Au Coeur Des Arts
aely
Prologue
C'était Halloween. Bien que depuis des années la fête du 31 octobre avait perdu de son ampleur, l'année précédent un bon nombre d'enfants s'étaient baladés dans les rues déguisés en monstres en tout genre afin de récolter un maximum de bonbons auprès des habitants, ce qui ravivait un peu la flamme d'Halloween. Ma petite sœur avait dû longuement insister pour pouvoir participer à l'événement elle aussi, et mes parents avait cédé à la seule condition que je l'accompagne. J'avais donc eu le droit à la gentille et parfaite petite sœur pendant plus d'une semaine avant d'accepter d'aller sonner aux portes avec elle à partir de 19h le soir. J'étais en pleine préparation de son costume : j'avais découpé des bouts de tissus que j'avais teinté avec du café en poudre pour leur donner une couleur d'usure et de vieillesse et je les ai cousu sur un tee-shirt et un pantalon blanc, une perruque rouge sang et du rouge à lèvre sur la figure et voilà que la petite Louisa s'était transformée en momie ! Elle ne tenait plus en place, impatiente de sortir dehors en pleine nuit pour découvrir les autres déguisements et rentrer à la maison son sac remplis de friandises. La journée était passée vite et nous avions eu le droit aux dernières recommandations de mes parents avant de partir à la chasse aux sucreries :
-Louisa, surtout obéit bien à ta sœur et toi Lucile, par pitié, ne lâche pas ta sœur d'une semelle !
Ma sœur et moi avons approuvé en chœurs que nous serions très prudentes avant d'embrasser nos parents et de quitter la maison. Nous vivions à ce moment là à quelques kilomètres de Nancy, dans une petite ville comme les milliers d'autres en France. Le déguisement de Louisa avait fait fureur dans le quartier et bon nombre de parents m'avaient demandé des conseils ! Nous avions mis deux bonnes heures à faire le tour du village avant de prendre le chemin du retour, la petite fière de sa récolte. Nous avions entendu la sirène d'un camion de pompier pas très loin d'où nous nous situions à ce moment là : il avait sans doute du avoir des débordements à une soirée étudiante... Nous étions arrivée dans notre rue lorsque nous avons avons aperçu la fumée noire et un camion de pompier entourer de personnes entrain de s'activer à éteindre le feu qui avait déjà consumer une bonne partie de notre maison. J'ai réussi à prendre Louisa dans mes bras afin de l'empêcher de courir vers les lieux en flamme. Elle hurlait après maman et papa. Moi aussi j'avais peur pour eux. Notre maison était dévastée, il ne restait plus rien. Le soulagement était immense lorsque je vis mes deux parents, dans les bras l'un de l'autre parlant avec un officier de police. J'accourrai donc, la petite dans les bras, vers la scène désastreuse qu'offrait ce soir d'Halloween.
1.
Nous vivions désormais chez mes grands parents dans le sud de la France, en attendant de reprendre pieds. J'étais inscrite dans un nouveau lycée et Louisa dans une nouvelle école. Ma petite sœur était vraiment malheureuse d'avoir perdu à la fois sa maison, tout ce qu'elle connaissait et ses copines d'école. C'était un grand bouleversement pour nous tous mais Louisa était vraiment très affectée, c'était difficile de lui remonter le moral ces temps-ci, mes parents l'ont même inscrite au théâtre pour tenter de la divertir et qu'elle se fasse de nouvelles amies. En analysant la situation, j'étais celle que l'incendie avait le moins perturbé : changer de lycée ne me déplaisait pas tant que cela étant donné que mon ancien établissement scolaire n'était vraiment pas terrible. Je n'avais perdu que deux mois de cours, ce n'était pas dramatique et tout à fait rattrapable. C'était juste un peu embêtant de débarquer dans une classe où tout le monde se connaissait déjà. J'avais plutôt du mal à m'intégrer dans les groupes déjà formés mais au fond je n'avais pas vraiment besoin de compagnie. Il n'y avait que deux choses dont je ne pouvais pas me passer : un carnet et un crayon. Voilà des années que j'écrivais tout un tas de textes différents, de la nouvelle au poème en passant par les lettres mais cela faisait seulement un an que mes textes commençaient à prendre réellement forme et à aboutir. C'était un moyen pour moi de libération totale, d'ancrer mes propres ressentis dans une fiction totalement différente de mon existence, en y mêlant à la fois vérité et imagination. J'adorais cela. Le grand avantage d'être chez mes grands-parents était que je dormais à l'étage. Ainsi je pouvais écrire le soir sur la terrasse lorsque le temps me le permettait. J'étais passée relativement inaperçue dans mon nouveau cadre scolaire et j'étais de ce fait plutôt satisfaite de mon intégration : j'avais sympathisé avec une fille de ma classe avec laquelle je suivais les cours et passais le