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Aurelie Blondel
"J'abandonne sur une chaise le journal du matin
Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent"
Stephan Eicher/ Déjeuner en paix* - 1991
J'étais en primaire, 10 ans, quand ce titre est sorti et passait en boucle à la radio.
Une chanson à la mélodie entraînante, du violon, une voix fêlée et suave, exerçant déjà sans le savoir mon orientation acoustique et musicale.
Mais des paroles dont je ne saisissais pas vraiment le sens. Trop jeune et innocente. Tant mieux quand on a 10 ans. Y a le temps ...
Cette chanson fait parti de mon répertoire favori de titres dont je ne me lasse pas et que je pourrai me passer en boucle.
A la différence que maintenant, 28 ans plus tard, les paroles de cette chanson ont une véritable signification que je saisis parfaitement.
28 ans plus tard et cette chanson n'a jamais été autant d'actualité.
Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent.
C'est tellement vrai !! Et pourtant je me suis éloignée de toutes ces actualités anxiogènes et polluantes depuis longtemps, la télé de la maison ne faisant office que de déco quasiment.
Je ne regarde plus la télé. Je préfère lire, sortir, faire du sport, me rendre à des spectacles, rire, m'informant sur ce que je désire voir et savoir moi-même sur la toile.
Mais qu'importe, on est rattrapé par l'actu malgré nous. Elle est partout, sur nos téléphones, dans la rue, dans les magasins, au détour de conversations. On n'y échappe pas.
Est-ce que rien n'a changé en 28 ans ? Et même plus encore !?
Je ne me suis pas toujours sentie concernée par les sujets de société et ce pendant trop longtemps à mon goût, vivant dans mon petit cocon aseptisé. Et puis la vie et le vécu faisant son ouvrage, on s'éveille au monde. On regarde autour de soi. On ouvre enfin les yeux.
Et ce que j'y vois n'est pas beau du tout : Surconsommation, chômage, SDF, violences conjugales, viols, crimes, violences animales, rejet des migrants, climat, pauvreté, faim, argent, argent, argent, argent, argent !!!! Œillères, chacun pour soi ...
Je connaissais ces sujets de société déjà avant, mais ça ne m'affectait pas assez apparemment.
Une chanson de Damien Saez, datant de 2010, J'accuse**, en parle très bien. 19 ans plus tard et pas une ride non plus.
C'est vraiment ça le monde ???
Je rejette cette perspective de toutes mes forces.
Mais c'est bien beau de dénoncer et râler sur un coin de table ou derrière son écran.
Il faut agir ! J'ai réellement pris conscience de cela et j'ai décidé d'agir.
Alors oui, à mon échelle c'est peu, très peu.
Si j'étais défaitiste, je laisserai tomber, me disant que ça ne sert à rien, que c'est trop peu pour changer le monde ou du moins l'humanité. J'ai failli laisser tomber. Beaucoup l'on fait, et on ne peut pas les en blâmer. Ils ont essayé et c'est déjà énorme.
Surtout qu'on veut agir, souvent, sans savoir par quoi commencer, sans savoir vers quoi s'orienter, avec toute la méfiance et les préjugés qu'on porte en nous.
Puis on finit par rencontrer des personnes engagées, qui nous aident, nous guident et on se rend compte qu'en fait non, le monde ne se résume pas à ces sujets d'actualité toujours plus monstrueux et violents jour après jour.
Alors certes, on ne les ignore pas, tout cela existe bel et bien et s'étale toujours sous nos yeux.
Notre indignation est toujours présente elle aussi, mais derrière, on sait que ce n'est pas irrémédiable et qu'il suffit d'agir. Cela ne demande pas tant de temps que cela en plus. Il faut juste le vouloir.
Et je remarque que finalement les gens se tournent de plus en plus vers les autres, la solidarité n'est jamais morte. Nous nous recentrons de plus en plus sur l'essentiel.
Les luttes ne sont ni mortes ni vaines. Les grandes causes non plus.
Aujourd'hui les nouvelles étaient mauvaises.
Mais aujourd'hui aussi, par un élan de solidarité, de bénévoles, de temps, d'implication, de cœur, une chaîne humaine a sauvé Billy, un chien de 13 ans que beaucoup pensait déjà mort.
Et j'ai pleuré de soulagement.
Aurélie (* / ** qui vous recommande chaudement d'écouter ces chansons)
Je travaille dans un milieu où hélas, on a surtout les mauvais côtés de l'être humain, ou les mauvais côtés de la vie en générale. En rentrant, j'ai malgré moi, de part les réseaux sociaux ou même Google droit aux malheurs du monde. Je sais qu'elle existe, je la vois tous les jours à mon petit niveau. On essaye de ne pas baisser les bras, mais au dessus ils les ont déjà baissés et ça devient compliqué de jour en jour. En tout cas, merci à vous, pour ce texte et ces musiques. D'ailleurs l'affiche de J'accuse (Saez) a été interdite dans les milieux publics, jugée dénigrante par les féministes, alors que dans ce milieu il y a bien plus à défendre pour la femme qu'une simple image. Bref :p Merci en tout cas ^^
· Il y a plus de 5 ans ·staff
J'ai réécouté la chanson récemment et elle avait repris un nouveau sens, c'est vrai ! Nous nous sommes laissés polluer de notre plein gré et nous en redemandons avec les réseaux sociaux par exemple (le truc inutile par excellence sauf si tu échanges avec ta famille :o) ) Il ne s'agit pas de vivre dans sa bulle mais juste de vivre avec son entourage, ses voisins, à son échelle. Tout le reste c'est juste trop. Coluche disait déjà cette phrase "La misère du monde n'est pas d'échelle humaine" Merci pour ce texte !
· Il y a plus de 5 ans ·daniel-m
Merci à vous pour ce commentaire et cette juste analysé des choses
· Il y a plus de 5 ans ·Aurelie Blondel