Agathe

valjean

Je n’avais pas imaginé la réaction que pouvait déclencher sur une femme le fait de tenir une cravache à la main jusqu’au  jour où j’ai emprunté la ligne de métro, direction château de Vincennes pour accompagner mon fils à son cours d’équitation.

Je tapotais la cravache machinalement tout en conversant, quand j’ai senti son regard porté sur moi.

Elle était assise, à quelques mètres de moi, assise sur un strapontin légèrement sur ma gauche et me regardait frapper doucement l’instrument dans ma main.

Nos regards se sont croisés. Ses yeux allaient et venaient de mon visage à la cravache. J’ai senti un imperceptible chassé croisé de ses jambes.

J’ai compris à ce moment que cette cravache l’attirait.

J’ai effleuré le pommeau de la cravache tout en la fixant du regard, imaginant que cette cravache s’attardait sur l’intérieur de ses cuisses dont le haut était à peine dissimulé par une courte jupe noire qu’encadraient des collants de laine sombre.

Nous avons vite atteint notre destination. Elle s’est levée, nous a suivi, j’ai rêvé un instant qu’elle nous suivrait au centre d’équitation. Je l’aurais abordée, lui aurait demandé quelles étaient ses intentions et lui aurais précisé les miennes. Au lieu de cela, c’est elle qui m’a hélé, juste avant que nous atteignions le bois. « Monsieur, monsieur vous avez fait tomber ceci ». Elle m’a tendu une carte que j’étais persuadé n’avoir jamais eu en ma possession.

Quand je me suis retrouvé seul, je l’ai lue : « Agathe, massages sensuels et complets ». Il était indiqué l’adresse d’un site sur lequel je pouvais la retrouver.

Je savais qu’il se trouvait non loin de moi une femme prête à des plaisirs inhabituels. Moi aussi.

 Les seins ne sont pas la partie du corps que je préfère chez une femme. Moi ce sont plutôt les mains. Je les aime, fines, douces, racées. Habiles, intelligentes aussi.

Les mains d’une femme sont comme des notes de piano quand elles jouent sur ma peau. Les seins, eux, sont souvent cachés ou artificiellement gonflés. Les malheureux. J’ai toujours pensé qu’il valait mieux avoir des petits seins nerveux et fiers plutôt que des gros seins amorphes.

Alors quand Agathe,  lors de ma première connexion sur son site, a présenté ses seins devant sa webcam, j’étais plutôt indifférent, voire agacé. Mon regard a cherché ses mains gantées de voilette, imaginant les frissons qu’elles pourraient procurer à ma peau fatiguée. Je voulais revoir son visage, le frémissement des ailes de son nez, une mèche se promenant sur ses joues, l’ourlet de ses oreilles. J’aime m’attarder sur les oreilles d’une femme, les humer, les dégager de leur gangue de cheveux, les mordiller.

Agathe a insisté : « regarde mes seins, imagine que tu les prends dans tes mains, sens leur contact soyeux, ils seront bientôt à toi  ».

Je fixe l’écran et je comprends. Ces seins m’attirent, le gauche légèrement incliné, comme repentant et accordant qu’on lui donne l’absolution, le droit avec un grain de beauté juste sous l’aréole. Et ces deux mains, gantées, qui les portent en offrande à mes yeux, à mes lèvres que sépare l’écran. Je sens ma bouche qui esquisse un mouvement de succion, j’ai envie d’être ces mains, d’entourer ces présents de chair comme je le ferais de cadeaux, en les piquant de la pointe de la langue, comme le feraient les gouttes chaudes d’une pluie d’été. Agathe, devant mon appétit nouveau, joue à poser alternativement la pointe de ses seins sur son clavier tapant dans une improbable écriture automatique des poésies dont je ressens la sensualité torride. Elle ne cessera plus à promener ses seins sur l’écran, au gré des connexions, comme un musicien débutant qui fait ses gammes avant de débuter une leçon, dessinant de ses pinceaux de chair rosée ce qu’elle imagine être le contour de mon sexe, quand je pense à elle.

Je n’y résiste pas, ma main gauche, celle qui ne joue pas sur le clavier glisse de mon ventre arrondi par les ans et avide de chevauchées, pour finir sur mon vit galvanisé.

« Agathe, je te veux, je veux me perdre sur tes collines doucement boisées, traverser tes forêts, me réchauffer au feu de ta chair ».