temps lorsque je ne m'éclipsais pas pour écrire. Ce que j'appréciais chez elle c'était sa discrétion et qu'elle n'était pas du genre pot de colle, ainsi elle ne se vexait pas lorsque je disparaissait subitement pour m'isoler. J'avais trouvé l'endroit parfait pour composer : un endroit souvent désert situé à quelques mètres du lycée dans un petit parc, où une dalle en béton était laissée à l'abandon et me permettait de m'installer à l'écart des amoureux assis de temps à autre sur les rares bancs présents. Parfois, lorsque ma concentration et mon inspiration étaient interrompues et qu'en levant les yeux de mon carnet je voyais les couples de gens de mon âge, je réfléchissais à ma propre situation et me questionnais souvent : quand l'amour arrivera-t-il jusqu'à moi ? Et comment allait-il le faire ? N'étant jamais tombée amoureuse, beaucoup de questions me taraudaient l'esprit. Je n'avais pour ainsi dire jamais réussi à raconter une histoire d'amour dans mes écrits, pour la simple et bonne raison que je n'arrivais pas à me la représenter. Souvent mes textes portaient sur les troubles occasionnés lors de l'adolescence, les conflits familiaux, les difficultés scolaires et sociales, mais jamais rien d'affectif au sens profond du terme. C'étaient des sentiments que je n'arrivais pas à décrire, à mettre en forme autour d'une fiction. Je crois que j'avais besoin d'une réelle expérience pour pouvoir relater tout ce que j'éprouverais, et l'inspiration viendrait naturellement, comme elle le faisait toujours, sonnant à la porte de mon esprit et ne demandant qu'à s'étaler sur une feuille. Sans vouloir me l'admettre, j'avais peur de tomber amoureuse car la résultante dans beaucoup de cas était la souffrance : j'avais beaucoup à donné et peu de gens m'avaient rendu ce que j'offrais. Je n'avais jusqu'à présent écrit que de courtes nouvelles mais j'espérais un jour avoir l'inspiration nécessaire pour écrire un véritable roman, mais je savais que pour écrire un bon roman il fallait beaucoup d'éléments que je n'avais pas encore : une trame solide, des personnages et des lieux détaillés, des péripéties auxquelles on ne s'attend pas et beaucoup d'imagination ! Je n'avais malheureusement pour l'instant ni le temps ni l'expérience nécessaire pour mener à bien ce projet, mais je gardais cette idée dans un coin de ma tête pour le jour où j'aurais le déclenchement qui lancera la machine. J'avais terminé ma journée de cours et j'avais la chance de ne pas avoir cours le mercredi. Je ne sortais pas beaucoup, ou du moins pas comme la plupart des lycéennes qui font les magasins avec leurs amies. Moi, quand je sortais, c'était pour trouver un endroit inspirant, calme où je pourrais continuer à divaguer avec mon éternel crayon plume.
Voilà plus d'un mois que nous étions installé ici, et en ce mercredi matin, j'avais décidé de me poser dans un bois pas très éloigné du centre de la ville, lieu où j'allais souvent en rendant visite à mes grands parents. Il y avait une promenade au bord du fleuve où j'adorais écrire depuis quelques années car en général les personnes affluaient dans les rues et non dans ce qui se rapprochait de la nature. Le bruit de l'eau me faisais me sentir sereine, le bruissement des feuilles au vent me faisait m'évader, comme ci j'étais entrain de voyager, d'échanger la ville contre la nature à l'état brut, sauvage. J'entamais la description du courant d'eau en face de moi jusqu'à ce que je me rende compte de la présence de quelqu'un, de l'autre côté de la rive. Il y avait une fille accroupie au bord de l'eau, un carnet et un crayon à la main, à l'instar de moi. La situation me semblait comme surnaturelle : jamais je ne m'étais retrouvée dans une situation semblable, une situation miroir dans laquelle j'étais une protagoniste. On aurait dis que cette jeune fille aux cheveux roux flamboyant était un reflet de moi, à la fois similaire et totalement différente. Que pouvait bien faire cette fille ? Écrire ? Ce n'était pas impossible, pourtant j'avais l'impression que les mouvements du crayon sur le papier étaient trop rapides pour qu'elle soit entrain d'écrire, mais vu d'ici je ne pouvais être certaine de rien. Ayant cessé toute activité, et fixant la jeune fille en face de moi, celle ci s'était vite rendue compte que je l'observais et me fixait à son tour, mais d'une façon bien plus étrange que je la regardais moi, comme ci elle était en attendre. Mais en attente de quoi ? Je n'arrivais plus à reprendre mes esprits, ma concentration s'était envolée. Je ne pouvais m'empêcher de me questionner à propos d'elle, appelons-la M pour faire référence au mystère. Le temps avait tendance à me filer entre les doigts et je ne pouvais pas me permettre de renter trop tard sous peine d'être privée de sortie le week-end prochain alors