Aboutir à l'équinoxe.

Est-ce que cette vie vaut la peine qu'on se la donne ?

Devoir aller bien, devoir écrire, devoir toujours faire en sorte d'exister. Puis se tromper. Et arrêter d'être. Se lire dans le regard des autres. Et se détester. Former des projets cent fois. Les oublier mille fois. Écouter les autres raconter des histoires en n'étant pas capable de réitérer. Ne plus savoir ce qu 'on est capable de faire. Avoir envisagé l'inenvisageable. Se sentir cloisonné, loin de tout, de soi, disjonctée, éparpillée, partout et nulle part à la fois. Ne pas aller et ne pas avoir de recours. Car on est seul avec soi-même. Vision unique qui souffre de comparaison déplacée. Âme glacée qui voit le jour la nuit dans un souffle labyrinthique. Je rêve pour ne pas avoir à être, je recule tous les jours pour effacer, pour éviter d'exister. Ne pas agir pour ne pas réussir. Être témoin de la somme des victoires des autres. Et de leurs difficultés. Que je n'assumerais pas pour moi-même. Toujours croire que ça finira par achever dans du bon. Mais rien n'achève lorsque rien ne débute. Accepter un sort un peu trop tranquille et mourir à petit feu dans un quotidien que je n'arrive pas à réinventer. Ailleurs, aurais-je mieux fait ? Ou est-ce dans ma nature inactive de passer mon temps à ne rien secouer ? Histoire de ne pas faire trembler mon monde. Se nier autant, ça n'a pas de sens. Des fois, je parviens jusqu'à ne pas penser. Souvent et longtemps. Exil en suspension. J'erre dans le nulle-part et mes sens, autonomes, vivent leur vie le temps que ça dure. Je suis un espace translucide sans limites. Je devrais avoir le droit de sortir de ma bulle et tendre ma main pour ne plus avoir à me soucier du moi trop encombrant qui se demande constamment où se mettre. Je devrais faire quelque chose. Oui, c'est ça, je devrais.