoue : en Inde, tout est basé sur la naissance, si votre destin est d'être un-e dalit, intouchable, nul ne pourra vous toucher et vous serez paria.

C'est la société la plus inégalitaire de toutes, dans laquelle la femme ne peut aller sur internet sans le contrôle d'un homme.

Beaucoup de gens connaissent l'Inde pour ses ashrams, il faut y aller pour découvrir son affreuse face cachée, pire encore que la dictature chinoise pourtant pas glorieuse non plus, mais au moins, les Chinois, même malades, vivent plus ou moins tous pareil, alors qu'en Inde les inégalité, les exclusions intolérables, sont le pain quotidien du pays le plus peuplé du monde avec son voisin chinois. Les deux se détestent depuis des millénaires, la troisième guerre mondiale pourrait très bien se déclencher là-bas, et être bactériologique. Vous avez dit corona ?

C'est fou tout ce à quoi l'on peut penser dans l'obscurité, non ? En tout cas Jos ne connaissait pas plus la masturbation que l'esclavage, ayant très tôt goûté au plaisir de chevaucher une fille.

C'est même ce qui le faisait rechercher la musique, qu'il associait inconsciemment et depuis toujours aux vierges intouchables de ses rêves les plus fous.

Plus il y pensait plus son sang tournait, et seuls de puissants rêves érotiques venaient peupler sa solitude, telle la fameuse tentation de saint Antoine qui voyait des vierges nues se précipiter sur lui dans son désert.

Et seul dieu sait jusqu'où peuvent aller les fantasmes d'un homme.

Mais il ne rêvait plus et attendait, résigné, voyant le jour sous sa porte, ayant fini son huile et même les miettes de ses galettes.

L'extérieur, silencieux, lui parut suffisamment sûr, surtout après l'épisode de la veille, pour entrebâiller la lourde porte, glisser un regard sur la place vide, pour finalement sortir en quête de pitance.

Personne : soit ils le craignaient, pourtant nombreux, soit, il ne comprenait pas cette nouvelle situation aussi inattendue que bénéfique, le rendant complètement maître non seulement de la situation, mais d'une cité fortifiée entière ! Rare privilège, habituellement réservé aux empereurs victorieux d'un peuple à l'échelle d'un pays, comme bien plus tard Hitler se promenant tranquillement dans un Paris encore plus vide que durant le confinement.

Jos dépasse l'arène, marchant vers la trace du sang versé pour y tremper un doigt, comme en traquant les animaux, mais le sang humain, salé, ne l'a jamais mené à sa proie, n'étant pas cannibale, et lors des guerres, l'ennemi était tout autour, pas besoin de le chercher, ou alors c'était juste une partie de cache-cache mortel.

Ses pas le mènent instinctivement vers l'endroit d'où il est rentré, vide également. Avant de repartir, une nouvelle fois débarrassé du souci des autres hommes, il doit quand même rechercher sa lance en visitant le lieu désert de son exploit, désormais en terra cognita : aux arènes succèdent des pièces à vivre plus sommairement meublées que chez lui, mais moins vides que celle où ils l'avaient poussé; l'eau y coulait par rigoles, moins spectaculaires que les fontaines qu'il avait vues plus au nord, digne des jardins suspendus, autre merveille du monde, comme le temple d'Artémis à Éphèse, mais pas moins pratiques, et il y puisa de quoi nourrir sa soif, avant de se focaliser sur sa lance, sans même chercher de butin, qui s'il existait, était bien caché, voire enterré.

Hélas tout avait été vidé, à croire que les Spartiates ne possédaient rien d'autre de précieux et transportable que leur armement, comptant désormais une lance cuivrée qui devait leur paraître magique, personne n'en ayant jamais vu dans cette région où le cuivre était trop cher pour les armes (métalliques, comme partout dans cet âge du fer succédant à celui du bronze), servant plutôt de monnaie d'échange, comme l'or ou l'argent. 

De retour dehors, furieux d'avoir été spolié, la colère contre ses nouveaux ennemis invisibles faisant place à sa satisfaction précédente d'en avoir apparemment triomphé, il décida de les traquer, rendu bon pisteur par ses longues marches nécessitant de survivre en chassant, véritable vie sauvage et animale, assez classique jusqu'à la Révolution industrielle nous apportant notre nourriture directement dans l'assiette.

