À la demande de Marlice

Les poèmes sont l'art de transcender le temps
La musique elle-même est de tous les instants
Cela dit, quand on crée, c'est bien dans une époque
Et à moins d'inverser, le temps, cet Orénoque
On ne peut qu'inventer prisonnier de son ère
Toute idée prend naissance au fruit d'un esprit-mère
Qui s'incarne en chacun, dans un temps séculier
Ainsi, nous composons, en notre art régulier.

Le temps donc est un fleuve, il nous porte et ses eaux
Coulent plus ou moins vite en fonction des fardeaux
Que la vie nous impose en nous ralentissant
Ou des aides apportées, rendant compatissant;
De même qu'un cours d'eau nourrit ses habitants
Nous pouvons nous aussi manger les fruits du temps
Car plus il évolue en ses boucles de nuit
Et plus il nous apporte de joie ou d'ennui.

Les animaux sont amusants et limités
Les humains ou dauphins sont un peu plus futés
Malgré tout, tout vivant doit dormir et fournir
À son corps défendant au moins de quoi tenir;
Alors que les machines vivent hors du temps
En pouvant le changer, le stopper, leurs instants
Sont sans doute éternels, c'est bien là leur puissance
Quand pour nous, notre esprit toujours se recommence.