Au cirque
mikkysophie
La file d'attente ne fait qu'augmenter derrière moi. Nina et Albin n'arrêtent pas de courir entre mes jambes. J'ai accompagné ma sœur car elle est parfois sujette à la coulrophobie. Moi, je n'ai jamais apprécié cet univers.
Lorsque nous rentrons sous le chapiteau, l'odeur âcre des bêtes se mélange à l'arôme sucrée de la barbe-à- papa et du popcorn. Une musique entêtante résonne sous l'habitacle. Deux ouvreuses pailletées nous souhaitent de passer un agréable spectacle en nous installant à nos places numérotées. Assise sur un banc en bois inconfortable à côté d'une vieille femme malodorante, je me demande encore ce que je fais là.
L'énorme tente se remplit rapidement. Le bruit est assourdissant puisque chaque enfant tente d'obtenir une gratification, sucreries, peluches, lumières phosphorescentes, on se croirait à la bourse de New York.
Les lumières superficielles s'éteignent alors attirant ainsi toute notre attention sur la piste centrale. Monsieur Loyal présente chaque numéro avec beaucoup de frénésie et d'exaltation. Je mentirai ouvertement si ma mauvaise foi prétendait que les artistes n'étaient pas excellents.
Presque une heure s'est déjà écoulée. Je commence à ressentir des picotements désagréables dans les jambes et j'espère qu'un entracte imminent me délivrera de mon besoin en nicotine.
- Mesdames et messieurs, j'espère que vous passez une agréable soirée en notre compagnie. Vous pensez avoir vu le meilleur, détrompez-vous, la magie ne fait que commencée. Le prochain numéro est unique au monde. Yevan Bozana vous propose sa haute voltige à plus de 10 mètres du sol sans filet, il tente de décroché la lune. Veuillez retenir votre souffle, YEVAN BOZANAAAAAAAAA.
Un halo bleuté illumine alors le haut du chapiteau. Tous les spectateurs applaudissent l'entrée du voltigeur mais le silence se fait rapidement. Je ne sais pas alors si cette nouvelle mise en scène provoque le même émoi pour chacun mais j'ai le souffle coupé.
Le battement de mon cœur résonne à l'intérieur de ma tête, martelant mes tympans sensibles. L'artiste descend à la verticale d'une corde à la force de ses bras. L'ambiance est tamisée, féerique, je ne vois que lui. Il porte une paire de collant blanc qui met son fessier et ses cuisses musclées dans leurs plus beaux avantages. Son torse est nu, dessiné comme un dieu de la mythologie grecque. Tous ses muscles sont au travail, tendus, fuselés. Ses abdominaux forment un quadrillage équilibré. Ses cheveux châtains foncés sont courts et denses, probablement mis en place par le geste répétitif d'une main, un parfait coiffé-décoiffé digne d'une sortie de jambes en l'air efficace. Son visage angulaire est mis en valeur par le maquillage artistique qui le recouvre. Il est recouvert d'une peinture blanche du front au menton. Comme s'il portait le masque de Pierrot, une larme noire est représentée sous son œil gauche. Losqu'il ouvre enfin les yeux, je suis surprise par la clarté de ses prunelles. Elles sont bleues claires, presque translucides, je suis absorbée par leur découverte comme une mie de pain dans la soupe. Je n'arrive plus à décrocher mon regard du sien. Du sien ?
Voila maintenant plusieurs minutes que je me noie. Il me transperce. Chaque fois qu'il se retourne face au public, il me fixe ardemment. Je me sens soudain liquéfiée. Mon cœur palpite rapidement, j'ai les jambes tremblantes et les mains moites. Qu'est-ce qui m'arrive ?
Sa gymnastique artistique est impressionnante et révèle une formation de haut niveau. Cet homme est un véritable athlète alliant une force et une souplesse phénoménale. Je suis subjuguée et je remarque que je ne suis apparemment pas la seule. Toutes les femmes de l'assistance sont hypnotisées par notre cher Yevan. Certaines sont mêmes proches de l'hystérie, criant son nom à travers la musique tsigane qui accompagne les balancements de l'acrobate le long de la corde. Mais celui-ci est absolument impassible et concentré.
Concentré sur moi. Je me sens très mal à l'aise. Je n'ai jamais attiré autant l'attention sur moi. Je suis une jeune femme de vingt- six ans banale, le teint pâle et les cheveux bruns légèrement ondulés, seuls mes yeux verts émeraude me distinguent. Je ressens de plus en plus le poids du regard de cet homme sur moi. Cela m'oppresse. Je feins alors à ma sœur une envie pressante pour fuir l'atmosphère étouffante du chapiteau.
Je me faufile le plus discrètement possible, enjambant les genoux et les petits pieds des enfants assis dans notre rangée.
L'air frais me cisaille le visage. Nous sommes en décembre et la brise ne fait qu'accentuait le froid de l'hiver. Je respire enfin. Je ne comprends pas ma réaction face à cet individu. J'allume ma cigarette et inhale la fumée comme une bouffée d'oxygène. Puis une deuxième et une troisième. Je ne me rends plus compte du temps écoulé mais je n'ai plus envie de rentrer à l'intérieur du chapiteau. L'idée seulement m'angoisse.1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Je compte jusqu'à dix afin de reprendre pieds. J'ai appris cette méthode en thérapie comportementale.
Je m'apprête à décamper lorsqu'une voix grave retentit derrière moi.
- Où vas-tu ?
