Au cinquième jour du printemps (2)

Frédéric Cogno

C'est bon..., je m'amuse, vagabond, polisson,

A mettre un petit doigt dans le doux écusson,

Léchouillant un enclos où le cloître est volière,

Ceint de lys orangés, lové de primevères,

Où je m'en vais piller de ma langue chercheuse,

Filons aurifères, pépites amoureuses...

Et toi, mon dieu! Oh oui! Experte aux mains de feu!

Tu t'es penchée gourmande aux soins méticuleux,

Sussurant des psaumes, si savants, si suaves,

Que ma sève montant comme un sirop d'agave,

Rejoint les promontoires au delà des oracles.

Ah! Que ta bouche vienne et que son réceptacle

Soit un jardin du Nil où butinent les anges,

Une source bénie au goût mangue et orange!

J'aime tes jeux de chat sur mon sexe brûlant,

Et l'assiette de lait, les jolis cornets blancs

De vanille et de crème avec l'ourlet de fraise,

Envient indécemment ces lapées sur mes braises.

Puis, en un sursaut vif, ma bouche à fleur de rêve,

Gorgée de fruits des bois, s'évertue sous tes fièvres,

A dompter ton solfège, ut intime et secret,

Tandis qu'à tes seins durs mes mains sont convoitées.

Ô tintamarre exquis de langues de sépale!

Ton sexe polyglotte est assis sur mes pales,

S'agite par brassées, expulse un jet farouche,

Et je reçois ce jus qui inonde ma bouche!

Mes narines liées à tes effluves folles,

Ont trouvé leur cachette au fond de ta corolle.

Filature de spasmes et de plaisirs piègés,

Tu invoques des chants, tu inventes grimée,

Des sons dont la moiteur est un soleil couchant,

Un abandon des mers au monoï miroitant,

Une vague qui meurt dans ses miasmes moussus,

Un peu de toi, qui sait? L'enfance interrompue?

Un récif, un azur, où siègent tes ancêtres?

Un souffle des abîmes exhortant tout ton être?

Mystèrieuse algèbre au creux d'un carillon,

Tu jouis quelques rimes à de frêles grillons.. 


A suivre...

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