Anthropomorphisme.

Hervé Lénervé

Nos amis les arbres.

L'érable, c'est un arbre, oui ! Tout le monde le connait plus ou moins, c'est celui qui a des graines montées sur des ailes qui tourbillonnent dans sa chute. Elles s'écartent ainsi, au gré du vent, du pied de l'arbre où la chiche lumière réduirait sa probabilité de pousser à colchiques dans les prés. C'est celle-là, même, qui  vient toujours se semer dans votre bol de café quand vous prenez votre petit-déjeuner sur votre terrasse.

Il est quand même fort l'érable, alors qu'il n'a même pas de système nerveux, il s'est dit, je vais m'inspirer des hélicoptères pour disséminer mes graines le plus loin possible de moi, pour coloniser d'autres Pays et être l'arbre le plus puissant du Monde. Ah, il est balèze l'érable et ce n'est même pas un mélèze arable.

Dans la nature, bien d'autres astuces machiavéliques sont observables pour s'émerveiller des ingéniosités déployées pour perpétuer les espèces. Les exemples ne manquent pas et nous couillons de la Lune, nous fabulons sur ces trouvailles. C'est une déformation de la psychologie humaine de tout ramener à elle. Il ne nous viendrait pas à l'idée qu'il n'y a aucune organisation préalablement réfléchie pour permettre de telles inventions. En fait, le darwinisme l'a bien expliqué, tout ce qu'il est envisageable d'essayer, le sera dans le temps, seul les essais les plus pertinents seront retenus, les autres disparaitront, c'est basique.

Donc, plus d'anthropomorphisme pour s'extasier sur le chêne qui a soudoyé l'écureuil pour écarter ses glands du tronc. Comme c'est connu, l'écureuil avec sa petite tête de noisette, ne se souvient jamais de ses cachettes.

Allez, je cite un dernier exemple moins connu. Dans les forêts primaires, il n'en existe plus beaucoup sur Terre. Au Costa-Rica, on peut admirer des arbres gigantesques qui ont des nervures énormes en surface de tronc qui courent au sol pour s'y planter. Naïfs que nous sommes, en fait le tronc de l'arbre premier est mort, il était très haut et à ses pieds rien n'aurait pu pousser, alors l'inverse c'est produit. Une graine de fleur a été déposée à son sommet par un oiseau de passage. Elle a trouvé le soleil, l'énergie, sur la canopée, mais il lui manquait la nourriture, de l'eau mélangée aux molécules organiques pour se développer. Donc, elle a fait courir ses racines ridicules sur le tronc du géant jusqu'au sol, une descente vertigineuse. Puis avec le temps, pas mal de temps quand même, plusieurs siècles, ses racines sont devenues à leurs tours gigantesques Quant à l'arbre primitif qu'elle a phagocyté, la petite fleur, bé, il est mort en son ventre. Elle est devenue son cercueil. Voilà tout le remerciement qu'elle a eu pour son tuteur.

Sympa, non ? Alors là, si ce n'est pas de l'anthropomorphisme, ça !

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