il fallait que je parte en laissant cela derrière moi et sans plus m'attarder, je quittais ma place favorite pour regagner la civilisation. De toute manière j'avais perdu le fil de mon histoire. J'avais longuement réfléchis aux mouvements de M, sa posture, sa façon de faire glisser son crayon sur le papier. Les mètres qui nous avaient séparé m'avaient empêché de voir nettement ce qu'elle faisait. J'étais restée sur l'idée qu'elle écrivais, même si certes elle le faisait de manière suspecte, jusqu'à ce que je trouve enfin la réponse à ma première interrogation, et une fois l'énigme résolue, je me sentais affreusement bête de ne pas avoir compris cela de suite : elle dessinait bien sûr ! Ce qui expliquait son observation, sa posture accroupie pour être plus proche de l'eau dans le but de bien la dessiner, et surtout les vas et viens rapides sur le papier. Cela semblait plus qu'évident maintenant : sa main ne traçait pas des lettres, mais des traits. Je revoyais son expression de concentration maximal, prise d'un flot d'inspiration. Elle avait été magnifique. La plus belle des beauté était, à mes yeux, lorsque tout votre corps s'abandonne à l'art, à l'inspiration et à la création. Presque instinctivement, après le repas, je m'étais enfermée dans ma chambre et libérais mon esprit des émotions qui m'avaient submergé dans la matinée. Je décrivais la scène d'un point de vu interne, j'étais l'héroïne, elle était le personnage mystérieux, M, la dessinatrice. Je relatais cette sensation de reflet, de projection, de fusion artistique qu'il y avait eu pendant un instant entre M et moi. J'écrivais et elle dessinais, au même moment, au même endroit, dans une configuration spatiale symétrique. Je m'y étais penchée jusque tard le soir, décidant finalement de stopper mon élan pour me glisser dans le sommeil. Le lendemain serait un autre jour.
2.
J'étais plus qu'impatiente de terminer les cours. Je voulais retourner au bord de la rivière pour écrire. Même si je refusais de me l'admettre, j'espérais au fond de moi la retrouver, similaire à hier : majestueuse, artistique, sublime. J'avais envie de revoir son visage, l'expression de son corps. Je voulais qu'elle m'inspire encore, sans rupture. L'expérience vécue la veille avait été trop intense, trop productive et profonde pour en rester là. J'avais envie d'aller plus avant : il fallait que je perce le mystère et pour cela il fallait que je lui parle. Le fait d'engager une discussion allait me dévoiler beaucoup de chose. Quel était le son de sa voix ? Sa manière de s'exprimer ? Mais il n'y avait pas que le langage parler à prendre en considération mais également celui du regard, car un seul regard pouvait tout dévoiler d'une personne quant à sa personnalité, son caractère et surtout ses émotions. J'étais fascinée par elle et malgré mes efforts pour me concentrer, la même image me revenait en tête sans arrêt. La sonnerie annonçant la fin de la journée avait raisonné en moi à l'instar d'une cloche que l'on percute pour annoncer l'heure du repas alors que votre ventre crie famine depuis des heures. D'une certaine manière, j'avais faim moi aussi. J'étais arrivée à destination et je m'installais à l'endroit exact où j'avais écris hier. J'observais la rive en face de moi, cherchant des yeux M mais je ne la trouvais pas. L'évidence voulait qu'elle ne le serait pas car quelle était la probabilité qu'elle soit libre en même temps que moi et surtout qu'elle est ressentis la même chose que moi ? La réponse était : très faible, j'en étais consciente. Je sentais la déception mêlée à un certain énervement émaner de moi, accompagnés d'une frustration soudaine. Voilà ce qui arrivait lorsqu'on mettait trop d'espoir dans quelque chose de peu probable ! Tant pis, cela ne m'empêchera pas d'écrire au contraire, j'étais plutôt encline à écrire lorsque j'étais tant un tel état, emplie de mauvaises ondes. Le but à l'instant n'était pas de créer un chef d'œuvre mais de transmettre tous ces sentiments négatifs au papier pour ne pas les garder en moi, sinon j'exploserais à force. C'était mon remède aux maux de la vie, quels qu'ils soient. Mon écriture était brouillon et dynamique, la plupart des phrases que j'avais écrite n'avais pas de sens, mais elle représentaient mon état d'esprit. J'étais tellement transportée qu'il m'a fallut une bonne dizaine de minute pour sentir une présence à quelques mètres de moi. Je relevai là tête d'un seul coup, le regard rivé en face de moi sans pourtant rien y voir. Elle était là, à côté de moi, un sourire au lèvre, fière de ma réaction. Faisait-elle toujours irruption ou bien était-ce moi qui avait été trop absorbée pour remarquer sa présence ? Décidément, rien n'allait plus... Je rangeai mes affaires et lui proposais de s'asseoir sur le banc à côté de moi.
