Anne et Franck.

compteclos

Anne et Franck s'aimaient mais ne se comprenaient pas. C'était un vrai bazar ces deux-là. Dès qu'ils le pouvaient, ils se mordaient, se griffaient, se battaient. Leur amour était fait de ça. Leur amour était ça, même.

L'amour destructeur,l'amour violent. Encore plus violent qu'la passion. Cet amour là il vous prenait à la gorge,vous n'en pouvait plus. Il vous menaçait cet amour-là. C'était la mort qui pendait devant vos lèvres.

Anne, un jour, sous sa colère la plus noire, assomma Franck.

Franck, dans sa folie passionnelle, un soir, assena un coup de poing à Anne qui garda son œil au beurre noir durant deux semaines.

La violence du choc.

C'est comme ça que ces deux-là s'aimaient.

Anne, sous ses matins de printemps, enlaçait Franck dans leurs draps mauves.

Franck, dans ses nuits noires, faisait l'amour tendrement à Anne.

C'était la sensualité jusque dans la plante des pieds.

Leur amour était un oxymore.

Une douce violence.

Leur amour était un roman d'amour aux accents de thriller.

Leur amour était une rose chargée d'épines.

Leur amour était une nuit d'orage sans pluie.

Leur amour c'était la vie qui violait la mort.

Anne, quelquefois, dansait dans le salon, sur un tango qu'elle connaissait par cœur.

Franck, parfois, dans son bureau, dans ses innombrables papiers, sifflotait ses airs qu'il connaissait par cœur.

«  Anne ma douce Anne, j'aimerais te déshabiller de ta chair. »

«  Franck, mon amour, laisse moi te mordre jusqu'à ta moelle épinière. »

Des casseroles, des cendriers, des tableaux, et même les animaux, volaient.

Il ne fallait pas se trouver sur leur passage lorsque leur folie amoureuse les prenait.

Ils étaient dangereux.

Je savais qu'ils finiraient mal.

Pas loupé.

Anne et Franck se tuèrent mutuellement un soir d'automne, près de la cheminée.

Anne l'avait assommé, un coup de bûche. Lorsque Franck s'était réveillé il l'avait blessé à l'arme blanche. Alors Anne pour se venger, lui avait planté un de ses fameux stylo bic dans le cou. Les deux, cadavres en avalanches, étaient morts ensemble. Entrelacés près du feu.

C'était une histoire ces deux-là. Un vrai cataclysme.

Un cyclone pur.

Une tornade dévastatrice.

C'était la beauté du mal, la beauté de l'amour, la beauté dans le vice.

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