De toute façon, s'il revenait vers la musique, à plusieurs semaines de marche rapide, il risquait un même rejet qu'auparavant,  et avancer sans arme lui était impensable.

Il décida d'abord, comme longtemps auparavant à Sumer d'attendre en faisant le point sur sa situation rendue périlleuse, en bivouaquant à vue d'œil de leur fortification déserte, s'aménageant un foyer, facile à allumer dans ce, pays plus chaud que le sien, avant de partir chasser à la main et avec des cailloux les petits animaux blancs qui paissaient tranquillement un peu partout. Bien que sédentaires, les Sumériens n'étaient pas bergers, ne connaissaient d'ailleurs pas les moutons, qu'il n'aima pas ouvrir sans lame, trifouillant au milieu de leur laine.

S'il avait connu les animaux-totems des Amérindiens, à l'autre bout de la planète certes, mais ses contemporains, il y aurait vu un ours, mais pour lui les animaux représentaient la viande, le lait ou le combat, les éleveurs de Sumer n'ayant été ni très nombreux ni très mis en valeur, car c'était une société organisée autour du combat, comme la plus fameuse Sparte qu'il venait de découvrir, les autres activités y étant donc assez marginales, bien que nécessaires à la survie du groupe, à tout le moins à ceux incapables de chasser.

L'avantage du feu étant de faire de la fumée, il attendit patiemment toute une journée, ne voyant pas l'intérêt d'occuper les lieux vides quand il était plus à l'aise et libre à l'extérieur, rassasié et profitant de ce climat si agréable qu'il découvrait encore, et tout simplement jouissant d'être encore vivant et entier, bien que malheureux de son manque cruel, aussi nu et dépourvu qu'un nourrisson.

Les Spartiates pensaient peut-être désormais la même chose en s'étant débarrassés de lui, même s'il se doutait bien qu'ils pussent abandonner plus de quelques jours une telle construction, demandant des années de labeur d'un peuple : et si d'autres gens qu'eux venaient et la découvraient inoccupée, voire des animaux ?

Le temps passe vite quand on est occupé à réfléchir à une situation importante, et la nuit, nyctos, finit par tomber, lui faisant voir la Lune rythmant son calendrier, presque pleine même s'il avait depuis des mois perdu le compte des lunaisons.


Quant aux étoiles, les dirigeants sumériens savaient les reconnaître, et il n'en avait appris, en tant que guerrier, que les principales et plus visibles (les Ourses et Sirius, ou Vénus, pour les planètes, l'étoile du berger et des rois mages qui la suivront jusqu'au berceau de paille du petit Jésus, depuis marqué d'une étoile en marbre rose et blanc au sous-sol de l'église de la nativité, en Palestine, à Bethléem, la maison du pain en arabe), histoire de ne jamais se perdre de nuit, comme les marins.

Toute école devrait apprendre la Lune, le Soleil et les constellations majeures, voire du zodiaque, à ses élèves, aucune ne le fait en France, où les professeurs sont recrutés par une épreuve de leur spécialité, et les astronomes n'enseignent qu'à l'université, alors que c'est la matière la plus essentielle de toutes, mais tous les Français savent bien que l'école n'a jamais servi à rien, c'est même pour ça qu'elle est obligatoire, sinon personne n'y irait.

Quel prof de physique de lycée, hors prépa, connaît les constellations ? Alors que ce savoir est nécessaire et donc demandé pour réussir les diplômes de guide ou d'accompagnateur en montagne, pour leur survie et celle de leurs clients, dans la nuit.

Jos savait donc plus de chose qu'un Français moyen de 2020, vivant pourtant plus de trois mille ans avant lui, ce qui est quand même assez exceptionnel, car avec l'augmentation de la technologie, le progrès, nous avons globalement de plus en plus d'objets et donc de choses en tête : comparez la vie des sauvages, voire des gens du voyage, à la vôtre : vous avez, nous avons tous, mille fois plus de possessions matérielles qu'eux, un logement etc., et pourtant, à quoi sert tout cela une fois dehors ?!

