A Anne Frank

A Anne Frank, à sa statue profanée, je ne veux même pas savoir par quels signes haineux et stupides, on tombe vraiment très bas, elle que le ciel faisait rêver, et qui a ému des millions de jeunes dans le monde. Anne Frank, toi qui te racontais dans un contexte de guerre affreux, tu n'as pas raconté la guerre, tu ne pouvais pas, cachée comme tu l'étais dans cette annexe de bureaux, je ne sais plus exactement ce que c'était comme immeuble, comment t'a-t-on retrouvée toi et les tiens, je ne sais plus, tes persécuteurs étaient si terribles. Je n'ai quasiment pas de mots ce soir, c'est vrai qu'il est tard, minuit passé, quel ange viendra te protéger, maintenant que ta statue est profanée. Lointaine Amsterdam, je ne connais rien de la seconde guerre mondiale là-bas, mise à part cette chasse aux juifs, cette ville a-t-elle été bombardée, y a-t-il eu des combats, des fusillades? Je me suis arrêtée à la capture de cette chère Anne et de ceux qui l'entouraient,  je ne me souviens  précisément que de la fois où elle a été arrêtée, était-ce le jour en fait, était-ce la nuit, je ne sais plus. Je me souviens de la dernière page d'un livre que j'ai fermé avec un sentiment de vide peut-être, je ne sais plus, j'étais adolescente, comme Anne, ça remonte à très loin. Je ne relirai pas ce livre même s'il est attachant. Je me rappelle les fois où j'ai voulu reculer le moment où elle serait capturée.

Tu as fais partie de ma vie, une fois, intensément, comme la plupart du temps où je lisais un livre. Je ne suis pas la seule à avoir été émue par la profanation de ta statue, et c'est tant mieux je dirais. Il n'y a pas que des loups sur terre. Pardon à ceux qui aiment cet animal, ils ne sont pas forcément des gens cruels. ça me rappelle une chanson de Serge Reggiani: " Les loups, les loups sont entrés dans Paris". Il est maintenant presque une heure du matin, je me vois aller me coucher, je n'ai même pas chercher à voir la statue profanée d'Anne Frank. Anne Frank, ça résonne en moi comme une amie que j'ai connue tant elle partageait avec les lecteurs des choses personnelles, et même intimes par moment. La fin du livre se termine comme un prologue, disons. Un prologue qui invite à lire le journal d'Anne, une simple jeune fille qui a su restée elle-même, qui connaîtra plus tard les horreurs de la guerre. Je sais d'où vient ce sentiment de vide auquel j'ai fait allusion tout à l'heure: il vient de cet immeuble devenu complètement vide après l'arrestation de ses occupants, ça aussi ça peut être horrible, mais relativisons, relativisons.