Désolé de t'avoir fais peur, tu semblais tellement transportée !
Était-elle entrain de se moquer de moi ou bien était-elle compréhensive ? Elle était elle même une artiste, et semblait être sensible à cela, alors je ne m'offusquais pas et je souris en lui répondant :
Ce n'est pas grave, j'aurais du être plus attentive aux bruits. Je t'aurais sans doute entendu
approcher.
Sa voix était divine. A la fois mélodieuse et teinté d'un côté obscure, d'un secret peut être. Le mystère était à son apogée. Il y avait quelque chose en elle d'unique et de réellement différent de toutes les autres filles avec qui j'avais eu un semblant de contact, je n'arrivais cependant pas à trouver ce que c'était. Alors que nous n'étions plus séparée par l'eau, je pouvais voir le magnifique bleu de ses yeux, reflétant son unicité et sa personnalité créative. J'étais à court de mots devant elle comme ça ne m'était jamais arrivé auparavant. Que se passait-il ? Mon ventre était totalement noué, ma gorge sèche et mes joues rosies. Après s'être présentée (elle s'appelait Alice), elle m'interrogea sur mon calepin. Je lui expliquai que j'écrivais depuis des années et que c'était pour moi un moyen de libérer à la fois mes émotions, tout ce que je n'osais ni dire, ni faire où même parfois penser moi-même. Que je me servais de mes héroïnes pour évacuer mes ressentis et qu'un jour j'espérais pouvoir relater une véritable histoire d'amour passionnée, partagée et romantique dont beaucoup de filles rêve de vivre mais que peu atteignent. Je commençais à me livrer à elle alors que j'étais d'un naturel secret et renfermée. J'avais cette impression d'ouverture, de respirer à nouveau ou peut-être bien réellement pour la première fois. Puis vint son tour de s'exprimer sur son art : elle dessinait, peignait et même parfois sculptait. Son art, tout comme le miens, était son moyen d'évasion, sa bulle. Nous avons passé plusieurs heures ici, à discuter de l'art puis de nos vies respective : je lui avais raconter l'incendie, mon arrivée ici, ma sœur et j'appris qu'elle était fille unique et était née ici, sans avoir jamais déménagée. Elle avait deux ans de plus que moi et avait commencer ses études de design. Elle était en totale harmonie avec son art, et ses études étaient également liées à sa passion. Personnellement, je savais que je ne voulait pas exercé dans le milieu artistique. J'avais peur de perdre la flamme qui s'allumait en moi lorsque j'écrivais, qu'elle s'éteigne sous la contrainte de rendre un écrit dans des délais fixés. En étant libre, j'écrivais uniquement sous l'inspiration et tout n'était que pure plaisir, sans aucune tâche noire pour noircir le tableau. Les heures défilaient et trop tôt le coucher du soleil sonnait l'heure des au revoir.
As-tu l'intention de revenir ici demain pour écrire ?
Je réfléchissais en vitesse à mon programme du lendemain : j'avais cours jusqu'à 17 heures et devais emmener Louisa à sa répétition de théâtre.
Non, je dois emmener ma sœur au théâtre, une autre fois ?
Elle ne semblait pas satisfaite de ma réponse, mais je devais vraiment partir. Je lui souhaitais bonne soirée avant de quitter la promenade. Je fus pourtant arrêtée au bout de cinq minutes par des pas au rythme de course derrière moi :
Dis moi à quelle heure te rejoindre devant le théâtre !
Plusieurs mètres nous séparaient déjà, et j'hésitais à lui donner une réponse, pourtant mon cœur le voulait terriblement. Il l'emporta sur la raison annonçant 18 heures au loin. J'eus comme réponse l'éloignement des pas, dans un rythme plus lent, plus décontracté : cette fois, elle était satisfaite.
3.
Il était 18h06. Louisa était entrée dans la salle de répétition où les petits s'activaient déjà pendant leur échauffement. J'attendais devant la porte comme convenue, sous une fine pluie d'octobre. L'automne était tombée sur le pays, l'humidité s'était installée dans l'air et le soleil avait diminuer d'intensité. C'était la pire saison de l'année.
Tu n'as pas l'air très heureuse d'être là !
J'avais sursauté, surprise de sentir d'un coup une présence dans mon dos, si près de moi en l'espace de quelques secondes. Voilà deux fois qu'elle me surprenait en arrivant furtivement sans que je l'entende avant qu'elle ne se fasse remarquée.
Je n'aime pas la pluie. C'est ton truc ça, de surprendre les gens !