Peut-être d'ailleurs savons-nous en parallèle (tiens, un mot grec !) de moins en moins de choses ES-SEN-TIELLES ! L'essentiel se dit en grec ousiastiko, proche de fantastiki. Peut-être est-il fantastique, en tout cas l'essentiel sert à survivre, et tous les humains devraient savoir survivre, c'est la base de toutes les bases.

La société humaine panique à la moindre petite épidémie, alors qu'il suffit d'avoir du bon sens (la grippe saisonnière, qui n'a jamais provoqué la moindre réaction, tue autant que le covid-19), ou encore plus simple, de vivre détachés de tout, libres, comme les animaux, les religieux, les manouches, ou tous les autres qui s'excluent volontairement d'une société complètement déconnecté de la survie basique, voire du réalisme économique, d'une société faible et stupide, en un mot, cher à Gustave Flaubert, médiocre.

Vivent les animaux, et vive Jos cherchant sa lance. Souhaitons, pour tous, la puissance, la survie, l'épanouissement.

Si sa vie, à laquelle il n'a jamais vraiment réfléchi, n'étant qu'un guerrier, peut guider la moindre personne, à commencer par lui-même, ce sera plus utile que toutes les réactions mondiales depuis la fin 2019 à Wuhan, au cœur de la Chine, à l'exception notable de Donald Trump qui lui au moins comprend que l'économie est bien plus importante que la santé tout simplement "car si l'économie se bloque il y aura plus de suicides que de morts du virus", qui tue à peine autant que la grippe et n'est donc aucunement dangereux, les trois quarts des porteurs du corona n'en ayant aucun symptôme.

Albert Einstein a dit entre autres vérités que la bêtise humaine est aussi infinie que l'univers, pire encore, elle est dangereuse, les humains sont tellement stupides qu'ils en meurent, les Romains le disaient déjà, vae victis, malheur aux vaincus, eux qui les crucifiaient pour marquer le coup.

Si belle langue que l'italien, vainqueurs des Grecs, dura lex, sed lex, la loi est dure mais c'est la loi, aucune des quatre mille langues encore parlées aujourd'hui sur Terre n'est plus belle, musicale ou chantante que l'italien, et quelle puissance !

Ciao, bella, ciao.










  • Très intéressant, documenté et romancé :-))

    · Il y a presque 4 ans ·
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    Maud Garnier

    • Trois fois merci, êtes-vous polyandre ?

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Aurélien Loste

  • Très intéressant, documenté et romancé :-))

    · Il y a presque 4 ans ·
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    Maud Garnier

    • Merci Maud !

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Aurélien Loste

    • Encore merci !

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Aurélien Loste

    • Oups !... j'avais pas vu que mon comm est passé en double :D)

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Maud Garnier

    • Deux fois mieux, sur l'autre je vous demandais si vous êtes polyandre, comme les Crétoises ou les Bhoutanaises, ou pas comme Louve ?

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Aurélien Loste

    • Oui oui j'ai lu la question ;-))

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Maud Garnier

    • Pardon d'être si indiscret :) En fait en 2010 une de mes premières amies Facebook, Ong Pangma, sans nous connaître, m'a proposé le mariage, j'ai répondu ok j'arrive, elle m'a présenté son mari du coup j'ai fait annuler le visa :(

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Aurélien Loste

    • Je suis mariée Aurélien...

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Maud Garnier

    • Moi aussi Maud !

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Aurélien Loste

  • Trop de maris, trop de travail.....

    · Il y a presque 4 ans ·
    Louve blanche

    Louve

  • Intéressant !

    · Il y a presque 4 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci Louve, oui ça m'intéresse également car Jos est imprévisible donc me surprend souvent aussi, par exemple je pensais qu'il se battrait avec le Spartiate comme l'y poussaient les deux soldats mais il en a décidé autrement.

      Et surtout son âge de 3187 ans m'oblige à faire à chaque phrase des dizaines de recherches internet et dans des livres spécialisés (Civilisation grecque, d'André Bonnard, le plus grand spécialiste francophone de l'Antiquité).

      D'ailleurs t'aimerais vivre en matriarcat, choisir plusieurs maris en même temps, comme le font encore les Bouthanaises, au nord de l'Inde, même si leur roi y a officiellement mis fin en déclarant que son pays est celui du bonheur intérieur brut ?

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Aurélien Loste

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