Atteindre le rivage

La vie secrète des coquillages froissés sur le rivage, brisés de ressac, cette vie secrète respirée par les vagues. Son appel lancinant par la cloche de brume, sous le piédestal granitique du feu d'espoir, l'amer clignant de l'œil dans les étoffes cotonneuses. La vie sécrète ses poisons et ses offrandes, bercées au même ballet des houles essentielles, le flot épais qui engendra les premiers trilobites. La vie secrète, cristallisée dans l'arrondi de la vague, dans la carène mouvante du rouleau parfait, juste avant que sa force ne le rabatte sur lui-même, origami liquide toujours à replier ses fronces fuyantes. La vie se crée aux crêtes écumeuses, ainsi sous le soleil ardent, sous les étoiles éperdues ; sous les vents spermophores, annonciateurs des cohues vindicatives. La vie sécrète ses secrets indicibles où les nautiles fracassés narrent en friselis d'eau écoulée l'évasion des âmes décorporées, affamées d'étincelle. La vie, sur le rivage défait, secrétant l'esquive par ses blessures.