Je le reconnais immédiatement. C'est lui. Il s'est démaquillé et à enfiler une veste zippée et un bas de survêtement mais il est reconnaissable entre tous. De plus près, son regard est absolument transperçant, difficile à soutenir. Mais je n'ai donc pas fabulé, il m'a remarqué parmi la multitude de spectateurs et de spectatrices en furie. Je préfère tout de même ignorer cette certitude
- Je rentre chez moi, pourquoi ?
- Je n'ai pas envie que tu rentres chez toi tout de suite, me dit-il en souriant.
Deux fossettes apparaissent aux creux de ses joues. Il est magnifique. Je n'ai jamais vu un homme aussi attirant de ma vie. Sa beauté et son charisme me pousse dans mon audace la plus retranchée.
- Ah oui, qu'est-ce que tu proposes alors ?
- Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi, je repars sur les routes ce soir. Je veux juste un moment avec toi.
Sa proposition a le mérite d'être honnête et ma culotte déjà trempée a le désir d'accepter.
Il me tend une main ferme et rigoureuse, probablement sculptée par les agrès. Il m'amène alors derrière le chapiteau jusqu'à une caravane qui doit être la sienne. A l'intérieur, juste un lit et une petite table à manger, rien d'autre. De quoi d'autre aurai-je besoin ? Il me regarde scrupuleusement sans dire un mot. Je suis envoutée, impressionnée, maladroite. Ses yeux me déshabillent. J'ai déjà l'impression d'être nue devant lui. D'un pas rapide, il se retrouve à quelques centimètres de mon visage. Je ressens le souffle de sa bouche, l'odeur de la résine allié à un parfum musqué envoutant. Je suis prise dans ses filets. Il passe alors une main dans mon cou écartant les quelques mèches de cheveux chatouilleuses. Ses lèvres douces et charnues descendent le long de ma clavicule puis remontent doucement derrière mon oreille. J'ai des frissons dans tout le corps et la chaire de poule commence à apparaître dans mon décolleté.
- J'ai eu envie de toi dès que je t'ai vu. Tu es si belle.
Son autre main descend le long de ma poitrine puis passe sous mon pull caressant mes hanches et mon dos. Il ôte ce barrage entre nous puis deux doigts passent sous les bretelles de mon soutien gorge. Il sort mon sein de son étroit fourreau et l'air frais qui effleure alors ma poitrine me dresse les tétons. Ses yeux sont avides de gourmandise. Il pousse un rauque de plaisir à la vue de mon excitation. Il a envie de moi, je le sens au plus profond de moi. Mon bas ventre se sert, j'ai des papillons de désir. D'un geste brusque, il défait le bouton de mon jean puis en descend la fermeture éclair. Il enlève à son tour sa veste et se retrouve de nouveau torse nu. Je ressens la chaleur de son corps, il émane une puissance bestiale. Son pantalon lui tombe sur les hanches accentuant le v de ses abdominaux, la direction vers la jouissance. Je passe ma main le long de ses côtes puis me dirige directement vers son entrejambe. Je baisse son pantalon afin de libérer son membre en érection, énorme, fier. Une goutte perle déjà au bout de son gland. J'ai envie de la lécher mais il s'agrippe à mes fesses et presse son appétit contre moi. Il passe alors sa main dans ma culotte complètement mouillée d'excitation. Il glisse deux doigts dans ma fente. Je vois ses yeux se refermer et sa bouche se pincer. Il respire rapidement.
-Tu es si douce, si prête pour moi, je ne tiendrais pas longtemps.
Il me porte alors sur le lit où il retire mon jean avec ma culotte, je me retrouve alors nue devant lui. Mon clitoris palpite, j'ai envie qu'il jouisse en moi, je le veux. Rien à foutre des préliminaires, je ressens un besoin inexplicable de l'avoir à l'intérieur de moi. Sans me quitter des yeux, il enlève son pantalon. Son sexe m'appelle. Je l'agrippe alors à mon tour et l'attire vers moi, au plus près de moi. Mon humidité est tellement conséquente qu'il me pénètre sans difficulté. Il commence alors des va-et-vient tantôt rapides, tantôt lents. De sa main libre, il caresse mon clitoris prêt à exploser. Je sens les palpitations de sa bite au fond de moi. Nous sommes connectés. Il ne me baise pas. Il me fait l'amour. Je n'ai jamais été amoureuse, je ne crois pas au coup de foudre. Il ne sait même pas comment je m'appelle. Tout mon corps commence à trembler, je ne sais plus où je suis, je ne sens plus mon corps, seulement la jouissance qui parcourt ma chair et mon âme. Il jouit à son tour et son visage s'écroule dans mon cou. Une larme coule de mes yeux. Il lève la tête et pose un baiser sur ma joue salée. Je crois que je pourrai l'aimer.
- Je n'ai pas beaucoup de temps, je reprends la route ce soir.
La sirène des pompiers et des ambulances couvrent à peine les pleurs des enfants et les cris de stupeur des adultes. Je me retourne. Il est allongé au centre de la piste. Son visage est tourné vers le mien mais son cou semble brisé. Ses yeux bleus sont grands ouvert comme s'il me voyait.
J'ai vraiment aimé!!! C'est la seule nouvelle de ce concours que j'ai lu avidement .... L'écriture est super fluide et agréable et l'histoire a du sens. La fin m'a surprise . Voulez vous bien lire la mienne, je pense qu'elle devrait vous plaire dans le style d'écriture . L'intrigante passagère
· Il y a environ 9 ans ·Chris D