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Lev Hamels
Toi,
Putain, il y a plus rien à penser, sinon que tu as gagné. Plus rien à t'écrire, sinon que je t'ai oublié. Alors pourquoi parler à un fantôme ?
La réponse la voici. Tu m'as fait miroiter du cristal, pour me le donner en miettes et tranchant. T'avais même l'air fier de voir mon coeur sanglant. Le rouge est une belle couleur, n'est-ce pas ?
Soit, dans ma vie, t'avais tout changé, j'étais presque une fille normale, et je n'aurais voulu un autre pour rien au monde. Je t'aimais, en fait. Genre, pour de vrai. Avec toi, la vie pétillait, je souriais, je vivais. Et puis tout est parti en couille. On est partis en couille, chacun de notre côté. L'ethanol te rendait con, et le sexe me rendait folle. On était presque des étrangers. On ne se parlait plus vraiment, c'était un vrai dialogue de sourd.
Je pétais les plombs. Au lycée tout allait mal, à la maison c'était intenable, et je te sentais glisser. Je perdais totalement la pédale. Plus tu m'échappais, et plus tu m'obsédais. Je te suppliait de m'accorder crédit en gobant un peu trop de médocs. On avait chacun une jalousie maladive. C'était n'importe quoi.
Alors tu t'es finalement enfui. Tu m'as laissée avec toute ma pression, seule. Sur le moment je m'en foutais. Un peu trop sonnée je crois. Dès le lendemain, je sortais tard le soir avec un garçon qui me plaisait. Quand il s'est avéré être gay, je me suis rendue compte que j'étais dans la merde.
Alors j'ai enchaîné. Je sortais trois jours avec des mecs, et je me barrais. Mon corps n'avait plus de valeur, au final c'est comme s'il n'était même plus le mien.
Et puis pour nuancer mon mal-être, j'ai arrêté de manger. Progressivement, bien sûr. Je ne prenais plus de friandises. Puis plus de dessert. Puis plus de goûter. Puis de plus petites assiettes. J'ai commencé à trier les aliments. Finalement, je saute maintenant au moins un repas par jour, et je vomis souvent.
Au final, pourquoi je t'écris ça ? Et bien voilà. Il y a quelques mois, tu es revenu, et moi j'avais toujours pas fait mon deuil, je présume que ta damoiselle un peu plate t'ennuyait, alors on s'est aimés. Pendant une semaine, j'ai cru à nouveau qu'il y avait un avenir pour moi, et que l'amour valait le coup.
Au final, j'avais à la fois raison et tort. Je peux avancer, je peux aimer. C'est juste que toi et moi on a plus rien à voir. T'es plus le même, qu'on se le dise. Si je t'avais rencontré aujourd'hui, que je n'avais connu que cette facette de toi, je t'aurais détesté. Mais au nom du passé, je vais juste t'oublier. Pas te pardonner, non plus, t'as été une vraie ordure.
Enfin, cette lettre est là pour fermer les autres. Aujourd'hui j'ai quelqu'un, et je sais lui dire je t'aime. Ça va même te paraître dingue, mais je me vois bien dans 5, 10, 20, 40 ans avec lui. Un peu comme si il recollait les morceaux de moi que tu as jeté par terre.
Alors j'espère ne plus jamais te voir, j'espère que ça va pas trop mal dans ta vie, mais pas trop bien non plus.
Éternelle,
Moi
Dernière lettre aussi donc.
· Il y a environ 6 ans ·Je t'aime encore. Peut-être que c'est con. Peut-être que c'est salaud. Mais c'est vrai. J'ai fait un choix, j'ai préféré la lâcheté et j'en paye les conséquences. Je ne demande pas de plainte. Rien que d'imaginer que tu puisses lire ça, ça m'aide. Je suis sûr que tu comprends. Tu as foutu ma vie en l'air en quelques sortes. Je n'arrive plus à aimer. On est tous les deux fautifs, n'est-ce pas? Je suis heureux que tu ais trouvé quelqu'un. Vraiment. Ton bonheur me rassure un peu ; je n'ai pas tout foutu en l'air chez toi. J'espère que tu réussiras là où j'ai échoué.
Un dernier petit papillon qui t'étais si cher.
Amicalement,
Une Ombre
martin-g
Pourquoi tu fais ça ?
· Il y a environ 6 ans ·Lev Hamels
Je ne sais pas. Je crois que ça me fait mal que tu m'oublies. Mais oublie moi, je t'en prie, ne commençons pas à discuter. C'était censé être le dernier message.
