A ghost story
daniel-m
Synopsis...
« Le fantôme d'un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu'ils partageaient encore récemment, pour y découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n'a plus d'emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu'il aime, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux ineffables questionnements de l'existence et à son incommensurabilité. »
Un film de David Lowery sorti en Juillet 2017. Jeune cinéaste américain âgé de 37 ans qui nous avait gratifié, juste avant cette petite douceur, de « Peter et Eliot le Dragon » en version film de cinéma. L'homme empreint visiblement de poésie et de tendresse, semble s'être totalement laissé aller ici, osant réinventer les codes du cinéma moderne, casser les recettes qui marchent et les formules mathématiques qui font aujourd'hui les blockbusters.
« A ghost story » n'est pas un film de la catégorie ‘frissons et horreur', non, loin de là ! Le réalisateur essaye de distiller avec ce film ce que nos vies modernes ont aimé oublier, à savoir l'instant présent, savoir savourer les rares perles de bonheur de notre existence, celles qui se forment comme se forme la buée sur le vitrage de la cuisine tout en se posant parallèlement des questions existentielles sur la nature et la couleur de ce même vitrage. Qui est il, d'où vient il, que sera-t-il lorsqu'un jour prochain il se verra recyclé pour d'autres usages en emportant avec lui ses souvenirs de buées ? D.Lowery pousse la question existentielle jusqu'à l'extrême, la réalité métaphysique à son paroxysme ! Pour faire plus simple, quelqu'un a écrit un jour cette phrase qui peut paraître anodine mais qui est lourde de sens « Tout passe, tout lasse, sauf les glaces ! » :o)
Certes, l'ouvrage peut sembler indigeste au début. J'ai failli appuyer sur stop pendant la fameuse scène des vingt premières minutes du film où la jeune veuve est filmée en caméra fixe durant plus de cinq minutes (c'est long cinq minutes dans un film), assise dans sa cuisine en train de manger un gâteau juste avant d'aller vomir. Le spectateur se demande, mais où veut il en venir ? L'on comprend ensuite que le réalisateur souhaite par ce biais, nous faire oublier les codes du temps, à nous faire entrer petit à petit dans la peau du fantôme de ce mari dépité. Fantôme présenté dans son appareil le plus caricatural, à savoir un drap blanc figé de deux yeux noirs et tristes.
A ghost story nous raconte l'absurdité des choses qui nous paraissent essentielles et l'essence même de l'absurdité de nos vies. C'est réducteur et à la fois très intelligent. Ce fantôme qui attend inlassablement une raison à sa courte vie de vivant, aura trouvé le repos lorsqu'il aura admis et compris que son ex-compagne aura fait son deuil et accepter sa mort afin de continuer sa propre vie. En ayant accepté la continuité de sa vie sans lui, lui aura accepté sa mort.
C'est au final un très beau film, totalement décalé certes, sur la superficialité de l'être, mais aussi sur les contradictions et les ironies de l'humanité. Honnêtement, je n'ai pas aimé au sens propre, le film dans sa forme, mais je l'ai adoré pour son message et pour la façon adroite et originale dont le réalisateur a su s'en affranchir. C'est du grand art qui sera j'en suis sur reconnu un jour. Je mets 4.5 sur 5 à ce film, le demi point en moins pour son côté indigeste et déconvenue qui rebutera probablement et hélas le plus grand nombre.
J'ai volontairement occulté plusieurs aspects et plusieurs subtilités de l'histoire qui pourraient nous rappeler les messages d' »Interstellar » ou de « Premier contact ». La magie de ce film résidant dans le fait qu'avec un budget de 100 000 dollars il a su faire la nique avec adresse et poésie à des super productions dont l'unique défaut est d'être trop prétentieux. Pirouette cacahuète.
Casey Affleck est C
Rooney Mara est M
Prenez soin de vous, la vie est courte.
J'ai des lacunes en cinéma et j'aime bien lire tes rubriques cinéphiles. J'en suis resté à "Mon curé chez les nudistes" tu vois le niveau ? (Bon j'exagère un peu, je suis aussi un inconditionnel des Frères Cohen, chacun d leur film m'éclate grave...Le pied total avec eux...)
· Il y a plus de 6 ans ·arthur-roubignolle
Merci. Moi je n'y connais rien du tout. Je regarde des trucs et puis j'aime ou j'aime pas, comme tout le monde :o)
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m
Intéressant, ce film... Je note, je note :)
· Il y a plus de 6 ans ·Sy Lou
Oui, très chouette ! Profondément indigeste mais très chouette :o)
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m
Je confirme, un film à voir !
· Il y a plus de 6 ans ·julien-greco
Merci :o)
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m
D’où venons-nous ? D’où parlons-nous ? D’où pensons-nous ? D’où vivons-nous ? La philo ne pose que des questions sans jamais y répondre. :o))
· Il y a plus de 6 ans ·Hervé Lénervé
La philo est un art inutile :)
· Il y a plus de 6 ans ·Mario Pippo
Est-ce la philo qui pose ces questions ou bien notre quotidien ?
· Il y a plus de 6 ans ·Sy Lou
Classer la philo au rang d'un art est déjà en soi lui reconnaître sa légitimité:)
· Il y a plus de 6 ans ·Sy Lou
Moi j'ai toujours été nul en math, mais il parait que les maths ça explique et démontre tout. La philo ne démontre rien, mais elle pousse à réfléchir. Perso, je pense qu si l'homme réfléchissait plus il perdrait moins de temps à essayer de démontrer ce que finalement il ne connait pas ou si peu.
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m
· Il y a plus de 6 ans ·"A ghost story nous raconte l'absurdité des choses qui nous paraissent essentielles et l'essence même de l'absurdité de nos vies". Cependant c'est à croire qu'on est dans le règne absolu des sombres crétins puisque, bien que l'absurdité de la vie ne fasse aucun doute, la plupart se comportent comme s'ils allaient vivre des millénaires. C'était bien de le rappeler.
enzogrimaldi7
Merci :o)
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m