ALICE AFFRONTE LES SEPT ANS DE MALHEUR

suemai

L’humain est une médaille. Le rêve et la réalité en sont ses deux facettes. Nous sommes et resterons toujours des «Inside»

Qui ne connait pas «Alice aux pays des merveilles» de l'auteur Lewis Carroll ? Puisque je considère ce conte comme l'absolue référence à tout ce qui existe dans ce domaine, j'aimerais apporter une nouvelle réflexion à cette dynamique du : «De l'autre coté du miroir», thème devenu récurrent à travers les siècles.

Qu'on parle de «Clive Staples Lewis - Le monde de Narnia»  à «J.K. Rowling – Harry Potter», les portes d'entrée vers un monde imaginaire relèvent de ce qu'on nomme désormais : «l'accès au merveilleux, le grand portail de l'invisible, l'antre du petit peuple.» le féérique prend vie… Une véritable existence. Il n'est plus tributaire du non-sens. La fée, la sorcière, le lutin et tous ces personnages inventés ou que nous inventons et appartenant à cet univers, relevant du rêve, prennent une incontestable existence. D'emblée, on les accepte, sans se questionner. Il en est de même pour la science-fiction. Mais, attention, et précisons les cadres d'acceptation : Cinéma, roman, contes, jouet, enfance, sommeil et tout ce qui s'y rattache. Hors de ces murs, gare à vos fesses.

Toutefois, je m'attarderai davantage au thème du «reflet et de son opposé.» Par le biais du miroir, on se donne accès au rêve. «Potter» traversant le mur et se retrouvant à cette école des sorciers, «Narnia» découvrant l'armoire qui la conduira dans un monde inconnu. Tout est porteur d'images d'une dualité, d'une dichotomie; d'un monde transposé. Le couard devenant courageux, le roturier devenant roi. La belle au bois dormant, morte, ressuscitera sous l'effet d'un baiser du prince charmant «à noter l'utilisation du terme charmant, comme qualificatif. C'aurait pu être beau, noble, etc.» Mais tout reste du domaine de la sublimation de l'amour. La vie et la mort, s'opposant. Ici l'amour triomphe. Une analogie, que l'expression poétique aura démultipliée. Mozart (Franc Maçon) lui aura créé une expression musicale dans son opéra : La Flûte Enchantée.

Donc, je traverse le miroir… L'autre me regarde et me voit, soudain, dans cette perspective d'anastrophe (sens inversé) [1]; ce qui vaut de même pour moi. Nous redevenons, l'un pour l'autre, des images inversement inversées. Voilà qui pourrait étayer, solidement, le discours concernant notre impossibilité à communiquer [2]. Ayant franchi le vortex du fantastique. Nous voilà à vivre une réalité en «Recto/verso.» La pertinence du rêve est irréfutable, mais son partage impossible. Nous possédons chacun notre bestiaire avec lequel nous pouvons interagir et communiquer. Ainsi débute notre aventure hors des terres du réel.

Mais, que se passe-t-il si, dans la dimension du rêve, nous nous regardons dans une glace tel (Cruella et les 101 dalmatiens) ou encore (la vilaine marraine et l'évocation de la beauté chez Cendrillon) ? Nous assistons alors, à une «double-inversion, inversion d'une inversion.» [3] Nous devenons l'autre, un paradoxe, donnant naissance au conflit (anti-rêve) comme si on se projetait à l'extérieur du miroir. Les bannis du rêve, du monde enchanteur. Dans ces cas-là, le rêve rejette/éjecte cette soudaine manifestation du réel, s'insurgeant dans cette «totale immersion du rêve.»

En conclusion, ce qui devient particulièrement intéressant réside dans cette dualité rêve/réalité face à un simple objet : «Le miroir», objet des plus usuel d'ailleurs, pour ne point dire que pratique. Bien maigre couche séparant ces deux univers. Je ne disserterai pas sur les univers parallèles ou autres phénomènes du même type, simplement de cette si instable image de ce qu'on nomme, à fortiori, la réalité : «Sois réaliste voyons… Cesse de rêver… Quand vas-tu prendre la vie au sérieux.» Voilà qui atteste du syndrome du «RSU» - Réalité à Sens Unique. Le voyage de l'esprit, dans son unicité, nous est renié. Le voyage interdit/le rêve interdit. Est-ce pour cette raison qu'on traite les poètes de rêveurs… à moins qu'ils ne soient, officiellement, consacrés génie(es)… Et... qu'en est-il de nos déviations comportementales (troubles de la personnalité, psychoses, hallucinations, ou de la simple différence) ? Ne sont-elles que des références médicales, irrémédiablement condamnés à l'absolutisme scientifique… ou bien, la simple impossibilité ou volonté de certains, à ne pas retraverser le miroir et réintégrer ce qu'on nomme RÉALITÉ ? Ces «malades» qu'on devrait appeler, à juste titre : «LES GRANDS AVENTURIERS.»

Alors je salue ce pionnier du conte «pré et post moderne», Lewis Carroll, de nous offrir, encore aujourd'hui et pour toujours, cette «Alice» défiant «les sept ans de malheur.»  