Elle m'entraîna derrière le bâtiments dans un petite salle dont j'ignorais jusqu'ici l'existence. Elle m'ouvrit la porte et me laissa seule à l'intérieur pendant quelques minutes. C'était une toute petite pièce, sans fenêtres, dont la seule source lumineuse était une ampoule dépourvu d'abat-jour. C'était assez privée comme endroit et je doutais que beaucoup de personnes y passaient leur temps libre. Pourtant, j'adorais déjà cette salle ! Il n'y avait aucun bruit, aucun parasite, aucun élément perturbateur et peu de chance d'être dérangé par un nouvel arrivant. Certes, cet espace avait été laissé à l'abandon, mais avec un peu de rénovation et d décoration, il aurait toutes les qualités pour faire un super atelier ! Alice me rejoignit une autre chaise sous le bras afin d'accompagné les deux seuls meubles présents, c'est-à-dire un petit bureau et une chaise délabrée où elle avait déjà déposé ses affaires et m'invitais à faire de même.
Je te présente mon refuge. C'est ici que je me cache quand j'ai besoin de tranquillité pour peindre et dessiner. C'est mon sanctuaire artistique.
Elle ponctua ses explications d'un clin d'œil accompagné d'un sourire en coin qui en ferait chavirer plus d'un, ou d'une... J'avais toujours été attirée par les personnes du même sexe que moi, sans que personne ne le saches. Je n'étais jamais tombée amoureuse, seulement quelques palpitations lorsque je croisais le regard d'une certaine fille au collège, puis au lycée mais rien de plus. Aucun réel contact amoureux réel et partagé. Je ne savais pas grand chose d'elle et pourtant, elle me faisait ressentir quelque chose de différent de toutes les autres, une proximité inconnue. Ce sentiment fut décuplé alors que nous nous installions au bureau et qu'elle sortis de son sac un classeur qu'elle fis doucement glissé sur le bureau dans ma direction. J'hésitais sur ce qu'elle attendais de moi : que je le pousse plus loin, que je le mette en face de moi sans l'ouvrir, ou bien que je l'ouvre pour y découvrir le contenu. Son regard curieux, en attente, pesait sur moi et je décidais de ramener l'épais classeur pourpre devant moi et de soulever sa couverture rigide. Le classeur contenait des centaines de feuilles Canson sur lesquelles Alice avait passé des heures à s'exprimer. Son talent était indéniable et sa technique incroyable : elle donnait vit à ses dessins de telle sorte qu'on pourrait les confondre avec de vraies images. Je feuilletais chaque dessin, de plus en plus ébahis par la beauté et les sentiments que me procuraient ces chefs-d'œuvre. Il me fallut plus d'un quart d'heure pour arriver à environ la moitié du classeur où un dessin en particulier attira mon attention. La scène était splendide : elle avait représenté notre première rencontre à sa manière comme je l'avais fait à la mienne, mais de son point de vue. Elle avait laissé flotter l'atmosphère un peu irréaliste, peu commune qui avait planer au dessus de nos têtes ce jour là, en mettant l'accent sur sa curiosité, son attention particulière à ma personne. Encore une fois, je sentais une certaine harmonie entre nous qui se dégageait de nos productions car le même sentiment de mystère en dégageait. Tout comme moi, elle s'était interrogée, avait été bouleversée et avait ressentis le besoin de délivrer tout cela sur le papier. Je me rendis soudain compte de quelque chose qui m'avait échapper jusqu'ici : elle avait représenté le croquis qu'elle avait commencé ce jour-là et ce n'était pas l'eau qu'elle dessinait comme je le pensais au départ, c'était moi. L'idée qu'elle m'avait pris moi pour modèle ne m'avait même pas effleuré l'esprit au moment où je m'étais aperçue qu'elle dessinait. Alice voyait bien que je m'étais arrêtée sur ce dessin et elle se mis derrière moi, penchée par dessus mon épaule pour me détailler son dessin :
J'ai voulut mettre l'accent sur le fait qu'on était similaire à ce moment là, nous ne faisions qu'un, comme si l'eau était une sorte de miroir entre nous, que nous étions le reflet l'une de l'autre d'une manière vraiment étrange, magique, surnaturelle.
Je comprenais absolument son ressentis par rapport à cela, je l'avais moi-même exprimé dans mon texte. Elle m'avais fait partagé son univers artistique, il me semblait légitime de faire de même. Je sortis donc à mon tour mon calepin où étaient écrit mes plus beaux textes, au propre. Je l'ouvris à la bonne page et le lui tendait. C'était la première personne à qui je faisais lire un de mes textes, et de plus un texte qui la concernait. Une vague d'angoisse me traversait : et si jamais elle trouvait cela vraiment mauvais ? Je passerai alors pour la première des imbéciles et j'avais le choix entre m'enfuir en courant et en pleurant ou, m'enfuir en courant, en pleurant et en m'enfermant pendant des semaines, honteuse. Mon regard était plongé dans le sol et je n'osais même pas relever la tête pour jauger sa réaction. Je n'aurais jamais dû lui faire lire, bon sang …
Tu écris depuis longtemps ?
