A coeur ouvert

lune-noire

" J'aurais voulu commencer l'histoire par la fin. Ne pas m'attacher, ne pas ressentir de la haine, ne pas ressentir ce que je ressens maintenant. Vivre, être libre, partout et ailleurs "

    Ce soir, je vais prendre ma plume. Pas d'encre ni de sang. Ma plume d'âme seulement. Je sais d'ores et déjà que ça va devenir du grand n'importe quoi, mais j'ai besoin de parler, d'écrire à cœur ouvert. 

    Je suis assise, dans le noir, en ce moment même. Et je n'ai pas envie d'allumer la lumière. Parce qu'à chaque fois, elle ravive toutes ces émotions que je ressens, ces sentiments si puissants qui transpercent ma chair, à chaque fois que j'y pense.

    Je me suis menti. Trop menti. Trahie même. J'ai pas cessé de dire que de toute façon, j'allais pas m'attacher, parce que je pars. Je dois partir, c'est mon projet, c'est ce que je veux. Je voulais pas être égoïste et demander à quelqu'un de m'attendre, pendant dix longs mois. Je voulais pas commencer une relation à distance. J'ai l'impression d'être à la place de ce que je ne voulais pas pour les autres. Attendre après quoi, qui?

    Et puis un jour, j'ai parlé. Je me suis confiée. J'étais complètement aveuglée. Complètement dans mon projet, dans mon plan parfait de "Pas d'amour avant Erasmus". Ce que j'ai oublié, en cours de route, c'est que je suis une fille. Et que je réfléchis comme une fille. Alors oui, si je devais dire ce qui m'a fait craquer, je te dirais que ce sont les longues conversations, la confiance aveugle que je te donnais. Ces messages dès le réveil, jusqu'au coucher. Cette complicité que j'ai trouvé et que je trouverai jamais ailleurs. Ce bien fou que ça me fait, de te parler. Ces façons qu'on avait, de se compléter. Les pièces manquantes des puzzles.  Les sourires qui me paraissaient complètement niais. Les petites inquiétudes, que tu glissais dans les conversations, quand je reprenais ma route. Ces horoscopes que j'ai lu et où je me disais toujours "Bingo, c'est exactement ça". Ce caractère si doux et si reposant que tu as. Ta façon de toujours positiver. Ton côté taquin. Toutes ces musiques que j'ai écouté & qui me faisaient penser à toi.  Cette façon de te moquer de moi. Ta personnalité si simple et tellement éloignée de la mienne. Tes petites attentions toutes mignonnes. Le fait que je pouvais être entière, et être moi-même avec toi, sans retenue, sans masque.

    Alors ouais, j'écris ça, et j'ai l'impression de ne même pas être à la hauteur de tout ce que j'aurais voulu écrire pour représenter la réalité. Comme si c'était abstrait, comme si c'était presque impossible. Je ne manque pas de ma plume, je manque de mots. J'ai des maux. Je n'ai pas les mots pour les expliquer.

    J'avais encore jamais connu ça. Le fait de ressentir des choses, et de découvrir, sous l'explosion, bien plus que ce que j'aurais pu imaginer. Tu rates une marche, tu te rattrapes à la rampe. Moi j'ai tout dévalé d'un coup. J'ai pris deux vagues. La tienne. La mienne. Et c'est aussi pour ça, que je suis en colère. Parce que je me suis trop menti, c'était impossible que je m'attache, et pourtant.. ça tombe quand on s'y attend le moins.

    J'ai encore jamais fait ça, tenter de recoller des morceaux. Et même si on y arrivait, chaque fois que j'y pense, je continue de me noyer dans ces vagues. Alors, si on continuait, ça serait quoi? De l'attachement encore, ou alors, plus rien ne serait comme avant, plus de complicité, plus de rire, plus rien. Et c'est difficile de choisir entre deux planètes, quand tu vivais sur un petit nuage pendant un temps. J'ai Shawn Mendes dans les oreilles,  et toutes les paroles m'apparaissent comme une évidence. J'ai coulé avec mon silence. Je suis trop atteinte par ton virus. Faudrait qu'on dise à mon côté rêveur de se tirer là, immédiatement. Mais non, lui, il a monté l'échelle pour repartir sur le nuage. Malgré moi.

    Je n'étais encore jamais passée par deux extrêmes, et j'ai l'impression qu'on ne peut pas y faire grand chose. Même le temps, j'ai l'impression qu'il me tombe dessus, et qu'il veut juste que je prenne une décision, sous l'impulsivité.

    Et je n'y arrive pas. Parce que j'ai l'impression, que c'est ou toi, ou moi. Je peux pas guérir en restant. Je peux pas guérir en partant.  Je me sens fanée. Et même ma plume à cœur ouvert, elle ne peut rien faire pour m'aider.

"Si vous croisez mon âme, quelque part. Dites-lui d'aller se faire voir, je ne veux plus d'elle"
"J'ai rêvé de toi, cette nuit. Dis-moi, à quel point je suis dans la merde?"
(Musique : Shawn Mendes, Running Low)
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