A une princesse qui pleure,

nrik

Voilà un texte que j'avais déjà publié sur mon précédent blog. J'aime l'idée qu'il soit maintenant sur Weloveword.

On se trouve ou on se perd dans le regard des autres. Moi, je me suis perdu dans le tien et j’ai trouvé au fond de tes yeux la flamme d’une vie que je n’ai jamais éteinte. Pourtant quand je replonge dans l’océan bleu des larmes de ton corps, il fait froid, la flamme est toujours là, brûlante au bois de l’amour mais ne chauffe plus rien. Ne croirais-tu plus au prince charmant ?

Tu as raison. Comment en traversant tant de pays son cheval pourrait-il encore être aussi blanc ? C’est forcément un de ces princes sots qui, au croisement des quatre routes, a pris celle qui mène vers les putes et toi, princesse rêveuse, tu attends. Ou bien c’est un clochard à cent sous, charmant comme un prince de conte de fées, et toi princesse de misère tu attends qu'il ait fini son vin pour te trouver si belle.

Qu’attends-tu de l’amour assise à Noël sur ce balcon ? N’oublie pas d’allumer un feu à Pâques et n’oublie pas le tison. Tu lui veux des îles, tropiques de la passion inavouée d’un amour frissonnant à la fraîcheur des draps sur ta peau moite et lui, dans un coin du lit haletant comme un porc à l’agonie, il dort. Ce serait ça l’amour, faible princesse du royaume des cœurs brisés ?

Je ne crois pas. Viens avec moi dans mon vaisseau spatial à travers l’espace dense de mon cerveau. Fines particules sur le capot viennent percuter nos yeux fermés. Et toi et moi dans l’élan de cette course folle vers la recherche du bonheur fuyant vers l’horizon. Et toi et moi, dans cette même course qui a commencé à la fin de la galère…Bateau de chair sur une mer acide et calme, vogue le vent dans le voile de nos illusions. Où va-t-on ?

Là où le chemin nous perdra ! Là où les cailloux du Petit Poucet ont trop poussé pour ne plus voir la route. Et toi et moi, main dans la poche de son voisin, nous nous enfoncerons dans cet abîme qui nous conservera. Trou noir où la vie claire se brouille dans la poêle du temps qui frit notre teint pâle. Et toi et moi dressant nos vies à la lame fière de la mort, couteau sanglant tranchant nos liens de paille qui ne nous unirent jamais. Je me noie une nouvelle fois dans l’océan calme des vagues de ton corps et mon âme impuissante assiste la déraison de mon cerveau.

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