Adieu...

Lucile

Un texte que j'ai fait pour un concours même si je ne sais pas si je vais y participer, et que j'ai voulu poster ! :)

Il faisait froid dans la pièce, les murs étaient ternes et défraîchis et l'atmosphère pesante.

_Nous vous écoutons Mademoiselle De Neuilly. Dit calmement le juge.

Je considérais avec angoisse les nombreuses personnes assises en face de moi, les yeux rougis et creusés de profondes cernes à cause de la fatigue et des larmes.

_Je ne l'ai pas tuée. Réprimais-je en étouffant un sanglot.

Combien de fois avais-je répété cette phrase ? Des dizaines, peut-être même plus.

Personne ne me croyait

_Pourquoi l'aurais-je tuée ? C'était ma mère ! Continuais-je désespérée.

_C'est à vous de nous le dire.

Je reniflais bruyamment, ce qui n'était certes pas élégant pour une jeune femme de la haute, mais au point où j'en étais...

Misérable. J'étais misérable. Si ce n'est plus.

Et père qui ne voulait pas me croire. Il ne croyait même pas en sa fille.

Pitoyable. Il était pitoyable !

*Flash Back*

C'était l'hiver. Un jour banal, comme les autres.

Une fine neige ne cessait de tomber sur la ville, saupoudrant les toits des maisons, et recouvrant les rues pavées d'un manteau immaculé.

J'errais dans la serre comme à mon habitude, admirant les nombreuses fleurs diverses et variées, touches de couleurs contrastant avec le blanc du dehors.

J'avais froid malgré mon long manteau de fourrure, alors je décidais de rentrer au manoir.

Père était parti dans une autre contrée pour quelques affaires.

Je poussais les lourdes portes en chêne et arrivais dans l'entrée.

Une douce chaleur y régnait grâce au feu qui crépitait dans la grande cheminée, les flammes ondulant en un ballet incessant.

Je donnais mon manteau au majordome qui se tenait près des portes et me dirigeais vers ma chambre.

Je passais dans la salle de séjour. Un long silence s'était installé dans la demeure, les domestiques affairés à préparer le dîner dans la cuisine.

Quelque chose attira mon attention, quelques gouttes de sang aux marches de l'escalier.

Intriguée, je montais lentement celui-ci. Le tapis qui était déroulé était taché de traces de pas.

Arrivée à l'étage, mon sang se glaça dans mes veines, et mon cœur rata un battement.

Puis il se mit à battre de plus en plus vite, affolé.

Mon souffle devint saccadé, et je tremblais, apeurée.

Je mis du temps à réaliser ce qui se trouvait sous mes yeux. Je reconnus le corps de ma mère, étalé par terre, de dos. Je me précipitais vers elle.

Je la retournais pour la regarder, effrayée.

Son corset était imbibé d'une tâche rouge écarlate, ses yeux vitreux contemplaient le vide, sa peau était froide, et un mince filet de sang s'échappait de ses lèvres entrouvertes.

_Maman...

Je posais délicatement sa tête sur mes genoux. Je ne comprenais pas, je ne comprenais rien, j'étais incrédule, comme une enfant.

_A l'aide ! Hurlais-je.

Alors je pleurais toutes les larmes de mon corps et criais mon déchirement.

Je ne pourrais plus lui raconter mes journées, sentir sa main caresser ma joue.

Je ne pourrais plus voir son sourire qui illuminait mes journées.

Non, je ne pourrais jamais revoir tout cela.

Je me souviendrais seulement de son visage inexpressif et de son sang sur mes mains.

Je me souviendrais seulement de son enterrement. Le ciel gris parsemé de nuages sombres, et son corps dans le cercueil. Sa grande robe noire contrastant avec sa peau blafarde. Le bouquet de lys blanches dans ses mains, ses fleurs préférées. Une touche de rouge sur ses fines lèvres et un peu de fard à joues. Les cheveux brossés avaient perdus tout leur éclat, ils étaient ternes, sans vie.

Le prêtre avait alors commencé son long monologue.

Je m'étais avancée, et sous les regards médusés avais piqué une broche sur la robe de ma mère.

Une broche qu'elle m'avait donné, quand j'étais petite, une broche que je lui redonnais maintenant.

La vie est injuste parfois, souvent. Elle est cruelle.

Ma mère était morte.

J'étais jugée pour un crime que je n'avais pas commis.

Tous les soirs je me réveillais en pleurs après un affreux cauchemar. Tous les soirs je me sentais affreusement seule. J'avais perdu toute joie de vivre, mes journées se déroulaient avec une lenteur infinie. Elles étaient toutes désespérantes et monotones. D'un ennui...mortel.

J'étais seule avec mon désespoir.

*Fin du flash back*

_Expliquez-nous mademoiselle. Articula le juge, me sortant de mes sombres pensées.

_Je vous l'ai déjà expliqué de nombreuses fois, et je sais très bien que cela ne sert à rien. Tout le monde me croit coupable ! A vos yeux je suis une meurtrière ayant assassiné sa mère sans aucune pitié. Aux miens je suis une fille perdue. Répliquais-je froidement.

Les larmes coulaient de nouveaux sur mes joues.

Alors je riais nerveusement, amèrement.

On me regardait avec pitié, ou choqué. Me prenait-on pour une folle ? Sûrement.

_Personne ne me comprend. Personne ne me comprendra jamais. Parce que le monde est stupide

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