A MA SOUVENANCE

Mais où sont mes pommes d'antan ?

Quand enfin libérée par le pédant

Si ravie de retrouver son visage amène

Je partais joyeuse vers le chemin qui y mène



Pour m'abandonner à ces pommes au four délectables

Et lui confier des moments d'école parfois détestables

A maintes reprises, cette tendre complicité

A rythmé mes fins de journée



Mais où sont mes pommes d'antan ?

De quel droit ? Toi, si brutalement

Toute étincelle dans son regard

Tu as ôté sans aucun égard



Notre ineffable bonheur aussitôt disparu

Chacune de son côté, nous avons survécu

Moi...avec mes goûters solitaires

Elle...dans cet hôpital si austère



Mais où sont mes pommes d'antan ?

Non contentes de cette condamnation à l'obscurité

Toi et la grande Faux, prompte et zélée

A sa famille, l'avez ravie éternellement



L'enterrement et son cortège de malheurs

M'ont permis de répandre ma douleur

Ils paraissaient tous, tout chagrin

Toutefois rien de comparable au mien



Mais où sont mes pommes d'antan ?

Déboussolée, très affectée, je n'ai pu m'empêcher de t'appeler

Sentiment d'aberration chez les grands, d'incompréhension chez les enfants

Qu'importe ! J'étais bien trop navrée



Personne ne pouvait comprendre mon émoi

Et encore moins mon effroi

Quand le moment fut venu

De boire, de manger sans retenue

Mais où sont mes pommes d'antan ?

Que peut représenter ce triste cérémonial aux yeux d'une enfant ?

Ni plus ni moins qu'un immense mépris

Pour celle dont on a tranché le fil de la vie

Le temps n'a pas attiédi ma douleur

Ni même endigué le fleuve de mes pleurs

Je me console en te croyant, ma chère mémé, parmi les mânes

Posant sur moi ton doux regard diaphane.