Another Plague : Prototype Alpha

Mathilde En Soir

Another Plague est un ensemble de séries ayant pour thème la science, l'expérience, et ses conséquences sur l'ère humaine. Voici la première série : Prototype Alpha.

 

J'ai toujours aimé caresser ses cheveux couleur ébène, et admirer ses yeux d'un bleu profond.

 22h55 … Je l'observe depuis longtemps, ce bel éphèbe allongé sur le transat. Il dort à poing fermés. Je n'ose pas le réveiller, la journée a été rude pour lui. Pour moi également. Il se pose mille et une questions, ça le tourmente depuis des jours. Alexandre est très nerveux. Mon ventre se tord quand je le vois ainsi. Je ne sais pas quoi faire. Si je lui dis la vérité, il serait capable de me haïr. Je tiens l'enveloppe que le centre m'a fait parvenir sur le dossier Prototype Alpha. C'est son dossier, où tout est inscrit, sa naissance, son évolution, son comportement, et ses capacités. C'est terrible de se dire qu'un simple bout de papier peut faire basculer une vie. Mais si je ne le lui donne pas, il ne saura jamais d'où il vient, ce qu'il est vraiment.

« Mademoiselle, l'accouchement s'est bien déroulé, le bébé Alpha semble se comporter normalement avec les bébés humains. »

« Est-ce que je peux le voir, s'il vous plaît ? »

« Il ne vaut mieux pas pour l'instant, nous devons procéder à de nouvelles analyses sanguines et à quelques radiologies. Nous avons détecté une anomalie sur l'un de ses chromosomes lors du troisième mois de grossesse. »

« Mais tout s'est bien passé, vous venez de le dire ! Ce n'est peut-être pas un bébé comme les autres, mais je l'ai porté pendant cinq mois dans mon ventre, et j'estime que j'ai le droit de savoir ce qu'il va lui arriver ! »

« N'insistez pas, je suis désolé, mais les prototypes ne peuvent pas voir leurs mères porteuses durant les premiers jours de naissances. C'est la règle. »

« Ecoutez-moi bien, sale chimiste de merde, vous vous croyez maître de la vie avec vos éprouvettes et votre costume d'apprenti géniteur. J'ai accepté votre projet avec toutes les contraintes qu'il imposait, j'ai accepté qu'on m'injecte votre produit pour le concevoir, et j'ai accepté de l'élever dans un environnement humain dans le cadre de l'expérience. Alors, je ne vais pas laisser vos quatre grosses brutes m'empêchaient de voir mon bébé ! »

Sales scientifiques, j'ai vu ce bébé une semaine après l'accouchement. Les chercheurs étaient aux abois, leur rêve de concevoir un être hors norme venait de se réaliser. Contrairement aux bébés humains qui n'avaient qu'une semaine, lui avait déjà l'apparence d'un bébé de quatre mois. Enfin, je pouvais le prendre dans mes bras. Il était beau, gracieux. Il l'est toujours. J'ai décidé de l'appeler Peter. J'ai toujours aimé les prénoms anglo-saxons.  J'étais heureuse de le présenter à mes amis, à Alexandre. Même si il était contre le fait, il a tout de suite joué le jeu de la famille unie que le protocole demandait. Pourtant, il n'a aucun lien de sang avec Peter, il ne l'a pas désiré, ni conçu avec moi. Il a dû se sentir dépassé par la situation, être père aussi jeune.

Aujourd'hui,Peter devrait avoir deux ans et être en train de gambader à quatre pattes sur le parquet du salon. Au lieu de cela, il a le physique d'un adolescent de quinze  ans qui dort profondément sur le transat, près d'Alexandre. Il est majestueux, me dépasse de 10 centimètres, et a probablement la force d'un homme adulte.

Qu'est-ce que je vais faire ?

A suivre ...

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