9h02

oserlesmots

Deux minutes, rien que deux minutes mais pas n'importe lesquelles. Avant, je ne le connais déjà plus tellement on m'a propulsé avec une violence inouïe dans ces deux minutes et toutes celles d'après où je suis anesthésiée. Pourtant une rage folle  gronde en moi, un torrent déchaîné alors qu'étrangement à la surface nulle vague, nul cri vient à révéler ce qui vient de se briser. Impassible je suis, je n'y crois pas, je ne veux pas y croire. Maudit message où chaque consonne, chaque voyelle a ourdi une kabbale contre mon univers. Tout explose. Pas un atome ne leur échappe. Il ne reste rien. Rien. Voilà c'est ça. Le néant m'attend et de ses bras crochus me séquestre dans la froideur de l'arrêt brutal de ma vie en ce jeudi. Si je suis morte ? Non pas comme on l'entend.

Depuis e matin à 9h02, la vie telle que je l'ai connu n'existe plus....

Rien qu'un sms et des millions d'étoiles s'éteignent. La Terre cesse de tourner et le soleil de briller. Il fait noir. J'ai froid. J'ai peur. Je veux lutter. Je voudrais lutter 9pour rejoindre la surface. Je ne peux pas. C'est trop tard.

A 9h02, mon téléphone a vibré. Les élèves venaient à peine d'entrer dans la classe. Le temps que tout le monde soit en bon ordre et dans le calme, j'ai pris le temps de ma curiosité. Peut-être un message de Lui ? Qui sait, ce serait une bonne surprise après la soirée si agréable de lundi soir. Non. Décidément, ce n'est jamais ce qu'on attend. Au dépourvu je suis prise et encore c'est un doux euphémisme mais comment décrire cette sensation ? Le souffle coupé ? Mes muscles qui fondent tant la lave les attaque ? L'aberration devant ces quelques mots que je ne veux pas comprendre ?

Comment vous le dire ? Oui ce matin, ce jeudi qui aurait dû avoir le parfum de la crème brûlée de ma voisine Fanny que je devais retrouver à 18h a finalement un goût que je me sens incapable de décrire. C'est pire que le vomi, pire que l'odeur de renfermé d'une maison qu'on aurait oublié de visiter pendant des mois...c'est le goût de l'amertume de ce qui ne sera plus, de ce qu'on ne pourra jamais rattraper, jamais revivre...

9h02...salle 105...cours à peine commencé...un sms...un téléphone qui vibre...ces quelques mots...

Non je n'y arrive pas, ma vue se brouille...j'y crois pas, je ne veux pas. Je ferme les yeux. Je suis prête à pactiser pour qu'on me rende ce que je n'ai plus.

Ce matin aux alentours de 8h15-8h30, un véhicule s'est déporté sur la file de droite sur l'autoroute...à ce moment là, un grand choc a provoqué un hurlement dans cette familiale grise...elle venait de heurter un motard.

Non je ne pouvais pas recevoir un message de Lui...

9h02 : Franck a eu un accident. Bouges pas, je viens te chercher. signé Thérèse (sa maman...future  belle mère, ce que j'ai cru lundi soir)...

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