A un cheveu près...
aure
Triant ses vêtements dans le sac de linge sale, je pris un énième polo, noir cette fois-ci. Le dépliant rapidement, je tombais sur un long fil d'or au reflet cuivré – vieil or. Perplexe j'examinais le polo d'un peu plus près pour en découvrir encore deux ou trois sur le devant du polo et sur l'épaule droite principalement.
Mes cheveux sont longs et blonds… Un sentiment indéfinissable commença à s'immiscer dans mon esprit, des questions sans réelle réponse à fuser dans mon cerveau. Depuis quelque temps, il a pris de la distance, il est moins là en raison de ses déplacements. Et là, je mis enfin un mot sur ce sentiment dérangeant : la jalousie, ce démon vert.
Aurait-il pris une maitresse, d'où son attitude distante ? A qui appartiennent ces cheveux ? Mentalement, je fis le tour de nos connaissances femmes. Qui est rousse ? De quelle amie s'est-il rapproché ?
Un bruit de clé dans la porte m'apprend son retour. L'air de rien, je finis de trier le linge et lance ma machine. Il arrive dans mon dos, m'entoure de ses bras, et m'embrasse dans le cou. Je me retourne et l'air de rien, lui demande : « Ta journée s'est bien passée ?"
Il me répond en frottant doucement mes bras nus de ses mains calleuses : " Oui j'ai dû former une nouvelle aux techniques pour installer des plaques de placo. Tu vois la femme rousse de "Scènes de ménage" c'est la même en miniature mais avec des cheveux longs." Insensiblement, je me raidis à ces paroles et lui répond : "Ah oui ?".
"Oui, dis-toi qu'hier il y a eu un incident. Elle était sur un petit échafaudage, elle a perdu l'équilibre et m'est tombé dessus. Nous sommes restés bêtes tous les deux puis nous avons pris un fou rire. Elle est énorme cette fille ». Intérieurement, l'énigme des cheveux cuivrés fut résolue mais n'empêcha le petit démon vert de me titiller davantage.
Il me regarda, puis me dit : « Tu as l'air bizarre, tu es sûre que ça va ? ». Je profitais de la perche lancée pour lui demander le pourquoi de son attitude distante. Le deuxième mystère fut résolu : sa journée est très fatigante physiquement car la charge de travail augmente sans que l'entreprise n'embauche plus de personne. Il a besoin de s'isoler pour recharger ses batteries. Une partie de moi soupire de soulagement. Il n'y a donc pas de problème au sein de notre couple. Reste que cette petite rousse aux longs cheveux me turlupine quelque peu. Le démon vert continue à me lancer et me relancer…
Finalement n'y tenant plus, je lui demande : « Et elle est jolie ta collègue ? Tu sais si elle est célibataire ? ». Tout d'abord interdit, il éclate finalement de rire : « Quoi tu es jalouse ? La petite rousse c'est la fille du patron et elle a 10 ans. Elle voulait juste m'aider le temps que mon patron finisse une communication téléphonique. », puis il rajoute : « Tu es bête, tu es le seul amour de ma vie ».
Me voilà rassurée, mortifiée d'avoir été jalouse d'une enfant de dix ans et heureuse de me savoir aimée.