· Il y a environ 6 ans ·martin-g
C'est que je le pensais sans réponse. Tu penses vraiment que je t'oublie ? Après l'impact que tu as eu ? Sois lucide. Un premier amour, ça ne s'oublie pas. Et encore moins quand on est fleur bleue comme moi.
· Il y a environ 6 ans ·Lev Hamels
Et tu crois vraiment que l'homme volcanique que je suis peut changer? Ne plus être le même?
· Il y a environ 6 ans ·Je dirais : soyons lucides
martin-g
Ai-je parlé de changer ? Note cependant l'absurdité de cette conversation. Tu te rappelles à mon souvenir pour me dire de t'oublier ? Encore une fois, soyons lucides.
· Il y a environ 6 ans ·Lev Hamels
Il m'arrivait d'imaginer. Moi écrivant un livre. Toi aussi sans doute. Se retrouver sur un plateau de télé, paraissant ne pas se connaître. Débattre, être ennemi philosophique. J'imaginais tout ça. J'ai essayé de te haïr comme tu m'as haï, j'ai essayé beaucoup de choses. Comment s'en sortir? Sortir de cet enfer que sont les regrets? De ce jour où, sans bonnes raisons, j'ai fait ce choix? Nietzsche m'a aidé un temps. Mais lui-même était rongé par ses désirs. Sartre est plus lucide à ce propos. Alors, dis moi : Devons-nous vivre comme ça? Ayant mal au ventre en pensant à l'autre. En se demandant si un jour on va le revoir parce qu'il serait sans doute mort? Comment on fait, hein?! Comment on fait pour vivre avec ça?
· Il y a environ 6 ans ·martin-g
Oublie ce message... C'était une erreur, excuse moi... Excuse moi pour tout.
· Il y a environ 6 ans ·martin-g
Tu crois que je le sais ? Je pensais t'avoir oublié, ou presque. Que t'étais plus qu'un passage de ma vie. Je l'imaginais aussi, ce bordel ! Se retrouver par erreur et faire mine de rien. Je t'imaginais revenir, et jouissivement t'envoyer te faire foutre. Parce qu'on est tous les deux forts à ce jeu, imaginer des choses pour nous déglinguer le moral. Et là ça arrive, et là je reste comme deux ronds de flan. Je réfléchis aux mensonges que je me faisais à moi même. Je t'ai oublié, mon cul ouais. T'étais tabou. Personne devait parler de toi. Je te traitais allégrement de connard, et pourtant, quelqu'un l'a fait ce soir, et c'était un putain d'électrochoc. Tu crois que je le sais ? Je pense encore souvent à toi, et putain ces retpurs en arrière, tu sais ? Où j'en étais l'année dernière, deux ans avant... Je reviens tellement souvent à toi ! Parce que ouais, moi aussi j'y ai pensé à ce 28 octobre. Ça aurait fait deux ans, pas vrai ? Je suis aussi pommée que toi dans cette histoire.
· Il y a environ 6 ans ·Lev Hamels
Tu crois vraiment que je peux oublier là où j'en suis ?
· Il y a environ 6 ans ·Lev Hamels
J'aurais aimé que ça se passe mieux. J'aurais aimé que tu restes au Havre. J'aimerais que tout recommence. Mais à quoi bon? Soit je te ferai du mal soit tu m'en feras. Amour impossible... Saloperie d'amour impossible. Pourquoi toi? Pourquoi tu es si géniale bordel?
· Il y a environ 6 ans ·martin-g
Je suis tout sauf géniale. Enfin, cette dévaluation n'est pas vraiment le sujet. Moi aussi
· Il y a environ 6 ans ·Lev Hamels
Honnêtement, je veux croire à un recommencement. Je le veux, à ce jour c'est mon voeux le plus cher... Tu serais près, j'essaierais si tu étais d'accord. Mais si loin? Chacun ayant sa vie maintenant, d'autres expériences que l'autre, si éloignés... Il nous suffirait de quelques mots pour tout relancer en vérité. Cela parait si simple. Mais j'ai peur que ce soit une erreur. Tu as l'air d'être bien de ton côté et moi, malgré tout ça, je reste stable. Que se passerait-il si on essayait? Bordel, je m'éloigne là. Comme d'habitude. Je réfléchis en écrivant en oubliant que tu es là.
· Il y a environ 6 ans ·martin-g
Cette discussion doit continuer autre part. Je t'envoie un message sur messenger
· Il y a environ 6 ans ·Lev Hamels