Another Plague : Prototype Alpha (4)

De toute sa vie, il n'avait jamais vu un tel comportement chez un humanoïde. Maître du Congrès scientifique, Karl Tennessee est reconnu dans le monde entier pour sa grande praticité dans le domaine de la robotique, et son caractère féroce. Il n'avait essuyé que très peu d'échecs au cours de sa carrière, et voir un être tel qu'Alpha se rebeller de la sorte le met hors de lui. Cela va inciter le gouvernement à mettre un terme au projet Another,un projet qui a été voté par les membres du Congrès et signé par lui. Il le sait, il va falloir à nouveau convaincre le haut de la pyramide. Dans ce pays, tout homme est libre de commettre n'importe quel acte, à condition qu'il préserve le pouvoir de la Nation. Il n'a pas encore abattu toutes ses cartes. Alors qu'il rumine dans son bureau suite au scandale de l'homme frappé par un prototype, trois hommes en blouse blanche se présentent devant lui, le visage sombre.

«  Monsieur Tennessee, vous avez demandé à nous voir ? »

« Docteur Parosson, avant de nous lancer dans d'inutiles explications, dîtes-moi, depuis quand vous êtes-vous mis à la disposition du Congrès ? »

« Cela va faire trois ans, Monsieur. »                                   

« Oui, et vous êtes un spécialiste des comportements déviants chez les humains, en particulier ceux exclus par sélection naturelle, n'est-ce pas ? »

« Oui, c'est exact. »

« Et vous, mes chers Richard et Samuel, deux scientifiques ayant pour recherche d'études centrale la neurochirurgie, vous êtes également des membres actifs du Congrès qui êtes à l'origine du projet Another ? »

« Oui. »

« Richard, je crois que c'était une mauvaise idée de venir. »

« Oh pas du tout, je suis très content de recevoir l'équipe des débiles au grand complet ! »

« Monsieur Tennessee, ce qui s'est passé dans le cabinet d'Othland n'était qu'un accident, le risque potentiel de rébellion chez un prototype est infime … »

« Infime, oui, comme votre aptitude à évaluer la conséquence de tels choses dans notre société ! J'espère que la mère porteuse, la française, n'a rien eu ... »

« Monsieur, les prototypes reconnaissent leurs mères, c'est un fait inné .Elles ne risquent rien. En revanche, comme l'a décrété le docteur Parosson, le prototype ne s'intègre pas aussi facilement. Ayant une partie de son patrimoine génétique aléatoire, qui est fonction de celui de la mère, il doit nous côtoyer pour qu'il s'intègre à son environnement. Le prototype grandit très vite, en ayant pour autant des limites comportementales. Il ne peut pas distinguer instinctivement le bien du mal. L'homme qui a été frappé a du le provoquer, ce qui expliquerait cette crise de démence, un acte qu'il considère comme normal…»

« Vous êtes en train de me dire Richard, que c'est normal si le prototype, je ne sais plus son nom … Alpha a battu un psychiatre, qui est aujourd'hui dans le coma ? C'est donc normal  si le Congrès se fait incendier par la presse internationale depuis hier, et c'est encore plus normal que le premier ministre crie au meurtre ?! »

« Je n'ai pas dit ça, mais reconnaissez que c'était de la folie de les laisser se balader librement dans la nature pour l'instant. Ce ne sont  pas des humains, ils ne peuvent pas comprendre ce que nous, nous comprenons ! »

« Vous affirmez délibérément dans votre rapport que les prototypes peuvent nous servir comme bon nous semble ! »

« Dans une limite, oui, ils le peuvent, mais Samuel et moi ne voulions pas qu'ils soient confrontés aux humains aussi rapidement ! »

«Nous ne pouvons pas continuer le massacre. Un communiqué m'est parvenu ce matin du membre Jokerick. Un des prototypes a tué accidentellement un agent du FBI, alors qu'il avait découvert que la mère porteuse était liée à un trafic d'organes. Ça ne peut plus continuer… »

« Quand aura lieu la prochaine réunion du Congrès ? »

« Demain soir, je vais être clair, et plus que jamais ferme sur la question. Vous allez arrêter les séries d'injection sur les femmes volontaires du projet jusqu'à nouvel ordre. Je vais quant à moi faire parvenir une note au premier ministre.»

« Une note ? »

« Tout individu étranger au protocole Another, qui tenterait d'entrer en contact avec un prototype, assumera la conséquence de ses actes. »

« Vous voulez les cloisonner ?! Je vous en prie ... »

« Vous voyez une autre solution ? Vous croyez être le mieux placé pour me faire la leçon ?! J'essaye de réparer vos conneries, alors que je n'ai fait qu'approuver votre étude au conseil d'administration ! Si vous avez envie de passer pour un guignol, voir un assassin, libre à vous, mais moi j'ai un sommet à maintenir ! Faîtes-moi parvenir touts les dossiers de mères porteuses ainsi que de leurs prototypes ! A partir de maintenant, ces choses ne mettront plus un doigt de pied dehors jusqu'à ce qu'ils soient en âge de servir le pays ! Je veux un suivi médical quotidien à domicile et une protection rapprochée dans chaque demeure ! »

« Mais, on ne peut pas faire ça ! »

« Vous, les petits rats de laboratoire, non, mais moi oui ! Aussi, Richard vous allez travailler avec Samuel dans la plus totale confidentialité sur un nouveau projet, Another L. »

« Et moi, qu'est-ce que je dois faire ? »

« Vous Parosson, vous allez rendre visite à cette teigne d'Alpha, les autorités l'ont enfermé dans un centre spécialisé. Ce n'est pas un homme, mais il fait preuve d'une certaine autonomie, presque humaine, qui m'effraie. Vous allez lui transmettre un petit message de ma part… »

A suivre ...