« Doucement », me répond elle, « serais tu devenu un mâle lubrique et primaire ? Je suis une masseuse nue, tu pourras me regarder mais pas me toucher ».

Je suis confus, mais rassuré par la vue de ses pieds délicats qui remplissent l’écran dont j’imagine la dextérité lors de notre prochaine rencontre.

Pour cette première connexion, Agathe « masseuse naturiste » se montre particulièrement audacieuse, dévoilant la finesse de ses chevilles, l’arrondi de ses genoux, et le galbe de ses cuisses, qu’elle dévoile centimètre par centimètre, dans les fines arabesques que dessinent ses mains gantées »

« Agathe, tu vas trop loin, je ne pourrai me contenter d’un simple massage »

« Victor, c’est toi qui va trop loin, apprends à me désirer, et uniquement à me désirer. En attendant dis moi que penses tu de mes pieds.

« De la porcelaine, dont j’aimerais déguster chaque pièce »

« Oh tu me chatouilles l’échine, et mes chevilles ?

« Je les adores »

« Et mes genoux »

« J’adore tes genoux, mes mains ont déjà mémorisé la façon dont il vont les caresser »

« Rappelle toi, tu ne peux que les regarder. Et mes cuisses tu aimes mes cuisses,»

« Agathe, je les ai déjà adoptées, je sens la sève qui coule en elles, leur nervosité, ma langue affamée y trace déjà son sillon »

« Rêve, Victor, rêve »

« D’accord, je serai raisonnable, promis, je respecte toujours les limites que m’imposent mes masseuses ».

« Bien, tu deviens raisonnable, je te rencontrerai quand tu auras découvert tout mon puzzle intime, tu ne peux te contenter de quelques pièces. »

« En attendant, montre moi comme tu me désires. Oui,  caresse toi devant ta webcam. »

 Je me souviens de ma classe de CM2 et d’une Catherine dans les vestiaires de la piscine, qui acceptait de montrer ses seins à tout garçon baissant son maillot de bain.

Tous les garçons de la classe y étaient passés, même si je pensais à l’époque que cela « ne valait pas ».

Eh bien comme en CM2 , j’ai sorti mon sexe qui avait du mal à ne pas dépasser de son abri de coton, l’ai pointé, gêné, devant la webcam.

« Belles dimensions, joue un peu avec. Prouve moi que c’est pour moi qu’il est aussi tendu !

Attends je vais t’aider ».

D’un geste d’une extrême sensualité, elle tire sur les bords de sa culotte de soie rouge de ses mains gantées, dévoilant la blancheur de son mont de Vénus épilé et bombé, et fait glisser lentement, langoureusement, son bout de tissu le long de ses jambes, le tendant face à la caméra. « Cadeau Victor » dit elle en passant son doigt d’avant en arrière sur sa fente intime et s’attardant sur son bouton doré. « Allez, excite moi »…

Elle ne m’autorise à m’arrêter que quand j’ai copieusement éclaboussé la webcam.

Lundi, je retrouve une enveloppe de kraft sur mon bureau qui m’est personnellement adressée. A l’intérieur la culotte de soie, et quelques mots griffonnés ; vendredi 18 heures, chez toi.

Qui a posé cette enveloppe sur mon bureau ?

Je dois improviser une sortie familiale pour le vendredi, et prétexter un malaise soudain ce jour précis un malaise gastrique, pour ne pas les accompagner et pouvoir recevoir Agathe au mieux, en tremblant qu’un des enfants tombe malade et que tous rentrent de façon inopportune.

Agathe m’a adressé fidèlement tous les jours une vidéo que je découvrais en ouvrant mon PC, au risque de me faire surprendre par mes collaboratrices, dévoilant à chaque fois une nouvelle partie d’elle. J’avais l’impression de la connaître, d’humer son parfum, d’être envoûté par ses effluves intimes.

Vendredi, Agathe est arrivée à l’heure précise. Elle était habillée de façon classique, pour ne pas attirer l’attention de la gardienne. Elle m’a demandé de me mettre en tenue, s’est dirigée dans la salle de bain, en est ressortie en peignoir. Nous nous sommes dirigés dans la chambre, j’étais en slip, elle à éteint la lumière, ôté son peignoir comme je lui avais demandé sur lors de nos échanges. Le massage a commencé.

