Au détour d'une ruelle

abyssale

Joyd plissa les yeux sous les timides rayons matinaux, son nez se retroussant légèrement face à son inconfort. Il secoua doucement la tête avant de se mettre en marche pour sa balade quotidienne, complètement décontracté dans cette immense métropole. Ça faisait bien 4 ans qu’il vivait ici, et les ruelles étroites d’Istanbul n’avaient plus aucun secret pour lui. Il s’y déplaçait comme un poisson dans l’eau, avec aisance et flegme. Il les avait arpentées un nombre incalculable de fois et il s’y sentait vraiment chez lui. Quelques personnes le saluèrent avec un sourire lors de son voyage vers le Grand Bazar.  C’était vraiment un de ses endroits préférés de la ville, même si les odeurs lourdes des épices et des poissons lui donnaient souvent la nausée. Il se promena tranquillement, flânant ici et là, observant les étales parfois avec le désintérêt le plus total, d’autres fois avec des étoiles dans les yeux.  Mais bien vite il se lassa de l’endroit et sortit, sa tête tournant un peu à cause de toutes ces effluves mélangées. De plus, les grandes allées blanches n’allaient pas tarder à se remplir de badauds et de touristes curieux. 

Ses pas le menèrent dans le parc de Fatih, petit coin de verdure traversé par deux immenses boulevards en béton. Il aimait bien y faire un tour de temps en temps. Istanbul était une magnifique ville, mais bruyante. Ce havre de paix miniature était vraiment une bénédiction. Il grimpa précautionneusement sur les escaliers rendus glissants par la rosée et s’installa confortablement sur un petit talus herbeux, s’étalant complètement dessus. Il resta longtemps à cet endroit, profitant simplement des bruits étouffés de la ville, ainsi que du vent glissant sur lui et du soleil qui réchauffait doucement l’atmosphère. Il sursauta en entendant un drôle de grondement parvenir à ses oreilles. Il se redressa, regardant autour de lui d’où pouvait provenir un tel son. Il eut vite sa réponse en sentant son estomac se tordre. Il se leva et décida de se mettre en chemin pour trouver de la nourriture ou, plus simplement pour rentrer chez lui. 

 

Il arriva bien vite dans son quartier, souriant doucement en voyant la vieille Nene lui faire un signe de bienvenue. Elle caressa sa tête avant de lui proposer un peu d’eau. Il accepta avec plaisir, sa gorge se faisant sèche à force de vadrouiller un peu partout. Il lui offrit un regard reconnaissant avant de repartir vers son chez lui.  Il poussa un petit soupire de plaisir en reconnaissant la façade de sa maison, et il n’eut pas le temps de signaler sa présence qu’Ajda lui ouvrait la porte. Il ronronna presque de contentement et la suivit jusque dans la cuisine, son estomac criant de plus en plus famine. Il sauta quasiment de joie lorsqu’il remarqua qu’elle préparait du hamsi , son plat préféré. Il poussa  un petit cri de ravissement lorsqu’elle posa l’assiette devant lui et ne prit pas plus de temps pour déguster ce chef-d’œuvre. La jeune turque lui offrit un sourire plein de tendresse et gratta amoureusement entre ses deux oreilles rousses. Joyd termina son repas et sauta sur les genoux de sa maîtresse en ronronnant comme un pacha bien heureux qu’il était. 


Abyssale. Avril 2012.  

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