A la recherche du bonheur (5)

chloe-n

Paris-Orly. 6 heures du matin.

Après 24 heures de vol, nous voici enfin arrivés à destination.

Nous laissons quelques personnes sortir avant nous, nous pourrons les suivre, j'ai trop peur de me perdre, c'est tellement grand, tous ces couloirs, ces portes, des panneaux partout. Les enfants me serrent fort la main, un peu paniqués par tout ce qui nous entoure. Nous nous retrouvons face à un escalier automatique, tout en ferraille. J'ai un peu peur de me casser la figure, ça descend tellement vite ce machin-là. Après avoir laissé passer quelques marches et quelques personnes, je me lance. Ouh la la…, ça c'est bien passé mais j'ai quand même eu la trouille. Les enfants ont trouvé cela très drôle. Après avoir passé la douane et récupéré nos bagages, nous apercevons mon mari derrière les portes vitrées. Il y a beaucoup de monde qui attendent leurs proches malgré l'heure avancée, certains sont avec des panneaux avec des noms écrit dessus. Je regarde les premières personnes qui retrouvent un parent longtemps perdu de vue. Ils s'étreignent, s'embrassent, parfois dans les larmes, heureux de se retrouver.

Je suis un peu nerveuse, cela fait plusieurs mois que je n'ai pas vu, ni parlé à mon mari. Nous avons juste échangé quelques lettres avion où chacun donnait brièvement des nouvelles. Je le vois avec son ami. Ca me fait tout drôle de le voir habiller ainsi avec un anorak, un tricot et des souliers en cuir. Il ressemble presque à tous ces gens qui nous entourent. Il a l'air de s'être bien intégré.

On s'embrasse, une bise rapidement déposée sur chaque joue. J'ai un peu l'impression que nous sommes des étrangers, gênés, un peu comme quand nous nous sommes rencontrés la première fois. Les enfants, eux, ont la tête ailleurs, le nez constamment en l'air, impressionnés par la grandeur de cet aéroport et la foule qui nous entoure. Mon mari nous donne à chacun un blouson. Il nous prévient, dehors il fait froid, très froid. Jamais nous n'avions connu un froid pareil sur notre île, où la température ne descend jamais en dessous de 17°.

Nous nous dirigeons donc vers la sortie où la voiture de notre ami nous attend. Plus nous nous approchons des portes coulissantes, et plus je sens un froid sec, glacé, qui s'insinue sur ma peau, sous ma robe. A peine sortis, les larmes me montent aux yeux. Un réflexe dû au changement de climat ou l'impression d'avoir fait le mauvais choix ? Je ne sais pas. L'avenir me le dira.

Dans la voiture, les enfants et moi regardons à travers les vitres, laissant ces messieurs à leur conversation d'hommes.

Le ciel a définitivement disparu, laissant place à de nombreux nuages gris. Tout ce que je vois autour de moi est sombre : les routes, les voitures, le ciel, les vêtements, même les gens… C'est d'un triste. Et pas une seule once de verdure à l'horizon.

Au bout d'un long moment, nous arrivons enfin dans une ville. Tout est grandiose, les immeubles sont beaux, les rues bien entretenues. Il y a de l'activité, c'est le jour du bazar. Les gens vont et viennent avec leurs cabas plein de provisions. J'aimerais descendre de la voiture pour voir ce qu'il y a sur les étals mais nous allons directement chez nous, dans notre nouvelle maison pour y déposer nos affaires et ensuite, aller déjeuner chez l'ami de mon mari où sa femme nous attend. Cette dernière a hâte d'avoir les dernières nouvelles du pays.

Notre nouvelle maison est située dans une petite rue calme où il n'y a que des habitations anciennes, non loin d'une gare et d'un cimetière. Il y a quelques petits immeubles à deux ou trois étages mais pour l'essentiel, de grandes et grosses bâtisses familiales avec des jardins cachés derrière de hauts grillages. Notre appartement se trouve juste dans une petite cour au rez-de-chaussée. C'est plus petit que ce que j'imaginais, plus petit que notre case en tôle.

Une petite entrée nous mène dans un salon où se trouve dans un angle, un canapé qui se transforme en lit quand on le déplie, une télévision et une table où l'on peut manger. La cuisine est minuscule, mais elle est toute équipée. Je découvre pour la première fois une gazinière et un réfrigérateur, quasiment vide. Mon époux me dit qu'il m'attendait pour que nous allions faire les courses. Il a acheté le minimum mais il ne sait pas ce dont les enfants ont besoin et ce sera ainsi pour moi, l'occasion de me familiariser avec le supermarché. Jusqu'alors, je faisais les courses dans un boui-boui où je ne prenais que l'essentiel. La chambre a deux petits lits, prêts à accueillir mes petits. Dans les placards, se trouvent quelques vêtements, donnés par des amis déjà installés ou des associations qui aident les familles en difficulté à s'installer. La salle de bains est équipée d'une baignoire, d'un bidet et d'une machine à laver. Et pour faire ses besoins, plus besoin d'aller au fond du terrain.

Après cette visite rapide, me voilà rassurée. Mes enfants ont enfin un toit décent, un vrai lit, du linge propre en bon état et surtout chaud.

Mais je n'oublie pas mon principal objectif : faire venir mon fils laissé au pays et réunir enfin ma famille. (©)


  • La suite !! :)

    · Il y a presque 9 ans ·
    Ananas

    carouille

    • Ca arrive...

      · Il y a presque 9 ans ·
      Au rayon des livres

      chloe-n

    • Je guette...

      · Il y a presque 9 ans ·
      Ananas

      carouille

  • Un thème sensible que tu abordes en finesse !! joli

    · Il y a presque 9 ans ·
    Ade wlw  7x7

    ade

    • Merci, ça me touche. Je crois que je me répète mais je le pense vraiment.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Au rayon des livres

      chloe-n

    • ;-) eh tu viens on s'invite chez Carouille pour goûter ses fondants ? :-). J'attends la suite également ! A très vite

      · Il y a presque 9 ans ·
      Ade wlw  7x7

      ade

    • Toujours prête quand il s'agit de chocolat

      · Il y a presque 9 ans ·
      Au rayon des livres

      chloe-n

Signaler ce texte