Je revis à présent la scène. Je suis allongé sur le ventre. Elle me masse les épaules, puis les trapèzes à l’aide d’une huile essentielle. C’est un vrai massage, pas un de ces « accompagnements » auquel j’ai déjà cédé. Ses mains vont et viennent le long de mes bras, glissent jusqu’à l’élastique de mon slip en s’y attardant puis se laissent couler dans un mouvement soyeux le long de mes cuisses, massent l’arrière de mes genoux et s’attardent sur mes pieds et la voûte plantaire. Aurait elle étudié aussi la réflexologie ?

Je sens la température de mon corps monter, la séance commence très bien. Après une séquence de palper rouler du bas au haut de mon dos, ses mains se logent dans les miennes, l’espace de quelques instants. Le contact charnel est établi. Je me retourne sur le dos à son invitation gêné par la bosse qui orne déjà mon bas ventre, Agathe l’a remarqué aussi.

A ma grande surprise, au lieu de me faire face, elle me présente son dos en s’asseyant sur moi et me présente sa merveilleuse chute de reins que la pénombre ne peut dissimuler.

Mes mains, d’instinct, se posent sur ses épaules, goûtent le grain de sa peau. Pas de réaction, je les masse délicatement. Toujours aucune réaction hostile d’Agathe qui s’attarde sur mes mollets consciencieusement en remontant sur l’intérieur de mes cuisses ce qui renforce mon érection que ma masseuse ne peut ignorer. Mes mains font désormais des cercles concentriques sur l’ensemble de son dos, glissent dans des mouvements doux et précis jusqu’à l’orée de ses reins, puis remontent sur deux magnifiques globes de chair qui les soutiennent, les massant en profondeur, non sans les pétrir, ce qui est loin de lui déplaire.

C’est alors que je sens l’amorce d’un mouvement pelvien d’Agathe qui frotte son sexe délicat contre le tissu de mon sous vêtement, tout en continuant son massage avec beaucoup de conscience, maniant son flacon d’huile sans jamais le renverser.

Une de mes mains, la plus audacieuse, se faufile dans le creux de son sillon fessier, alors que l’autre poursuit sa course lascive le long de sa colonne.

Agathe, loin de me chasser, s’incline en avant pour faciliter ma recherche, tout en poursuivant l’ondulation de sa croupe. Mon exploration charnelle se poursuit allant de son petit anneau de chair que je sens peu farouche jusqu’à son sexe glabre et ouvert que je parcours et enserre comme je le ferais d’un fruit mur juste avant de le déguster.

Agathe est maintenant complètement pliée en avant, ses seins chauds vont et viennent le long de mes genoux déclenchant d’irrésistibles frissons, tout en s’attardant entre mes orteils.

Sa respiration devient plus saccadée, alors que ses cuisses font pression contre mon bassin, invitation à poursuivre ce voyage intime.

Mes pouces poursuivent leur lente progression, du haut de ses cuisses jusqu’au bord de ses lèvres ouvertes et humides alors que son clitoris poursuit son dialogue sensuel avec mon pénis, qui n’est plus qu’une tige gonflée de sève. Un doigt s’introduit doucement dans son sexe offert. Agathe se recule pour mieux faciliter son passage. Deux doigts puis trois la fouillent désormais, massant de l’intérieur sa cavité douce et soyeuse

Le massage est devenu un lent corps à corps sensuel mais vertueux, la barrière de tissu étant l’ultime gardienne de cette étreinte.

Alors que ma main est presque entièrement glissée en elle jouant de l’élasticité de son corps, Agathe, électrisée se redresse, ce qui me permet d’accéder à ses seins. Ma main libre les happe. Le mouvement pelvien est intense, nos respirations s’accélèrent à l’unisson, comme dans une danse sensuelle. Je renverse Agathe contre moi, mordille son oreille droite, plonge mes mains dans ses cheveux légèrement ondulés. Je crois reconnaître à cet instant son parfum. J’embrasse son cou, sa nuque. Sa bouche, elle, se refuse à moi.

Je rêverais d’ôter mon sous vêtement à cet instant mais le corps d’Agathe écartelé sur moi m’en empêche. Le voudrait elle ?