Pire que tout. J'allais lui répondre que cela faisait à peu près un an que je parvenais à aboutir mes textes, et là elle me donnera son avis. Sa question était loin de m'aider, au contraire, elle accentuait le sentiment de détresse très désagréable qui pesait dans mon ventre.
Seulement un an, concrètement...
Tu écris bien, c'est comme-ci nos esprits avaient communiqué c'est impressionnant !
Soulagement immédiat. J'avais eu peur de gâcher l'ambiance avec ce texte, mais finalement elle semblait encore plus rayonnante que toute à l'heure. Voilà qui dissipait ma frayeur soudaine et je redevenais calme, paisible et sereine. Finalement j'étais heureuse d'avoir surmonté ce moment : j'avais enfin quelqu'un avec qui partager mes écrits. Bien entendu mes parents ne savaient pas que j'écrivais, ils auraient trouvé cela stupide. Pendant qu'elle se mettait à lire d'autres textes, je continuais à observer de manière minutieuse ses croquis. Portraits, paysages, art abstrait, elle touchait vraiment à tout ! Je me souvenais avoir essayer de me mettre au dessin mais ç'avait été une véritable catastrophe. C' était très technique et ça demandait beaucoup d'entraînement, alors qu'avec l'écriture c'était différent car même si, bien entendu, pour pouvoir être publié il faut que votre texte remplisse un certain nombre de critères, écrire pour le plaisir ne comportait pas de contraintes : vous écriviez ce que vous souhaitiez et vous pouviez obtenir un bon résultat sans forcément travailler votre texte sous tous les angles. Je m'attardais une nouvelle fois sur un dessin représentant ici deux mains entrelacées s'en allant vers leur avenir, aimantes. Le dessin était d'une telle finesse et chargé d'une telle intensité émotionnelle que c'en était presque douloureux. Les sentiments dégagés par la scène étaient fabuleux : ils symbolisaient tous ceux que je n'avais jusqu'alors jamais ressentis. Je tâchais de garder tout cela pour moi, ne voulant pas partager mes sensations avec Alice, à quelques mètres de moi, absorbée dans mes textes autant que je l'étais dans ses dessins. J'en avais presque oublié ma petite sœur dans la salle à côté, sans doute entrain d'attendre que je vienne la récupérée. Lorsque j'étais avec elle, je perdais totalement la notion du temps. Je filais donc en quatrième vitesse devant la salle et je n'étais heureusement en retard que d'une dizaine de minutes. J'inventais une excuse à ma sœur comme quoi j'avais aider un chaton coincé derrière le bâtiments pour éviter qu'elle raconte tout à nos parents. Elle était admirative de mon geste et voulait elle aussi voir le chaton. J'avais du prétexté qu'il s'était enfui juste après que je l'avais libéré pour qu'elle me suive pour rentrer à la maison.
4.
Alice était absente tout le week-end. J'étais allongée sur mon lit, le regard en l'air entrain de réfléchir. Nos échanges me revenaient par brides mais une image en particulier ne cessait de me revenir à l'esprit : le dessin des mains jointes des deux jeunes filles. J'avais constaté que les deux mains étaient fines, avec des ongles bien taillés et plus longs que ceux qu'aurait un homme. J'en avais ainsi déduit, sans aucun visage, que ces mains appartenaient toutes les deux à une fille. C'était sans doute pour cette raison que ce dessin m'avait frappé : il m'avait dévoilé beaucoup de choses sur elle sans qu'elle s'en aperçoive. En me remémorant les ombres du croquis, les sentiments que j'avais éprouvé la première fois me parcouraient à nouveau, comme un rappel. Mon corps m'intimait d'écrire, de décrire ces sentiments. Je me suis installée à mon bureau, pris une feuille et j'ai commencé à écrire ma première histoire sentimentale. Je m'inspirais énormément de ma rencontre avec Alice, notre harmonie quand nous partagions nos productions, nos échanges quels qu'ils soient... Jusqu'au moment où je perdis le fil, comme ci j'étais soudainement bloquée. J'avais le sentiment qu'il me manquait quelque chose afin de poursuivre l'histoire, sans trouver ce qu'il me fallait. J'ai passé le reste du week-end sans écrire une seule phrase, mais en réfléchissant à la cause de ce trou noir. Le manque d'inspiration ne pouvais pas provenir de mon moral qui était au beau fixe. Je me questionnais sans arrêt, explorant toutes les pistes pour retrouver mon imagination, sans succès. J'ai finis par retourner à la source de mon inspiration, et réalisais que pour cette histoire, c'était sans nul doute le dessin d'Alice qui avait engendré le début du texte. Peut-être alors qu'il fallait que je continue à puiser la suite de mon histoire dans d'autres dessins. Il me fallait donc attendre le lendemain pour lui proposer un nouveau projet : elle dessine, et je m'inspire d'elle pour écrire.
