A table avec Max

Mathieu Jaegert

S'il y a des lieux permettant d'échapper à la mainmise d'Internet, le restaurant en fait partie. Enfin on pouvait le croire. Mais ça, c'était avant qu'un Bordelais n'ait l'idée d'un établissement connecté. Au centre de ce concept, la table. Servant à la fois de menu et de plateau interactif relié à Internet et aux cuisines, elle anime les soirées et modifie les règles de convivialité.

 

Bientôt, on ne cherchera plus les meilleures tables, les étoiles ou les toques les plus prestigieuses, non, on sera en quête des plus belles tablettes, de la toile la plus accessible et des idées les plus toquées ! Finis les simples cartes et les menus du jour, place à la carte mémoire et aux menus tout à la fois déroulants et déroutants ! Croyez-moi, la mode des produits locaux et des circuits courts va rapidement faire long feu au profit des circuits imprimés. Les formules seront remplacées par des forfaits, l'apéro de base par l'arobase d'or, et les quelques tables en tek par des tables high-tech. La valeur des restaurants sera appréciée à l'aune de critères inédits. Il s'agira de mettre en avant non pas le service rapide mais le haut débit, non pas les produits frais mais l'approvisionnement en nouvelles applications et autres jeux, des « amuse-paluche » qui se substitueront aux amuse-gueules. Le buffet à volonté, remisé dans l'arrière-cuisine, n'aura plus voix au chapitre, au contraire de la table connectée en illimité. Certaines expressions seront reléguées aux oubliettes. Ainsi, on ne dira plus dresser, mais connecter une table. Il nous sera par ailleurs facile de ne pas mettre nos coudes sur la table, encouragés plutôt à tapoter du doigt sur le support mis à nu. A ce propos, ce sont les fabricants de nappes et autres sets de table qui font la tête !

 

Max, c'est l'inventeur, a plus d'une connexion d'avance. De son restaurant en réseau, il a en effet déjà décidé de développer un réseau à travers la France. Des endroits ultra-branchés !

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