[1] Le mot (inversé ou inversion) correspond à l'image que nous renvoie le miroir. Il s'agit d'un concept rétroactif, l'effet en boucle. On ne peut se voir qu'au travers d'un reflet, où droite et gauche s'intervertissent. Donc, TOUS  nous regardent en sens (non-inversé), sauf nous.
[2]  Dans le rêve tout comme dans la réalité, l'inversion s'oppose à la non-inversion et rend impossible la communication. C'est ainsi que nous rêvons aussi nos solitudes. Par contre, les personnages appartenant à notre bestiaire échappent à cet état de fait.
[3] L'anti-inversion (ou inversion de l'inversion) est la rétroaction se produisant dans le monde du rêve, lorsqu'on annule son effet. On revient à la réalité de l'inversion, ce que le rêve annulait par projection, là où dominait, son opposé, la non-inversion.
  • c'est pertinent ces pensées, on suit ton raisonnement et ton admiration pour Lewis Carroll qui n'a pas fini de fasciner les générations

    · Il y a environ 8 ans ·
    Loin couleur

    julia-rolin

    • alô Julia, voilà, ça vient de me péter en pleine figure (désolée de ma grossièreté) Avec Lewis Carroll débute ce qu'on nomme aujourd'hui «LE FANTASY» cohabitation du réel et du magique, fantastique. Donc précurseur pour ce qui pouvait s'en rapprocher à l'époque et tremplin vers notre futur. Le miroir pourrait se traduire par «de l'autre coté.» Voilà en quoi ce conte est charnière. Le conte des contes dis-je et avec raison. Quel sujet de thèse, ça me donne envie de retourner à l'université (mais non beurk...) cool ton passage. bise Sue +++
      P.S. : Je n'ai pas tout lu, mais il me semble que bien peu de contes (ou pas du tout) offrent ce lien magique. Bien après vérification, Alice (1881), Pinocchio (1871). Quoique ce dernier ne fasse pas l'intégration formelle d'un univers à l'autre. Il demeure conte à ce titre, tels ses prédécesseurs. Le passage appartient bien À Carroll du réel à l'imaginaire.

      · Il y a environ 8 ans ·
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      suemai

    • oui, trouver le biais par lequel le lecteur va suivre de l'autre côté - là où tout est inventé mais si réel - il faut être un génie. Elle est limpide ton analyse ;-)

      · Il y a environ 8 ans ·
      Loin couleur

      julia-rolin

    • oui Julia, voila qui donne une autre dimension à ce discours : «entraîner ton lecteur dans un univers inconnu, lui faire ressentir des parfums d'une magie odorante, lui donner le goût de toi, «d'un tout toi» Voilà ce qu'est le geste d'écrire et le devoir de lire. Lorsqu'on lit les autres, on ne se sent plus seules, on rend la monnaie de ce qui revient à l'auteur : cette redevance qui ne se chiffre pas, mais qui s'accumule et aide à poursuivre le discours. Demain, je vous emmènerez au pays de...) bise, Sue

      · Il y a environ 8 ans ·
      6a012876c02e5d970c019affb02dba970d 500wi

      suemai

  • On ne se voit jamais tel que l'on est.... déja en inversion devant son miroir c'est terrible. J'aimerais pouvoir me voir entière en mouvement, marcher à côté de moi et me dire: "voilà ce que je suis " et pas se que je pense être. Je pense que le rêve est une partie cachée de nous. Ta réflexion est profonde sur ce sujet. Les malades sont de grands aventuriers, ils explorent des dimensions que beaucoup ignorent et ne connaîtront jamais.

    · Il y a environ 8 ans ·
    Moi rouge

    Lulla Bell

    • alô Lulla, oui une lecture intelligente du texte (pas simple) je l'admets. L'idée fondamentale c'est que l'autre (celui avec qui nous cohabitons), en traversant le miroir, s'inverse aussi. Donc deux moins donnent un plus. L'autre devient aussi une inversion. Ce qui nous ramène au point de départ. Mais riche demeure notre bestiaire. Ces amis/ennemis qu'ont se créent. Finalement, je crois que l'image du miroir nous renvoie cette idée du normatif. Certains ne désirent pas quitter leur bestiaire. On les nomme : «aliénés» dans certains films des (non-revenus) cool de te lire et grosse bise.. Sue+++

      · Il y a environ 8 ans ·
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      suemai

    • tu dis vraie Lulla, dans ton bestiaire, rien n'est impossible, y compris de te voir marchant aux cotés de tes amis, ou de te dédoubler et de te regarder heureuse, car la mort n'existe pas dans ces lieux, le danger oui, mais pas la mort.. Tourner dans un film où ton monde devient les acteurs d'un scénario inexistant ou plutôt se confectionnant avec tous les sentiments qui t'habitent. La question, qu'est-ce qu'un cauchemar alors. Le lieu interdit, un endroit où tes amis te laissent tomber, un peu comme j'ai fait avec toi et avec repentir. Mais je suis de retour. Si je me comprends bien, tous ceux que nous aimons font partie de notre univers fantasmagorique. Je crois que le cauchemar, représente la perte. C'est alors que l'amie se transforme en ennemie. Ennemie ravageur de ton cœur et de tous les autres. L'ennemi n'est que le symbole de la souffrance.

      tiens une suggestion. Au lieu de demander «veux-tu m'épouser», nous devrions dire veux-tu faire partie de mes amis, de tous mes amis(es). C'est ainsi que Lulla vit heureuse, entourée de tous ses amis(es), qui feront tout pour elle. Une énorme bise... et dis-toi que je fais partie de ton bestiaire, aussi longtemps que tu voudras. Bise

      · Il y a environ 8 ans ·
      6a012876c02e5d970c019affb02dba970d 500wi

      suemai

    • Comme c'est bien dit : oui je crois que le cauchemar c'est cette peur de la perte de ceux qu'on aime. Tu as raison, épouser quelqu'un c'est devenir amie à vie...Tu as ta place dans ma vie Sue Bisous

      · Il y a presque 8 ans ·
      Moi rouge

      Lulla Bell

    • c'est gentil tout ça et j'achète à prix d"or, bise

      · Il y a presque 8 ans ·
      6a012876c02e5d970c019affb02dba970d 500wi

      suemai

    • c'est cadeau Sophie, cadeau <3

      · Il y a presque 8 ans ·
      Moi rouge

      Lulla Bell

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