Ahon!

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Ordure de nous Occidentaux incapables d’imaginer une Espérance nouvelle. Moreau. ''À dos de dieu.''

 

  L'anarchie existe. Oui. Mais elle existe dans le pire des milieux qui soit: la finance. Et ceux qui détiennent les cordons de la bourse sont au dessus des lois. Ils sont rarement ou jamais poursuivis malgré des décisions délirantes mettant en péril ceux qu'on pille en premier quand les deniers viennent à manquer: le peuple. 


Et s'il fallait d'autres preuves de plus que ''The Corporation'' ou ''La Stratégie du Choc'' de la main mise de ces ordures sur un monde corrompu et cupide, alors il faut visionner l'ultime enquête récemment diffusée sur Arte, disponible sur youtube, ''Inside Lehman Brothers'', pour en être convaincu.


Depuis 1841, le spectre de l'anarchisme hante les démocraties. Mais les pires leaders n'ont jamais pu atteindre le pouvoir. Tous se sont cassé les dents contre l'ordre établi.  L'anarchie en tant que système politique reste une utopie. À peine a-t-elle existé lors de quelques fugaces rebellions, l'une des plus marquantes étant la folklorique mai 68.


Il faut croire que le chromosome anarchie, serpent de mer apparu, ô paradoxe, depuis la révolution industrielle, devait trouver sa voie coûte que coûte, appuyé par tous les fanatiques de la religion de l'argent. Et le plus drôle, c'est que son règne semble parti pour des siècles et des siècles.


Du coup des comportements, naguère vilipendés, sont érigés en modèle. Les traders, descendants des yuppies, accrocs à la poudre blanche, au luxe et à l'endettement des plus pauvres qui enrichissent les plus riches, dominent le monde et font des émules jusque dans les cours d'école.


Cependant il y en a qui résistent. Un peu comme les pionniers des Éditions de Minuit, certaines voix continuent de s'élever contre l'oppresseur. L'influence écrasante ultra libéraliste est si vaste, que toute autre idéologie, a fortiori celle qui est à l'opposé, celle qui rêve d'un monde moins éteint par l'avoir, doit se contenter d'une certaine clandestinité.


Qu'importe, il est des éditeurs inspirés qui n'ont pas froid aux yeux, et qui n'ont aucun scrupule à publier des pamphlets dénonçant l'immondice qui gagne la planète et cela dès le début de sa perdition. Ainsi à l'aube des années 1980, il fut un livre à la fois jubilatoire et exubérant qui put exister. Issue d'une écriture nouvelle, débridée, profane, enjouée.


''À dos de dieu'' offre une satyre éclaboussante de notre société. Une satyre percluse de néologismes sortis tout droit des entrailles qui  inventent un langage lacérateur dans un rythme  qui s'apparente à une sorte de rap avant l'heure. Et un cri de guerre: ''ahon!'' comme une interjection qui pourfend l'absurde et appelle à la désobéissance pour ne plus répondre aux sirènes abrutissantes du profit.


L'''ahon!" de Moreau sonne un peu comme le fameux ''Themroc'' de Faraldo, un film qui met en scène un Piccoli qui se défait de ses chaînes et laisse aller ses instincts primitifs avec un langage lui aussi sorti de nulle part, ancêtre du slam.  Ce conte protestataire des temps modernes réunit Dewaere, Coluche et Bouteille, trois autres anticonformistes éclairés qui viennent compléter, de par leur faconde, la panoplie des sons rebelles et rythmés.


Ces onomatopées sont loin du génie des créations de Moreau  (urgicle, éklabrousse, ensemençaille, immondeurydices) mais elles en ont la même origine. Et ces sons là sont la source d'une forme moderne d'expression bien connue: le rap. Que l'on aime ou pas le genre, il répond à ce besoin de dire primal qui nous tenaille.


Et lorsque, de façon consciente, ou inconsciente, certains grands artistes l'utilisent, le résultat est édifiant. Dans ''A dos de dieu'', Moreau en fait un brillant déploiement: l'anarchie réside ici dans les mots et non dans un système. Elle ouvre un espace de création enivrante.


Dans une autre, mais tout aussi vibrante, veine, on peut citer  Erik Truffaz, trompettiste et virtuose de jazz fusion, pour sa collaboration avec le rappeur Nya dans l'album ''Bending New Corners'': ce mélange a priori incongru est un coup de maître car il allie les arabesques du jazz aux messages du chanteur, dans une démonstration subtile de liberté d'expression:


''Bubblin' up constantly, like a mile a minute
Movement is the way and we take it to the limit
Hyperactive, we hold the world captive by the spirit
The soul flow, we're going all up in it
Steppin' out from the dust and the dirt
Love is the urge and we know what it's worth
Meanwhile we keep on wearing seven shirts
With the smell of fresh sweat from the flesh of the Earth.''


                                                                 2018

https://youtu.be/oUmG8FLnOrI

  • Toute chose sur cette Terre est vouée à disparaître, victime d'un événement extérieur ou d'elle-même. A suivre...

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • C'est notre seul espoir. Néanmoins, je serai un tant soit peu égoïste en vous disant que je ne crois pas voir la fin de la chose que nous évoquons ici avant ma propre fin. Et ça c'est notre désespoir.

      · Il y a plus de 5 ans ·
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      enzogrimaldi7

  • Les mots il faut les crier ou les pleurer pour que tout le monde les comprenne. Parler à demi mot ou entre les lignes est un langage qui n'est pas donné à tout le monde, ... mais c'est dommage.

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • Merci.J'ai voulu explorer et mettre à jour ici un mode d'expression nouveau qui vient de l'intérieur et qui s'extériorise pour s'insurger contre lcertains abus. J'aurais aussi pu évoquer les Pussy Riot, mais là on est davantage dans le body language...

      · Il y a plus de 5 ans ·
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      enzogrimaldi7

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