Quand elle se redresse, j’agrippe ses cuisses rondes et humides de transpiration et l’attire sur mon visage. Agathe est assise sur moi désormais, ma langue affamée explore ses tissus intimes, se lance dans un dialogue vigoureux avec son bouton de chair irisée, alors qu’un de mes doigts commence à explorer son anus dilaté qui s’offre.

Je sens sa respiration saccadée, le spasme de ses mains qui tentent de s’accrocher à mes genoux, les tremblements de son corps fiévreux, puis un halètement profond et sauvage qui masque soudain le son du CD.

Agathe est vaincue, mais elle ne s’avoue pas vaincue et arrache mon slip, s’empare de mon sexe qu’elle besogne vigoureusement, m’arrache un cri de délivrance.

Elle m’essuie de sa serviette, sans même me regarder, gagne la salle de bains, fuit avec l’argent que je lui ai remis, non sans un rapide « merci Victor », ne me laissant que quelques minutes pour effacer le souvenir de son passage.

Agathe est morte 3 jours plus tard. D’une overdose. Ce qui me fait mal c’est de savoir que c’est probablement mon argent qui l’a tué.

Elle se savait condamnée. C’est ce que m’a rapporté Sylvie, mon assistante, qui m’a rappelé qu’Agathe avait été notre stagiaire. Je ne l’avais pas reconnu.

Le parfum lors notre étreinte m’avait alerté mais si Sylvie qui était restée en contact avec elle, ne m’avait pas dévoilée la vérité, je ne l’aurais pas reconnue.

Le mystère de l’enveloppe avec la petite culotte d’Agathe posée sur mon bureau est résolu. C’était Sylvie.

Agathe est restée connectée à moi, après sa disparition.

Dés le lendemain de sa mort, j’ai découvert une vidéo sur ma messagerie. Elle est nue, tenant une cravache à la main. « Victor, merci pour cette belle nuit. Tu aurais aimé la prolonger. Moi aussi. Tu sais, je ne pouvais pas concevoir d’autres rapports avec toi que tarifés. Tu n’aurais jamais accepté de coucher avec une ancienne stagiaire.

J’avais beaucoup de projets érotiques pour nous deux.

Que ton enfant ne cherche pas sa cravache, c’est moi qui suis partie avec en te quittant, pour que tu puisses penser à la façon dont tu aurais pu jouer avec sur moi.

Eh oui, c’était également moi la petite brune délurée du métro. Tu ne m’avais non plus reconnue, non ?

Alors maintenant que tu sais qui je suis, si tu as un peu de sentiments pour moi, regarde bien cette vidéo et celles que je t’ai postées et qui te parviendront.

Si elles te plaisent, surtout caresse toi, en pensant à moi. Ce sera une façon de penser à moi. J’écrase une larme qui s’écoule sur ma joue. Sylvie n’est pas venue me déranger ce matin. Elle doit savoir pour la vidéo.

Sur l’écran, Agathe, laisse glisser la cravache entre ses jambes et se caresse en ondulant lentement, la bouche légèrement entrouverte. Je sens mon sexe qui se tend malgré moi dans mon pantalon.

Ce matin, mes larmes se sont mêlées à l’intensité de la scène

Je reçois régulièrement des vidéos d’Agathe sur mon mel, toutes plus excitantes les unes que les autres.

Parfois elle est seule, parfois accompagnée d’une autre femme dans l’ombre.

Sylvie qui me voit régulièrement passer aux toilettes, y passer un certain temps.

Quand je ressors, elle a ce sourire égrillard qui ne trompe pas.

Se pourrait il qu’elle… ?

Pierre dit Valjean

  • Merci beeaucop, à toutes, pour vos retours. C'est un genre très nouveau pour moi que j'ai abordé sur la pointe des pieds. Du coup, fort de vos encouragements, j'ai écrit une autre nouvelle, très "attachante" que j'oserai peut être mettre en ligne, un jour.

    · Il y a presque 13 ans ·
    Mouette des iles lavezzi orig

    valjean

  • Eh bien Valjean, voici un texte bien troussé si j'ose dire !

    · Il y a presque 13 ans ·
    Ma photo

    theoreme

  • Bonjour Colette,merci pour vos commentaires. Je me suis aventuré sur un domaine que je ne maîtrise pas, par goût du défi, comme un comédien à qui l'on propose un contre emploi.

    · Il y a presque 13 ans ·
    Mouette des iles lavezzi orig

    valjean

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