Adieu mon Ami

lubine-marion-ruaud

Il était mon ami. Oui, c'est ça. Mon ami de tous mes instants d'enfant. Et puis un confident de mes histoires d'adolescente. Ce qui est certain, c'est qu'il n'a jamais trahi mes secrets...
De 5 ans mon cadet, on a grandi ensemble. On a vieilli ensemble. Mais lui plus vite que moi.

Juin 1990, Éperon de Bronze à passer (3ème galop aujourd'hui) dans mon poney-club d'alors... Du haut de mes 11 ans et demi, quelle angoisse j'ai ressentie quand j'ai pioché, du fond d'une bombe, son nom inscrit sur un bout de papier !
Son surnom à l'époque était Speedy, et je compris instantanément que j'allais monter le cheval le plus rapide du club pour mon examen... bilan : 2 chutes. J'ai eu mon examen. Il était devenu mon cheval préféré.

Depuis ce jour-là, et au fil des années, ce qui s'est construit entre nous est indescriptible... je pourrais seulement dire que...
Il était mes yeux et ma tête sur les obstacles que lui-seul pouvait me faire sauter.
Il était mes jambes sur nos millions de kilomètres parcourus ensemble. Mon énergie en ces fins de randonnées, ou de rallyes.
Il était mon souffle pendant nos galopades effrénées dans les rangs de vignes. Ma boussole et ma carte au milieu des bois et vers la gravière où nous allions toujours.
Il fut mon réveil ces petits matins humides de nuits à la belle-étoile durant les randos d'étés. Mon maillot de bain dans l'eau froide de la Leyre, ou d'autres lacs et rivières.
Il était mon passe-partout pour pénétrer en cachette à travers la clôture et m'offrir de remonter l'allée du Château de Montesquieu.
Il était mon guerrier sans peur et sans craintes pendant les charges de cavalerie dans la colline de Castegens. Mon « cheval complice » quand je me prenais pour Aliénor sur cette même colline. Ma colère parfois, quand il fuyait devant ma paire de bottes allant le chercher au pré, ou lorsqu'il refusait de monter dans un van.
Il comblait aussi mon manque de courage lorsqu'il jouait passionnément au ballon avec d'autres que moi sur des terrains de horse-ball.
Il était mon admiration quand il saluait le public de son antérieur, sans que je n'eus besoin de lui apprendre, et mon amusement lorsque, toujours avec son antérieur, il venait réclamer, après quelques dérapages toujours contrôlés, ses granulés.
Il était mon scooter quand mon père et mon frère partaient en virée avec les leurs et que nous les suivions au trot.
Il fut un père, un frère, un oncle, un pote, un coach et un veilleur de nuit formidable pour petite Lilia pendant plus de 4 ans.

Il était ma joie et mon sourire chaque fois que je posais mes fesses sur son dos, ou que j'allais lui raconter ma journée...

Il m'a appris le pas de la vie, comme dirais mon père. Il était un champion. Il était mon petit cheval.
Il n'est plus.
A 32 ans, nous l'avons aidé à se coucher pour la dernière fois. Pour ne plus qu'il souffre d'en dedans.
Il s'en est allé rejoindre notre Liloute. Cela faisait un petit moment qu'ils ne s'étaient plus vus...

Je pense qu'il a eu une jolie vie à mes côtés. En tous les cas, moi j'en ai une très belle avec lui.
Je continuerai de grandir sans lui.

A présent il est mon âme, depuis hier qu'il est parti.

Je t'aime mon Sweety, mon P'tit Loup, mon Sweet. <3


18 mai 2016
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