Elle était à l'heure, souriante entrain d'ouvrir la porte de notre Quartier Général artistique. La petite salle était devenue notre endroit, c'était ici que nous passions désormais le plus clair de notre temps, à discuter et partager. J'adorais ces moments où rien ne nous retenait, ne nous déstabilisait, ne nous touchait. Il n'y avait que nous, juste elle et moi. Je profitais qu'elle s'était interrompu dans son croquis en cherchant une autre feuille pour lui expliquer ce qui s'était passé le jour précédent :
-Je n'ai pratiquement pas écrit du week-end. J'avais commencé à écrire par rapport à un de tes dessins, mais après quelques pages j'étais comme bloquée.
Elle m'interrogeait quant au dessin, à l'histoire et ce à quoi je voulais que l'histoire aboutisse. J'étais cependant incapable de répondre à cette question. Je pense que je ne voulais pas que cette histoire aboutisse, je ne voyais pas encore de fin ni heureuse ni tragique. Il me fallait raconter encore plus de choses pour pouvoir, peut être, envisager de terminer le récit. Elle ne comprenait pas où je voulais en venir, j'allais devoir être explicite :
-Je pense que mon remède tiendrait dans un autre dessin.
C'est avec un sourire en coin qu'elle pris sa feuille et commençait à dessiner : ainsi débutait une collaboration artistique unique.
Nos échanges se sont enchaînés pendant trois semaines, jusqu'à ce que ma toute première histoire sentimentale s'achève. Pour l'occasion, Alice m'avait invité chez elle, ses parents étant partis voir de la famille elle avait la maison pour elle toute une semaine. La petite maison était très bien décorée et je soupçonnais fortement l'influence d'Alice. Je déposais l'imprimer de la nouvelle sur la table du salon et fut surprise de me retrouver nez à nez avec elle lorsque je me retournais. Nous n'avions jamais été aussi proche l'une de l'autre et le silence accentuait l'hésitation de l'instant. Je faisais le premier pas et approchais mon visage du sien, déposant un baiser sur ses lèvres timidement d'abord, jaugeant sa réaction. Je sentais ses bras autour de moi et ainsi notre baiser dura un moment. C'était un aboutissement logique de ce que nous avions partager ensemble et nous rentrions ensemble dans une nouvelle phase. Après ça, elle me retourna et sans que je m'y attende, noua autour de mon crâne un foulard noir, obscurcissant ma vision et me guida dans une autre pièce. Elle me murmura dans le cou en y déposant un léger baiser :
-Tu me fais confiance ?
Je n'arrivais pas à sortir un son, j'acquiesçais tout de même. Mon rythme cardiaque était déjà plus rapide que la normal mais mon cœur s'affola encore plus alors que je sentais les mains d'Alice retirer mon t-shirt. Des frissons me parcouraient au contact de ses mains sur ma peau au fur et à mesure qu'elle retirait mes vêtements un à un, ne laissant que mes sous-vêtements. Je sentais la chaleur de la maison sur tout mon corps, et Alice s'agitait dans la pièce à quelques mètres de moi. Alors que ma vue était obstruée, mon ouïe était donc plus attentive mais je ne pouvais exactement définir d'où les sons provenaient et ce qu'elle était entrain d'organiser tout autour de moi.
Elle se positionnait enfin devant moi avant de me prévenir que j'allais avoir un peu froid. En effet un petit cris de surprise m'échappa lorsqu'elle commença a étaler une texture liquide sur moi à l'aide d'un pinceau aller souple qui me chatouillait. Elle était entrain de peindre sur moi. Je ne me rendais pas compte du temps, l'expérience était exceptionnelle et je savais que j'allais relater mes moindres sensations dans un texte prochainement. J'ignorais combien de temps j'étais restée immobile mais lorsqu'Alice s'arrêtait de peindre, et qu'elle me libérait du bandeau sur mes yeux, la nuit était entrain de tomber. Elle semblait satisfaite et m'enlaça, mettant au passage de la peinture sur ses propres habits. Elle m'entraîna à sa suite dans la salle de bain où elle avait commencer à faire couler un bain.
5.
