Amen

Caïn Bates

J'ai développé une allure christique
Les ronces ont envahi ma tête
Je pourrai jamais tomber dans un état plus critique
Printemps été automne hiver
J'attends l'effet de l'opium sur une civière
La vie est médiocre
Ce compte en 6+6+6
À 18 piges, déjà sous médocs
J'hésitais à croqué dans la Granny Smith
Mais j'avais déjà craqué pour un Winston Smith

Au fond de mes yeux regarde bien
Car tu n'y verras que dalle
Le reflet d'un vieux fantôme
Les pupilles sont vertes et ovales
Bien sur que Dieu me parle
Mais les corbeaux parlent d'autant plus
Je frappe dans le rocher
Ma tête fait corpus
Les mains en prière pleine de bijoux et d'emeraudes
Appelle moi prophète
Le ciel me paie, les démons baraudent
Ecoute chaque parole comme une mélodie éloignée
Autour du crane, l'auréole
Le sang est maudit jusqu'au poignet

Notre père qui êtes au cieux
Que mon nom soit sanctifié
Que mon règne arrive
Que ma volonté soit faite
Dans le sang et le fiel
Sur la terre comme au ciel
Caïn, ainsi soit t'il
Amen

J'ai buté Adam
L'ai conservé dans une stèle en ebène
Tu pleures parce que tu te fais virer de ton taff
Je suis banni du jardin d'Eden
Dieu demande moi pardon
Le coeur est devenu morbide
Allongé dans les chardons
Je frappe les bras nus avec la bible
Au bord de la route j'ai fait serment
Les fleurs pourrissent
Les orties sur mon passage
Je danse avec le diable 
Quand la mort commence ses massages.

Faut pas compter sur moi pour dire "la famille"
Ne me dites pas que vous êtes mes descendants
Ce serait une infamie
Vous avez tué son mari
Et descendez de Marie Madeleine
Le ciel est mon daron
Satan était son frère
Donc tu ferais mieux de la fermer
Je m'entends très bien avec mon oncle
Le mauvais sort me renie
J'ai pas peur de son ombre
Et de ses nièces bien aimées
Ces filles de joie pleurent devant l'obscurité

Notre père qui êtes au cieux
Que mon nom soit sanctifié
Que mon règne arrive
Que ma volonté soit faite
Dans le sang et le fiel
Sur la terre comme au ciel
Caïn, ainsi soit t'il
Amen

  • Un texte noir au départ. On sens la présence, sous-jacente, d'un interlocuteur. Pourtant le texte nous parle de vous et indirectement de notre société qui semble vous tuer lentement. J'apprécie votre style.

    · Il y a plus de 6 ans ·
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    Beatrix Meule

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