Addiction

franekbalboa

De par mon métier j'en ai vu... Les addicts sont nombreux. On l'est tous un peu. Certains le sont trop... 

J'ai vu des gens se détruire, se démolir, physiquement, moralement, s'anéantir... Certains ont perdu la raison, d'autre la vie à cause de cette maudite passion... 

J'ai vu les drogués à la codéine, ceux qui venaient il y a deux ans chercher leur boîte toutes les semaines, ceux qui sont devenus agressifs dès lors qu'elle fut passée en vente sur prescription médicale. Ils changeaient parce qu'on leur disait non. Adorables avant, agressifs et insultants après, on a pu voir tous ces drogués légaux, ceux qui se font leur propre dose, en comprimés ou en sirop, ils en ont eu bien trop. Certains se sont démolis le foie, d'autres en ont perdu la vie, des jeunes notamment, addicts au purple drink... 

On voit aussi les plus lourds, ceux qui ont eu le contact des drogues plus dures, plus dures à se procurer, ceux là viennent récupérer leurs traitements de substitution, ils ont leur shoot sur prescription. 

On en voit aussi d'autres un peu moins évidents, les dépendants de l'outil que nous avons tous, ce petit truc rectangulaire, avec maintes utilités. Réseaux sociaux, SMS, MMS, échanges et appels, ils ne prennent pas le temps de décrocher les yeux de cette petite cage dans leur main, cet appareil qui semble inoffensif, mais dans leur main, il devient substance, chaque seconde dessus est un soulagement, chaque seconde ailleurs est un sevrage, ils sont les drogués 2.0.

D'autres encore, on les voit dans les supérettes, supermarchés, avec leur caddie plein de boissons, spiritueuses mais non spirituelles, celle qui détruisent la digestion, le foie, le pancréas souffrent, des litres de liquide, une sensation d'apaisement, un refuge sûr, histoire d'oublier, de se découper la tête au point que le cerveau ne fonctionne plus, embrumé, noyé sous les flots, malgré tout, cela l'abîme plus que ça ne le conserve, on devine lentement leur descente aux enfers... 

Passons à ceux qui ont commencé, il y a des années, petite passade, moments difficiles, petit somnifères, ou anxiolitique. Une prescription qui semble anodine, comme nous en voyons des dizaines par jour, la pire étant celle qu'on voit tous les quinze jours. Surconsommation, mensonge, tentatives de fausses ordonnances, ou parfois plusieurs que l'on présente à tour de rôle, ces gens s'arrangent pour ne jamais voir la même personne, et ils brodent et ils brodent, ils inventent des excuses, j'ai ainsi vu en deux mois, pour la même personne, deux vols de voiture, un incendie d'appartement, un de voiture, et un vol de sac. Quelle malchance... Et les médecins qui prescrivent, par manque de temps, manque de moyens, qui se débarrassent de ces faux patients qui n'auraient besoin de rien. 

Passons à ces gens qui pour une cigarette donneraient tout ce qu'ils n'ont pas. Ceux qui mendient dans la rue, et qui nous disent que c'est bien quand on en n'a pas. Ceux dont les doigts et les dents prennent une teinte plus proche de l'ocre que du blanc. Ceux qui sentent cette affreuse odeur de tabac froid, ceux qui sortent par la pluie, par le froid, ceux qui consomment leur vie plus vite qu'ils ne tirent leur cigarette, ceux dont les poumons sonnent l'alerte, guidés par ces tubes pleins de tabac, ils tremblent quand ils n'en ont pas. 

Finissons par moi, tiens. A quoi suis-je addict me demanderez-vous ? Vous êtes en train de lire ma plus grosse addiction. L'écriture, au début ce n'était jamais que quelques mots. Symbole d'un ennui pendant les cours, trop distrait pour écouter, trop fatigué, ou simplement par manque d'envie, je préférais l'écriture, les mots dansaient avec envie, ils dansent toujours mais évoluent. Activité chronophage, mais qui fait du bien. Écrire pour se vider, par plaisir, par envie, des tas d'idées qui prennent vie sous cette plume qui noircit la feuille, le crissement léger de l'une sur l'autre, le parfum de la bougie, un nouveau monde s'offre à moi, à ceux qui vont lire. Où allons nous aller ? Un monde imaginaire, mes pensées, une histoire lointaine maladroitement contée ? Toujours une bonne raison de le faire, et si bonne raison il n'y a pas, c'est le texte qui la sera. 

Voici mon addiction majeure, faire pleurer les feuilles sous la torture, agresser les touches de mon clavier, l'écran de mon smartphone pour remplir de mots cet espace vide. 

Oui, je suis écritolique. 

  • Très poignant comme témoignage. Cela ne doit pas être facile tous les jours de voir ces maladict'

    · Il y a presque 5 ans ·
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    Aurelie Blondel

    • Je dirai que ce texte précéderait le votre qui définirait les bonnes des mauvaises addictions ^^

      · Il y a presque 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

  • J'ai adoré cette phrase "faire pleurer les feuilles".
    Au final on est tous des addict de quelque chose. L'homme à la nature de vouloir s'accrocher à quelque chose pour ne pas défaillir.

    Bon texte !

    · Il y a presque 5 ans ·
    Pleine lune et bonheur

    lunaloona

    • Merci beaucoup
      L'homme a besoin de récréation, c'est son moment de détente. Chez certains c'est un peu extrême :)

      · Il y a presque 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

    • Oui je connais bien les extrêmes qu'on peut s'infliger.
      C'est malheureux mais oui l'homme tend à se detruire pour avoir de la distraction.

      · Il y a presque 5 ans ·
      Pleine lune et bonheur

      lunaloona

    • Quelle plus belle distraction que la destruction ?
      Malheureusement l'être humain se complaît la dedans...

      · Il y a presque 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

    • Malheureusement, oui

      · Il y a presque 5 ans ·
      Pleine lune et bonheur

      lunaloona

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