Les deux semaines qui s'étaient écoulées avaient été les plus merveilleuses de toute ma vie. Jamais je n'avais autant partager avec quelqu'un : sincérité, amour, passion. Chaque minute que nous passions ensemble nourrissait notre communion autant artistique que personnelle. Nous étions confinées dans notre bulle, personne d'autre que nous ne savait ce qui se passait et c'était tellement génial ! Un soupçon de mystère et un arrière goût de dangerosité à l'idée de se faire prendre la main dans le sac, où plutôt nos bouches l'une contre l'autre, quelques secondes par-ci par-là lorsque nous n'étions pas confinées dans notre QG. Le seul bémol était le mercredi, le samedi et le dimanche, jours de la semaine ou je ne pouvais pas la voir car ses parents comptaient aux valeurs familiale et exigeait sa présence au domicile parental. Heures que je redoutais à chaque fois que nous nous quittions avant d'être séparées pendant ce laps de temps. Alors pendant ce temps-là, moi je m'occupais comme je pouvais. Bien sûr j'étais incapable d'écrire car, sans elle, j'étais privée d'inspiration comme un poisson or de l'eau agonisant. J'allais tantôt me balader dans les ruelles, tantôt faire des courses pour mes parents. Aujourd'hui j'avais décidé d'aller me promener du côté du théâtre, endroit où d'habitude je n'allais qu'en compagnie d'Alice. J'étais d'humeur nostalgique et j'allais profiter de son absence pour faire un peu de rangement et de nettoyage dans notre petite salle. Nous avions vraiment transformer l'endroit en un véritable petit cocon nous insufflant sécurité et discrétion. Un petit système de fermeture était disposé sur la porte pour que seuls ceux en possession de la technique pouvaient ouvrir la porte, ainsi seules nous avions accès. Il commençait encore à pleuvoir et je me dépêchais d'arriver au niveau de la porte pour me mettre à l'abri. Lorsque j'ai essayé de mettre en marche l'ouverture, je aperçue que la porte n'était pas verrouillée : elle était donc à l'intérieur. Pourquoi ne m'avait-elle pas invité à la rejoindre dans ces cas-là ? Je poussais donc la porte :
-Coucou toi, je pensais que tu étais séquestrée chez toi avec tes pa...
Le spectacle en face de moi m'avait littéralement couper net. J'ignorais comment réagir face à ce que je voyais. Comment étais-ce possible ? Comment avait-elle pu ? C'était carrément impensable. J'étais sûrement dans le sommeil entrain de délirer après avoir trop travailler sur mes maths. Je ne voyais pas d'autres explications... Je pensais à ce comment là que l'image d'Alice dans les bras d'une autre allait me hanter toute ma vie. Je lui avais tout donné, je m'étais offerte de la façon la plus totale qui soit à elle et elle avait tout détruit en une fraction de seconde. Le plus difficile c'était le doute, et l'image que tout ce que nous avions n'était qu'un mensonge. Même si en soi, cela ne faisait qu'un mois que nous nous connaissions, j'avais tout partager avec elle et je croyais en notre histoire. On dit qu'on oublie jamais son premier amour, mais au fond ce qu'on oublie jamais, c'est notre première peine de cœur car c'est la plus violente.
Je n'avais même pas la force de crier, de m'énerver ni de déverser ma colère sur Alice et la fille dont j'ignorais tout d'elle. J'étais dévastée, j'avais à peine la force de tenir sur mes jambes. Tout s'était effondré. Je ne sortis pas un seul son alors que je reculais et m'enfuyais loin de tout ça, loin d'Alice, lui laissant mes illusions et mon cœur brisé alors que sa voix m'appelait, me suppliant de revenir.
Les premières vingt-quatre heures furent éprouvantes : après avoir été furieuse contre elle, j'étais aujourd'hui terriblement en colère contre moi-même, de m'être attachée aussi vite, d'avoir laisser mes sentiments me guider et m'abandonner pour me retrouver là aujourd'hui à ne plus savoir comment je m'appelle. La douleur était trop fulgurante, j'avais al partout, tellement mal. Mal au ventre à cause de mes spasmes incessant, mal à la tête à force d'avoir pleurer jusqu'à n'en plus pouvoir et mal au cœur, lacéré entrain de cicatrisé. Je n'adressais plus la parole à personnes, mes parents étaient inquiets comme jamais, pourtant j'étais incapable de les rassurer, de leur expliquer. Je leur avais seulement demander de ne pas appeler le médecin, de ne prévenir personne, juste d'attendre, comme moi, que ça s'en aille, quoi que ce soit.
Très bien écrit et décrit cet Amour tout en finesse Artistique
· Il y a presque 7 ans ·prisonnier
Très agréable à lire, cette histoire, cette découverte amoureuse, qui lie ces deux jeunes filles, dont le fil conducteur est le dessin pour l'une, et l'écriture pour l'autre. C'est par l'art qu'elles se révèlent timidement leur amour. Très original, même si cette fin imprévisible à la lecture laisse un pincement au coeur.
· Il y a environ 9 ans ·Merci lilyhel pour ce beau texte très bien écrit.
erovasion
Vous décrivez très bien, et en nuances, cet amour de son début à sa fin. Et, parce que tout amour, de quel sexe fut-il, produit les mêmes sentiments, les mêmes effets, il est inconcevable et stupide de faire une différence entre qui aime qui !
· Il y a plus de 10 ans ·astrov
Merci pour ce commentaire qui fait chaud au coeur ! Tout le monde devrait penser comme vous :)
· Il y a plus de 10 ans ·aely